
Nous sommes en quelque sorte devenus des amis, Yéhouda et moi. J’aimais perdre mes journées en sa compagnie. Rien n’était sérieux avec lui. Il ne travaillait qu’occasionnellement, et moi, j’étais en congé, comme une adolescente qui sèche ses cours. Le garçon juif me rendait délinquante. Nous ne faisions rien de grave, mais le seul fait d’être ensemble me rendait spéciale. Un hassid venait regarder des films chez moi : quel bonheur. On se parlait souvent au téléphone. C’était toujours lui qui appelait le premier. Il égayait ma vie : Yéhouda riait beaucoup. Une nuit sur deux, le pieux dormait chez moi. Il s’émerveillait de toutes les petites choses nouvelles qui passaient sous son nez. Comme des bulles de savon, ses expériences avec moi lui éclataient au visage. Et il jubilait. Je lui avais mis de la boue sur les paupières. Depuis, il voyait.
La suite dans le livre…