En librairie: Tremblay, Simard et Nelson

Les loups et les fantômes rôdent dans les romans proposés ce mois-ci par Claudia Larochelle.

L’habitude des bêtes, par Lise Tremblay, Boréal, 168 p.

Dans ce nouveau roman fort attendu de Lise Tremblay, qui habite désormais Saint-Fulgence, la fiction n’est pas si loin de faits réels qui secouent certains coins du Québec prisés pour la chasse et où les loups se rapprochent des humains. Certains veulent les chasser, d’autres non, comme dans cette histoire qu’elle a imaginée autour de personnages desquels émanent des réflexions sur la peur, l’amour, la mort. Vérité et force brute dominent, à notre grand bonheur.

Ici, ailleurs, par Matthieu Simard, Alto, 128 p.

Un couple s’installe dans un étrange bled après la mort de son unique enfant. Est-ce possible de recommencer ? C’est avec cette prémisse qu’on retrouve la plume de Matthieu Simard, qui a conservé sa fascination pour le passage du temps, ce qui nous échappe et, aussi, le destin. Un bijou un peu triste, mais épatant.

Une partie rouge, par Maggie Nelson, Éditions du sous-sol, 224 p.

Elle n’était pas née, en 1969, quand sa tante Jane a été tuée. Cette affaire irrésolue a hanté la vie de Maggie Nelson, Américaine qui a grandi avec le fantôme de cette défunte. C’est quand sa mère lui a annoncé qu’un nouveau suspect était dans la mire des policiers et qu’elle a assisté au procès-choc de cet infirmier à la retraite qu’elle a écrit ce récit, une sorte d’hommage à celle qu’elle n’a jamais rencontrée, tissé de pensées fascinantes sur ceux qui nous quittent brutalement. (.)

« Chaque fois qu’une photo apparaît, je la regarde brièvement, ouvrant puis fermant mes paupières comme des clapets. Ensuite, je regarde un peu plus longtemps, puis encore un peu plus, jusqu’à ce que mes yeux supportent de rester ouverts. […] On a le temps de s’habituer. Et le pire, c’est qu’on s’habitue. »

-Tiré du roman Une partie rouge