Vigg (Vincent Gagnon) est un auteur, illustrateur et sculpteur autodidacte né à Ottawa en 1972. Après des études en science politique, en littérature et en anthropologie, il découvre l’illustration en 1998. Son travail primé est publié dans de grands journaux tels que le Washington Post et le New York Times. Vigg s’intéresse à la traduction de concepts complexes et invisibles en images compréhensibles. Depuis 2011, il a écrit et illustré une vingtaine de livres pour enfants, principalement au sein du duo d’auteurs jeunesse Bellebrute. En 2020, son album autobiographique Ma maison-tête (publié aux éditions Fonfon) connaît un vif succès, tant auprès du public que des médias. Ce livre est actuellement en voie d’être adapté en série animée. Il vit et travaille dans le village de Saint-Denis-sur-Richelieu.
Comment s’est déroulée la création de ce livre ?
Je voulais réaliser cette histoire depuis plusieurs années. Je me suis toujours senti différent, tantôt dysfonctionnel, tantôt beaucoup trop fonctionnel, mais toujours différent. Quand j’étais enfant, c’était de l’ordre du mystère, tel un fardeau psychologique, invisible de l’extérieur. Dans Ma maison-tête, ce petit garçon, constamment bombardé par tous les stimulus qui l’entourent, grandit dans les années 1970 et 1980. À cette époque, la notion du trouble du déficit de l’attention (TDA) n’est pas une réalité. L’intelligence est constamment remise en question à travers les embûches d’une éducation malheureusement mal adaptée. L’estime de soi en prend plein la tête. Je ne voulais pas écrire le discours d’un adulte par la bouche d’un enfant. C’est pour cela que j’ai emprunté l’approche sensorielle de quelqu’un qui expérimente pleinement sans encore tout comprendre. L’image d’une tête comme une œuvre architecturale à la fois apaisante et anxiogène m’habitait depuis l’enfance et offrait de belles possibilités visuelles. Une fable oubliée devant la classe, des personnages imaginaires, une maison, une tête. Ça n’a rien d’héroïque ou d’extraordinaire, c’est simple et accessible. Pour moi, c’était important de rester proche de ma propre expérience, de revisiter ma propre enfance. Raconter le particulier pour toucher à l’universel.
Quel message vouliez-vous faire passer ?
Je veux qu’on y voie une œuvre sensible et accessible sur le droit à la différence. La mienne, mais aussi celle des autres. J’ai comme objectif de toucher autant ceux qui la vivent de l’intérieur que ceux qui voient leurs proches en souffrir. Ceux qui veulent apaiser, encadrer et valoriser, mais qui ne pourront jamais savoir précisément de quoi il s’agit. Coucher des mots et des images pour les inviter à entrer, ne serait-ce qu’un instant, dans la tête d’un enfant qui ne demande qu’à comprendre et être compris malgré ses défis.
///
Un extrait de Ma maison-tête
