
Voilà, au goût de votre humble chroniqueur, une des saisons les plus belles au Québec, car elle est remplie d’espoir, même si les pelouses restent parfois couvertes d’un fin manteau blanc. Et c’est aussi une des saisons les plus agréables pour faire de longues marches, les écouteurs vissés sur les oreilles.
D’ailleurs, on écoute quoi, au printemps? Parce que oui, il arrive souvent que l’énergie de certains morceaux — ou même de disques complets — s’harmonise avec l’ambiance extérieure. En cette période de renaissance, il faut chercher des airs lumineux, mais encore un brin tristes. Une atmosphère plus douce qu’aigre, un mouvement porté par un vent encore frais. Il faut un rythme, mais pas du rythme. Plongez dans votre discothèque. C’est ce que nous avons fait pour vous offrir ces quelques propositions de chansons.
FRED FORTIN: «10 $»
C’est probablement le titre le plus fort d’Ultramarr, le dernier album du vétéran de la scène alternative d’ici. La pièce «10 $» possède un rythme plus proche de celui du vélo que de celui du moteur, et donne envie de laisser filer un long soupir de bonheur. Il y a même quelque chose de pétillant dans les petites notes de clavier qui se montrent le bout du nez ici et là, comme des étoiles dans nos oreilles.
JIMMY HUNT: «NOS CORPS»
Le printemps, c’est aussi l’éveil des sens et des pulsions, réchauffés par un soleil de plus en plus ardent. Sur ce morceau, Hunt et ses musiciens couchent une trame répétitive, sensuelle, portée par une ligne de basse bien ronde et pas trop rapide. Le titre est relancé à mi-parcours par une guitare funk aussi évocatrice que rigolote.
PHILIPPE B: «CHEVEUX COURTS, CHEVEUX LONGS»
Le disque Ornithologie, la nuit, d’où est tirée cette pièce, fait le tour des saisons, alors gardez-le pas trop loin. Mais sur «Cheveux courts, cheveux longs», la langueur des cuivres évoque un soleil s’élevant dans le ciel, et la guitare arpégée rappelle les glaçons qui fondent sur les gouttières.
ANDREW BIRD: «DANSE CARIBE»
Ici, c’est le violon du musicien américain qui porte cette énergie de transition chère au printemps. Les glissandos, joués dans les aigus, rappellent les oiseaux qui reviennent. Même que le chanteur sifflote sur cette chanson folk aux accents caribéens.
JÉRÔME MINIÈRE: PETIT COSMONAUTE
Un album au complet, tiens. Sur ces pièces datant de 2002 — qui ont fort bien vieilli —, Minière adopte une attitude délicate, un peu naïve, métissant un folk lent et des rythmes électroniques. Mention spéciale à «L’existence est simple» et «La fonte des glaces».
ALT-J: «SOMETHING GOOD»
Le trio de rock anglais alt-J offre sur «Something Good» une musique d’abord tendue, nerveuse, mais éclairée par un lumineux refrain, qui procure une bonne dose d’adrénaline au cerveau. La suite enjouée donne envie de marcher sans fin sur les trottoirs, sans destination, en suivant les feux verts.
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En salle
LES FRANCOUVERTES
Le concours-vitrine Les Francouvertes se poursuit dans les prochaines semaines. Depuis février, 21 artistes de la relève sont montés sur la scène du Lion d’Or, à Montréal, pour montrer de quel bois ils se chauffaient.
Du lot, seulement 9 seront des demi-finales, du 17 au 19 avril, toujours au Lion d’Or. Comme le veulent les règles des Francouvertes, ils ont été choisis à parts égales par le public et un jury composé de membres de l’industrie musicale.
La grande finale se tiendra le 8 mai, cette fois au Club Soda. Parmi les précédents vainqueurs, notons Les Hay Babies, Philippe Brach, Les Sœurs Boulay et Bernard Adamus.
Cet article a été publié dans le numéro de mai 2017 de L’actualité.