Entretien avec Janette Bertrand

Janette Bertrand signe le roman Avec un grand A, qui raconte l’histoire d’une famille bouleversée par la découverte de la bisexualité du père.

Ceux nés avant les années 1990 se souviennent sans doute des dramatiques L’Amour avec un grand A, diffusées sur les ondes de Radio-Québec (devenue plus tard Télé-Québec). Il n’y a pas une semaine qui passe sans que leur célèbre auteure, Janette Bertrand, se fasse demander d’en réécrire. À défaut d’effectuer un retour au petit écran, c’est avec un livre qu’elle revient aux sources : un roman intitulé Avec un grand A, l’histoire d’une famille bouleversée par la découverte de la bisexualité du père.

À 92 ans, comment faites-vous pour rester en accord avec l’époque actuelle ?

Le fait d’avoir enseigné pendant 20 ans, jusqu’à l’année dernière, et d’avoir huit petits-enfants, dont je suis très proche, me garde dans le coup. La bisexualité est un sujet qui est revenu à quelques reprises dans des conversations avec eux. Il faut dire aussi que je lis tout, j’ai une grande curiosité.

Est-ce vrai que la bisexualité représente encore pour certains une orientation sexuelle floue ?

Tout à fait. Certains vont jusqu’à penser que c’est un mythe ! Et pourtant, la bisexualité, comme l’homosexualité, n’est pas un choix. Dans mon livre, un homme tombe amoureux d’un autre homme. Ce n’est pas juste une histoire de sexe, comme certains le prétendent quand il est question de bisexualité.

Des termes comme queer, trans, bispirituel ou pansexuel, qui sont de plus en plus présents dans l’actualité, doivent vous inspirer…

Oh oui ! Il y a une grande ignorance sexuelle en ce moment. C’est pour ça qu’il faut aller sur ces terrains. Il y a trop d’informations qui circulent et qui ne viennent pas nécessairement des meilleurs endroits. Je pense à la porno, par exemple, qui déforme la réalité. Il faut en parler, sinon, ça crée du refoulement et de la détresse, voire des suicides chez des gens qui ne se retrouvent nulle part dans toutes les idées reçues.

Vous arrive-t-il encore de douter de vous ?

Mais bien sûr ! Je sais que je suis une privilégiée, que j’ai toujours eu plusieurs flèches dans mon carquois : animation, écriture, enseignement, interprétation ; bref, je me suis démenée parce que je suis une fonceuse et que je ne tiens rien pour acquis. Malgré tout ça, j’ai encore et toujours des doutes sur la façon dont mon travail sera reçu par les gens… Je me croise les doigts.

 

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Vous exprimez comme suit : » voire des suicides chez des gens qui ne se retrouvent nulle part dans toutes les idées reçues. »

Hors le suicide n’est pas le résultat de personnes qui ne se retrouvent pas mais bien de personnes qui sont austrocisé « mises à l’index » par les soi disants « straight » qui les pointent du doigt à chaque occasion qu’ils ont.

C’est un type de racisme qui a toujours eu de l’importance dans notre société au même titre que tout type de « non straight » dont l’étymologie du mot porte ses racines entourant tout ce qui est « déviant ». Vous connaissez la chanson. Elle a peu évolué depuis les années 70.

Le racisme est une recherche de « supériorité » envers les autres, rien de moins. Cette notion s’apparente au narcissisme fondamental relevant de la psychiatrie et non d’un narcissisme qui n’est qu’une déviance créé par l’environnement et vient prendre sa racine lors de la fin du primaire ou début du secondaire.