L’éruption en 2010 du volcan islandais Eyjafjallajökull occupe une place particulière dans votre roman.
Il y a ce passage dans lequel le ciel de Reykjavík devient noir au beau milieu du jour en été à cause des cendres poussées par le vent en provenance du sud… C’est arrivé pour de vrai et c’était impressionnant. Je me suis servi de ces images pour créer mes atmosphères. Étant donné que l’Islande vit tous les jours avec la vision de ces volcans actifs, sa population est consciente des dangers de la nature, qui peut être aussi belle que cruelle.
Nátt signifie « nuit » en islandais. Pourquoi est-elle si importante ?
À Siglufjörður, où mon action se déroule, le soleil disparaît derrière les montagnes plusieurs mois en hiver. Les gens ont appris à vivre dans le noir, ce qui rend le quotidien fascinant ; vous imaginez ce qui peut se produire à l’insu de tous…
Selon vous, pourquoi y a-t-il autant d’auteurs en Islande par rapport à sa population ?
L’Islande a une importante tradition littéraire datant de sagas écrites aux XIIIe et XIVe siècles. Cette richesse s’est perpétuée au XXe siècle quand Halldór Laxness a remporté le prix Nobel de littérature. Et si le polar a la cote, c’est beaucoup grâce à Arnaldur Indriðason, célèbre auteur de romans policiers qui a montré que ça pouvait se faire même dans un pays très paisible. Je pense justement que ce contraste plaît particulièrement.
Vous avez traduit de l’anglais vers l’islandais de nombreux romans d’Agatha Christie. Quel est le plus grand défi dans cette entreprise ?
La traduction de son roman Le couteau sur la nuque, un de ses derniers livres, m’a demandé passablement de travail. Ça a été plus ardu parce qu’il s’agit d’une histoire dont l’énigme réside dans les nuances de la langue anglaise, précisément… J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à la manière de faire avec justesse les ajustements langagiers de ce roman très particulier. Mais c’est d’abord une tâche très agréable.
Cet article a été publié dans le numéro d’août 2018 de L’actualité.