
Cette rencontre insolite n’est pas sans rappeler celle, miraculeuse, du chanteur flamenco gitan Diego El Cigala avec le patriarche du piano cubain Bebo Valdez, en 2004. Cette fois, c’est l’héritier, Chucho, ce véritable géant au sourire si doux, qui accompagne la plus fougueuse et la plus sanguine des voix féminines que le genre andalou ait connues, celle de Concha Buika. À la fois trop sage et terriblement passionnelle, cette œuvre de contrastes ménage un équilibre parfait entre deux mondes. Sous la supervision éclairée du réalisateur et guitariste Javier Limón, on a mis de l’ordre dans les partitions et de l’eau dans le vin. Le boléro, les rengaines mexicaines se laissent écouter avec plaisir, mais cette voix nègre des Baléares qui met le cap à l’ouest fait de cet album quelque chose de brûlant et d’unique.