En mars dernier, le site pornographique PornHub annonçait le lancement de sa première campagne de publicité nationale à grand déploiement.
La totale : des publicités photo et vidéo, appelées à être diffusées partout dans l’espace public. Par contre, puisqu’elles seront à la vue de tous, PornHub s’est donné pour défi de concevoir des publicités non pornographiques, mais suffisamment rusées pour rejoindre leur auditoire, sans «heurter les sensibilités».
Pour ce faire, un appel aux soumissions du public a été lancé. Au mois de mai, les meilleures 15 propositions ont été mises en ligne, et depuis ce temps, le public est appelé à voter pour sa pub préférée. L’auteur de la soumission gagnante remportera le contrat de direction créative pour ladite campagne.
En regardant les propositions finalistes sur Tumblr, forcément, on sourit un peu. Franchement, les allusions sont subtiles et originales. Et surtout, les publicités proposées rompent complètement avec les codes esthétiques de la pornographie tels qu’on les trouve sur des sites comme PornHub.
Rien de racoleur, de coquin ou d’hypersexualisé. Au contraire, les photos sont sobres et léchées, avec des infographies épurées et à la mode, et des palettes de couleurs qui s’apparentent à celles qu’on voit dans les magazines de décoration et d’art de vivre… Et surtout, un message généralisé : la porno, tout le monde en consomme.
Alors, pourquoi s’en faire ? Entre adultes «rusés», avertis et consentants, où est le malaise à promouvoir la consommation de pornographie comme celle qu’on trouve sur PornHub ?
La porno, nous dit-on, pourrait être intégrée sans gêne à la norme de consommation de l’acheteur lambda, et être publicisée en conséquence. Pourquoi s’offusquer d’une telle campagne, alors que la consommation de pornographie est généralisée et, surtout, inoffensive ? Pour autant qu’on ne souille pas les yeux des enfants, dans l’espace public, il n’y aurait aucun souci…
Mais une question s’impose : peut-on vraiment faire la publicité d’un site pornographique comme PornHub de la même manière qu’on promeut un yogourt probiotique ou une paire de souliers de course ? Autrement dit : jusqu’à quel point peut-on indifférencier les biens de consommation, quant à la manière dont on les met en marché ?
Le fait qu’on cherche à éviter de «heurter les sensibilités», en trouvant un moyen détourné et «humoristique» de promouvoir les contenus diffusés sur PornHub, témoigne du fait qu’on reconnaît bel et bien l’existence d’un certain malaise face à la porno ; un malaise qui aurait, présume-t-on, quelque chose à voir avec la pudeur.
Or, au-delà de la pudeur, il y a surtout, dans la promotion «grand public» de la pornographie, la banalisation excessive de contenus qui véhiculent des normes corporelles et sociales pathologiques, ainsi qu’une vision foncièrement patriarcale de la sexualité. Car si la consommation de pornographie est pratiquement la norme, on aurait tort de passer sous couvert le fait que les contenus eux-mêmes — en dépit de leur popularité manifeste — ne véhiculent pas une conception «normale» de la sexualité.
Au contraire, la pornographie en véhicule une image complètement déshumanisée. Elle chosifie les corps, édicte des critères esthétiques barbares et, à travers ses pratiques et mises en scène, cautionne et renforce des stéréotypes genrés délétères.
Ainsi, force est d’admettre qu’un minimum d’esprit critique devrait s’imposer lorsque vient le temps d’en faire la publicité. Et attention : par esprit critique, il n’est pas question ici de l’impératif de pudeur grotesque qui retient les créatifs de PornHub d’annoncer carrément leur site avec un gros plan sur une double pénétration.
Il s’agirait plutôt de prendre acte des problèmes éthiques profonds que renferment les contenus pornographiques, et de la nécessité de ne pas les promouvoir bêtement avec l’argument de la «normalité». Car si l’on s’aventure sur ce terrain, on éclipse dangereusement les critiques fondamentales qu’il faut adresser à l’industrie de la pornographie.
Évidemment, on peut refuser de condamner en bloc la consommation de pornographie. Mais on aurait tort de refuser de se pencher sur les problèmes éthiques, moraux et politiques sous-tendus par cette consommation, en cautionnant sa commercialisation aveugle.
Et lorsqu’on se contente de «rigoler» devant la campagne orchestrée par PornHub, ou d’applaudir à toute cette «belle créativité», c’est précisément ce qu’on fait. On se contente d’accepter, collectivement, que la consommation de porno en ligne constitue en effet la «norme», et que le seul critère valable pour juger de la légitimité de ce type de consommation est la popularité des contenus mis de l’avant.
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Aurélie Lanctôt est diplômée en journalisme à l’UQAM et étudiante en droit à l’Université McGill. Pour lire ses chroniques pour Urbania, c’est par ici. Pour la suivre sur Twitter, c’est par là.
La question de la retenu des homme sur leur libido, etre ou ne pas etre ,valoriser on ne pas valoriser la masturbation,evidament une societe ouverte au besoin de tous et du sexe libre non consomer….donc amour libre mais plus de masturbation,donc moins de vrai sexe!Evidament par categorie d age les dames ouverte apres 30 ans pourrait facilement satisefaire leur homme sans pour autant que ceux-ci veulent fonctioner au dela de leur capacite moyenne c est dire 2 ou 3 fois semaine,mais la retenu pour 2 fois semaine assurent de meillieur erection et un fonctionnement physiologique normal,dans mon cas particulier je ne comprend pas cet engouement pour la porno et sexualite car je consomait avant la mode donc depuis 1984 et puis j ai des hormone libido tres superieur a la mmoyenne ,car dans la vie il y a des petite buveur qui boivent tout croche et des gros buveur propre,le gout pour le porn d aujourd hui pour c est que c est plus avilisant et sale que les annes 80-90,donc plus c est sale plus on aime,merci pour tout les desaxer!
Tous les hommes consomment de la porno, à quelques exceptions près. Plus les bourgeoises refusent les galipettes, plus les hommes se tournent vers la porno. Ainsi, les bourgeoises peuvent respirer en paix et les hommes se contentent comme ils peuvent, parfois mieux devant un écran qu’au lit. L’Internet remplace tranquillement les bordels…
Je trouve votre commentaire très juste et intelligent. Je crois que ce serait une erreur lourde de conséquences pour les valeurs de notre société si,en prenant la justification au droit individuel de consommer de la pornographie en ligne car SUPPOSÉMENT ça ne dérange personne( il n’y a qu’à regarder l’impact sur la sexualité des jeunes qui essaient de se conformer aux critères qui y sont exposés!) si des balises ,des limitations n’étaient pas imposées de façon à ,disons, encadrer le tout non pas pour préserver le sens de pudeur( qui est vu malheureusement aujourd’hui comme une sorte de tare mentale…) mais pour préserver ce que j’appellerais les valeurs de dignité humaine qui commence grandement à être dégradées dans nos sociétés si on ne regarde qu’au niveau de l’utilisation des jeunes filles dans les gangs de rue par exemple…..
c’est vraiment dégoûtant et immoral – tant qu’à faire, ils vont faire du recrutement envers nos jeunes filles??? J’ai honte de faire partie d’un peuple qui supporte ceci.
Chère Madame Lanctôt,
Vous parlez de « norme » comme d’une chose bien « sale ». Et pourtant ce qui est étrange c’est que votre article entier le reflète: la norme de l’opinion sur la pornographie.
Personellement, je suis une femme et grande amatrice de pronographie. J’ai une vie sexuelle épanouie et des plus agréables. Quand j’ai lu le titre de l’article j’avais hâte qu’on me dise des choses nouvelles sur la pornographie.
À la fin de l’article, je suis restée sur ma faim.
Avez-vous réellement une opinion sur la pornographie? Est-elle la vôtre ou l’avez-vous empruntée à d’autres è défaut d’y avoir réfléchi? Combien d’heures de porno avez-vous consommé? Si c’est quelque chose qui ne vous attire pas plus qu’il le faut, pourquoi ne pas avoir fait parler quelqu’un qui s’y connait?
Je parle isi bien sûr, ici, de votre travail de journaliste.
J’ai une petite demande pour vous. Pouvez-vous la prochaine fois, essayer d’ajouter du contenu à un titre raccoleur? Merci d’avance.
Pascale Marcotte
Moi je me masturbe chaque jour sur de la porno, ça prend 15-20 min pis c’est fini. Ça me fait du bien. Je ne vois pas où est le mal / la controverse là dedans. Je préfère le vrai sexe avec une partenaire, mais si elle ne veut pas ou si j’suis célib, je m’arrange avec de la porn.