
Retourner aux sources et rendre les œuvres vivantes sont les missions que s’est données le chef belge René Jacobs, et elles sont accomplies dans cet enregistrement d’Idoménée. Le premier chef-d’œuvre dramatique de Mozart est moins connu que Così fan tutte, ayant pâti de sa réputation d’opera seria inspiré de l’Antiquité – l’après-guerre de Troie, en l’occurrence. Mais Jacobs joue la carte du drame humain – Idamante, fils du roi Idoménée, promis au sacrifice, est sauvé par l’amour d’une femme ennemie -, souligné par son orchestre de virtuoses. Il sert la version imaginée par le compositeur, mais que Mozart dut abréger pour pallier les lacunes des chanteurs lors de la première. Rien de cela ici : Richard Croft se tire avec honneur des airs d’Idoménée, Bernarda Fink campe Idamante avec prestance et émotion, l’Électre d’Alexandrina Pendatchanska est électrisante. La guerre de Troie a eu lieu, c’est comme si on y était.