«Attendez de voir sa maison », m’avait dit Nicole Saint-Jean, son éditrice. Pour cela, il faut quitter Montréal, puis avaler 30 km en direction nord. À Blainville, classée en 2019 par L’actualité en tête du palmarès des villes où il fait bon vivre au Québec, les érables de Pennsylvanie ont des allures de bonsaïs devant les forteresses de banlieue. Dans l’une d’elles, imposante sans être la plus grandiose, vit une grand-mère de 68 ans qui vient de recevoir un bien mauvais diagnostic.
« Le fond de ma piscine s’affaisse », soupire Louise Tremblay d’Essiambre, la porte d’entrée à peine refermée. « Dans le pire des cas, ça va me coûter 100 000 dollars. » Soit 10 fois le revenu annuel moyen d’un auteur au Québec : 9 169 dollars, incluant les redevances, les droits de reproduction et toutes autres sommes provenant d’activités connexes telles que les conférences ou les animations, selon un sondage mené en 2018 par l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) auprès de ses membres.
Cette tuile a perturbé l’avant-midi de celle qui préfère être appelée « écrivain » ou « auteur sans e », mais surtout pas « autrice », un terme qu’elle abhorre. « Je n’ai écrit que 500 mots. » C’est-à-dire 1 000 de moins que sa production matinale habituelle. Trois mois lui suffisent pour envoyer chez Guy Saint-Jean Éditeur un pavé de 500 pages. Une discipline olympique qui porte ses fruits.
Louise Tremblay d’Essiambre lance cet automne son 50e roman, un nombre impressionnant, certes, mais qui ne rend pas compte de son entière production. « J’ai aussi publié un recueil de nouvelles et le récit-témoignage d’un jeune homme paralysé à la suite d’un terrible accident de la route, précise mon hôtesse en préparant le café. En tout, c’est 52 livres. » Et selon Nicole Saint-Jean, qui jure sur l’honneur ne pas gonfler les chiffres de vente — pratique répandue dans le milieu, dit la rumeur —, plus de 2,5 millions d’exemplaires ont trouvé preneur, dont environ 60 000 en Europe francophone.
Derrière ce phénomène d’édition régnant sans partage au Québec, une femme délicate en apparence seulement ; une survivante de la bactérie mangeuse de chair qui affronte depuis 12 ans une dégénérescence maculaire ; une forte personnalité qui dit les choses comme elles sont (« Mes enfants le savent, mon argent, je le dépense, ils n’auront pas une maudite cenne ») et qui se fout d’être taxée d’excentrique ou pire en assurant « parler » aux personnages qu’elle invente, qui lui répondent et qu’elle « voit » la nuit à l’occasion. « Ils m’indiquent souvent la voie à suivre, c’est pour ça que je ne fais plus de plans. » Un partenariat qui fonctionne plutôt bien.
Déclinées en multiples tomes (12 pour la série Mémoires d’un quartier), ses sagas historiques squattent les palmarès depuis deux décennies. Au cœur de ces récits : des femmes. Il y a Alexandrine, l’épouse d’un pêcheur-bûcheron dans le Charlevoix miséreux de 1880. Julie, une jeune ambitieuse qui prend le voile en 1929. Blanche, une mère hypocondriaque, alcoolique et dépressive dans le Montréal bourgeois des années 1930. Cécile, 18 ans, pas mariée et enceinte en 1942…
« Louise rend hommage à celles qui ont façonné le Québec, sans lesquelles on ne serait pas là », estime Claudia Larochelle, journaliste littéraire et animatrice. « Elle-même a un côté battante, on pourrait même dire d’une autre époque, avec ses neuf enfants… Je me demande vraiment comment elle a fait. »
Cette question, tout le monde se la pose. Tout le monde sauf la principale intéressée, qui s’étonne de l’étonnement qu’elle suscite. « J’ai tendance à procrastiner facilement », dit-elle, très sérieuse. Il est plus facile de la croire quand elle affirme : « C’est vrai que j’ai toujours voulu une grosse famille. »
Ce sont les femmes « d’un certain âge », dixit Louise, qui font la queue à son kiosque aux salons du livre. Qui pour un autographe, qui pour une confession : « Vous avez raconté ma vie… », « C’est arrivé à ma sœur… »
Adoptée à sa naissance, comme sa sœur cadette, elle a grandi à Québec. Leur père était comptable et leur mère, artiste peintre dans l’âme, reine du foyer dans la réalité des années 1950. L’aînée avait cependant d’autres desseins. « J’ai commencé des études d’infirmière en rêvant de devenir chirurgienne, j’ai même été acceptée en médecine, mais papa a refusé de payer mes études, il n’en voyait pas l’intérêt. » À 18 ans, Louise convole avec son amour de jeunesse. À 30 ans, elle a six enfants. Deux autres suivront avant que le couple n’éclate. De son premier mari, Louise l’écrivain conservera le nom de famille ancestral, d’Essiambre, « pour [se] distinguer des 75 Louise Tremblay qu’[elle] connaît ». À 48 ans, fraîchement remariée, elle donnera la vie une fois encore.
Alexie a aujourd’hui 20 ans, et la voici qui entre dans la cuisine moderne et immaculée ouvrant sur la fameuse piscine. Lit-elle la prose maternelle ? « Oh non ! », murmure la petite dernière, une grande timide qui file aussitôt dans sa chambre. « Alexie n’a pas le temps, elle est aux études », l’excuse sa mère, qui peut déjà compter sur un vaste lectorat majoritairement féminin. « Ça va de 16 à 97 ans, d’après les courriels et les messages que je reçois sur ma page Facebook. » Mais ce sont les femmes « d’un certain âge », dixit Louise, qui font la queue à son kiosque aux salons du livre, de Montréal à Paris en passant par la Côte-Nord et La Sarre. Qui pour un autographe, qui pour une confession : « Vous avez raconté ma vie… », « C’est arrivé à ma sœur… »
Un homme aussi peut se sentir interpellé, proteste Roger Turcotte, 67 ans, agent manufacturier de Lévis. « Ses livres me rappellent des histoires que ma mère me racontait », dit ce grand voyageur toujours accompagné d’un bouquin. Sa conjointe apprécie également les romans signés Louise Tremblay d’Essiambre. « Moi, je les ai tous lus. »
Le Français Daniel Compère, qui a supervisé la rédaction du Dictionnaire du roman populaire francophone, abonde dans le même sens. « Le plaisir qu’apporte la lecture des sagas de Louise Tremblay d’Essiambre est celui d’une identification à des personnages qui vivent autrement, dans un autre temps. Cette époque étant peu éloignée, l’identification des lecteurs, et surtout des lectrices, à ces personnages se fait facilement », explique celui qui est également maître de conférences à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. « L’attachement tient aussi au fait que ce sont des sagas et que, d’un livre à l’autre, on en retrouve des personnages et des échos. »
Louise Tremblay d’Essiambre n’est évidemment pas seule dans ce créneau. Rosette Laberge, France Lorrain, Suzanne Aubry, Anne-Marie Sicotte, Mylène Gilbert-Dumas… la concurrence est féroce. Une poignée d’hommes jouent aussi des coudes. Dont feu Michel David (non, pas le chroniqueur politique) et Daniel Lessard (oui, l’ex-journaliste politique), qui en a étonné plus d’un sur la colline du Parlement avec les tribulations de sa rousse Maggie.
Contrairement à d’autres auteurs, Louise Tremblay d’Essiambre ne revendique pas le titre d’historienne dilettante. À une exception près : la rédaction de sa trilogie sur la Deuxième Guerre mondiale, qui se déroule au Québec et en Europe, de 1939 à 1947, l’a laissée exsangue. « Avant d’écrire sur les camps de concentration, t’as pas d’autre choix que de te documenter. Sinon, je ne fais pas beaucoup de recherches. » Si elle invente les noms de villages (ne cherchez pas l’Anse-aux-Morilles), c’est justement pour ne pas avoir à vérifier si le maréchal-ferrant était accolé à la mercerie en 1932 à Saint-Clément-des-Laurentides (idem).
Sa force réside ailleurs, clament ses admirateurs. « Elle a une capacité exceptionnelle à décrire les émotions et les sentiments de ses personnages, leur intériorité », estime Michèle Barry, une sexagénaire de Québec, qui en connaît un brin sur le terrain des émotions et de l’intériorité : elle a été psychologue pendant 25 ans.
Même si on ne prise pas ce type de littérature, on peut reconnaître à l’écrivain un je-ne-sais-quoi qui s’apparente à un don. « Ça se passe […] dans le talent de conteuse de l’auteure : on avale les pages à une vitesse folle », écrivait en 2013 dans Le Devoir Danielle Laurin, alors critique littéraire. Une petite fleur précédée par le pot : « Pas question ici de s’attarder aux qualités strictement littéraires de l’ouvrage. […] Aucune innovation dans la forme… »
Louise Tremblay d’Essiambre croit avoir hérité de ce talent de son père adoptif, un comptable qui savait conter. « Et c’est ma mère qui m’a appris à écrire à l’âge de cinq ans. Je n’ai pas arrêté, ça fait donc 63 ans que je noircis du papier, c’est d’instinct. Oui, je sais écrire. »
Dans l’industrie du livre, Louise Tremblay d’Essiambre vaut de l’or. Et elle en est parfaitement consciente.
Avec une légion de lecteurs vient une lourde responsabilité. « Même si je travaille seule, dit la romancière, il y a des centaines de milliers de personnes derrière moi que je me dois de respecter. Je ne peux pas dire n’importe quoi n’importe comment. Je pense tout le temps aux madames de 90 ans qui vont me lire et je ne veux pas les heurter. »
Ainsi, bien qu’elles soient rarissimes, les scènes d’intimité exigent un doigté particulier. Dans le tome 1 des Sœurs Deblois, par exemple, une femme frigide succombe momentanément aux plaisirs « dégradants » de la chair :
Mais lorsqu’elle vit le sexe de son mari, tendu, immense, elle eut un instant d’hésitation. […] Ce soir, elle irait jusqu’au bout et même plus loin. Alors, repoussant Raymond jusqu’au lit, elle murmura : « Non, ne te couche pas tout de suite. Je veux te… »
Pour la suite, faites appel à votre imagination ou à vos souvenirs.
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Dans l’industrie du livre, Louise Tremblay d’Essiambre vaut de l’or. Et elle en est parfaitement consciente. Abuse-t-elle de son pouvoir ? « Non. Mais quand quelque chose ne fait pas mon affaire, je ne me gêne pas. » Un exemple ? « Il y a quelques années, la maison d’édition a décidé que je n’avais plus besoin de publicité, car j’étais assez connue. Pourtant, mes ventes baissaient, à cause de la concurrence. Alors, j’ai dit à l’équipe : “Vous allez doubler la publicité, s’il vous plaît.” » Et voilà que sont apparus l’écrivain-vedette et sa dernière livraison sur un immense panneau-réclame à l’entrée du pont Jacques-Cartier, à Montréal. « Généralement, quand elle nous demande une chose, on la lui donne. Louise n’arrête pas de dire qu’elle nous sera toujours fidèle », précise Nicole Saint-Jean, présidente de Guy Saint-Jean Éditeur et fille aînée du fondateur.
C’est d’ailleurs Guy Saint-Jean qui, en 1984, a reçu dans son bureau une jeune femme de 31 ans décidée, ambitieuse et pressée de se faire publier, au Québec bien sûr, mais aussi en France, pourquoi pas ? Elle lui avait envoyé un manuscrit de 400 pages rédigé la nuit et sitôt les enfants partis pour l’école, dans des cahiers Canada. « Je les mettais au congélateur, qui les aurait protégés en cas de feu. » Le tournesol (réédité sous le titre La fille de Joseph) récoltant un beau succès, une tournée de dédicaces a été organisée. « Mais mon premier mari voulait une femme qui reste à la maison, vouée à sa famille et à lui. C’est ce que j’ai fait. » Dix années passeront avant que son deuxième roman n’atterrisse chez son éditeur, qui ne l’espérait plus.
Triste hasard, le décès de Guy Saint-Jean, en 2005, coïncide avec la naissance du « phénomène » Louise Tremblay d’Essiambre. Lancé deux ans plus tôt, le premier tome d’une tétralogie, Les sœurs Deblois, a connu un bon début, mais dès l’arrivée du deuxième, Les sœurs s’envolent des rayons et les réimpressions se multiplient. Au final, plus de 320 000 exemplaires trouveront preneur. Pour un éditeur (qui se réserve 30 % du prix de vente de chaque exemplaire), un libraire (40 %) et un distributeur (20 %), cela représente une somme faramineuse. Pour un écrivain aussi, quoique…
« L’auteur reste toujours la personne la moins payée, et ça m’agace », lance Louise Tremblay d’Essiambre, qui n’a pas d’agent et règle les questions d’argent elle-même. Selon les normes de l’industrie, les redevances d’un auteur commencent à 10 %. L’UNEQ recommande à ses membres de négocier des majorations selon le nombre d’exemplaires vendus : 12 % à compter du 5 001e exemplaire, et au 10 001e, c’est 15 %. Les clauses d’un contrat étant confidentielles, ni l’auteur ni son éditrice n’ont voulu révéler ces informations. « C’est notre reine, on la traite et on la gâte bien », affirme Nicole Saint-Jean, qui a été présidente de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) de 2014 à 2018. « Je peux dire ceci : en comptabilisant toutes les éditions, les rééditions, les coffrets et les exemplaires vendus moins cher par Québec Loisirs, Louise a reçu au moins un million de dollars en droits d’auteur pour les quatre tomes des Sœurs Deblois. »
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La Blainvilloise se plaint de ses redevances pour la forme. « Je fais partie de la famille », dit-elle au sujet de sa maison d’édition, qui l’a soutenue pendant les années de vaches maigres. Elle ne les a pas oubliées et se délecte chaque jour du bonheur de vivre le plus grand fantasme avoué de l’écrivain, avec ou sans e : gagner sa croûte avec ses mots. Seule ombre au tableau : le manque de considération des médias et du monde des lettres. « C’est une véritable farce ! Si vous ne faites pas partie de la clique des pseudo-intellectuels de Montréal, vous ne valez rien. »
La romancière attend encore une première convocation pour passer à Tout le monde en parle, la grand-messe du dimanche soir à la télé de Radio-Canada, qui en est à sa 17e saison. « Même Anne Robillard [hyper-populaire auteure québécoise de romans fantasy] y est allée ! » Le Salon international du livre de Québec, sa ville natale, ne l’a jamais invitée. Finaliste pour quelques récompenses (le Prix du grand public Salon du livre de Montréal / La Presse, notamment), elle n’a qu’un seul trophée à dépoussiérer : le Griffon d’or, catégorie Artiste par excellence — adulte, qui lui a été remis en 2009 par la Ville de Terrebonne.
De la paranoïa ? Absolument pas, estime Annabelle Moreau, de Lettres québécoises. « Le milieu littéraire avec un grand L la regarde de haut, ou alors il ne la connaît pas. » Avant d’être promue rédactrice en chef, Annabelle Moreau a été chroniqueuse de romans historiques pour ce même magazine littéraire publié quatre fois l’an. « J’avais des préjugés, et je me suis rendu compte qu’il y avait de bons auteurs dans le groupe. Il faut aimer le genre. » Le printemps dernier, elle a jonglé un moment avec l’idée de mettre Louise Tremblay d’Essiambre en une pour illustrer le thème du numéro : l’argent. Le choix s’est finalement arrêté sur une image conceptuelle. Avec le recul, Annabelle Moreau le regrette presque. « Ç’aurait été un beau pied de nez à tous ceux qui la boudent. »
Diana Wallace enseigne la littérature anglaise et gothique à l’University of South Wales, au pays de Galles. L’un de ses cours a pour nom Fictions historiques : les femmes qui écrivent le passé. « Le roman historique est un genre hybride, “bâtard”, entre guillemets ; pas assez historique pour les historiens, et trop plébéien, nostalgique ou fantaisiste pour les littéraires, explique la professeure. Qu’il soit associé aux femmes est son pire défaut. »
« Le milieu littéraire avec un grand L la regarde de haut, ou alors il ne la connaît pas. »
Une réaction épidermique qui, d’après Diana Wallace, a pris racine au milieu du XXe siècle en Angleterre et aux États-Unis. Georgette Heyer et Jean Plaidy, les pionnières du genre, prolifiques et populaires, se voyaient dédaignées, ou simplement ignorées, par la presse dite sérieuse, où n’officiaient que des hommes. « Et les choses ont peu changé depuis. »
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Pour Nuit blanche, autre magazine littéraire trimestriel, plus pointu peut-être, qui braque les projecteurs depuis près de quatre décennies autant sur les nouveaux talents (Erika Soucy) que sur les monuments (Marie-Claire Blais), Louise Tremblay d’Essiambre n’existe pas. « Ce n’est pas une question de jugement de valeur. Elle n’a pas besoin de nous pour vendre des livres », répond Alain Lessard, rédacteur en chef, qui dit n’avoir jamais ouvert un roman historique populaire. « Je serais vraiment embêté d’affirmer qu’il n’y a aucun intérêt de la part de collaborateurs de Nuit blanche pour ce genre. Par contre, on semble avoir moins envie de le commenter. »
La perception qu’a le milieu littéraire de Louise Tremblay d’Essiambre en particulier, et de ce type de romans-fleuves en général, vient beaucoup des couvertures, poursuit Alain Lessard. « Et au sujet de ces dernières, les qualificatifs négatifs sont légion. »
Louise Tremblay d’Essiambre les connaît. Elle les a même entendus à Plus on est de fous, plus on lit !, happening radiophonique consacré au monde du livre. « C’était à la sortie du premier tome de ma série Les héritiers du fleuve, en 2013. À l’émission, ils critiquaient la page couverture de livres, dont un de Stephen King, et le mien, que tout le monde trouvait très laid. Dans le groupe, il y avait aussi un libraire qui a dit : “Les livres de Mme Tremblay d’Essiambre n’entrent même pas dans ma librairie. Les gens qui lisent ça ne savent pas lire.” J’étais bleu marin. » Elle a eu le temps de décolérer, avant d’être invitée pour la première fois à la même émission, l’automne dernier.
« Ses lectrices aiment ces couvertures, elles nous le disent aux salons du livre », justifie Nicole Saint-Jean. Elles savent que les paysages et les personnages qui ornent la plupart des livres de Louise ont été peints… par Louise. Une passion née en même temps qu’Alexie, sa benjamine. La dame très chic avec une ombrelle sur le premier tome des Sœurs Deblois ? « C’est l’image que j’ai de l’héroïne, Charlotte », dit sa créatrice, pour qui cette autre corde à son arc la différencie encore plus de ses concurrents.

Étrangement, les éditions européennes présentent des couvertures aux antipodes des originales. Ainsi, pour la série Mémoires d’un quartier, la maison française Pocket a privilégié un style BD. « Quand un éditeur achète les droits d’un livre, explique Nicole Saint-Jean, il peut mettre l’image qu’il veut en couverture. Il connaît son marché. »
Marie-Pier Luneau, professeure à l’Université de Sherbrooke, y décèle une stratégie commerciale qui sous-tend une tentative d’« anoblissement ». Directrice du Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec, elle s’est beaucoup intéressée à cet outil de marketing crucial qu’est la page couverture. « La couverture permet aux habitués d’un sous-genre précis — qu’il s’agisse du polar, du roman sentimental, du roman historique ou autre — de reconnaître rapidement le produit recherché, croit-elle. D’où, par exemple, l’usage du noir pour les collections de romans policiers et du rose pour les romans d’amour. »
Ce n’est pas parce que ces couvertures sont codifiées et renvoient à des sous-genres précis qu’elles annoncent une production de second ordre, ajoute Marie-Pier Luneau. « Au contraire, elles exécutent parfaitement l’exercice de communication qui est attendu entre l’éditeur et le public visé : elles dirigent les bons publics vers les bons livres. En détachant un peu une couverture du sous-genre du roman historique, considéré à tort comme un genre moins “noble”, les éditeurs européens approchent le livre de la catégorie des best-sellers internationaux, comme en voit dans tous les aéroports du monde occidental. » Quitte à s’éloigner un peu du contenu.
Il faut prendre en compte les différences culturelles, note Nicole Saint-Jean. « En France, les romans historiques populaires racontent des histoires plus anciennes que les nôtres, parce que la France a un plus long passé. Là-bas, les années 1950, c’est après la guerre, presque une époque contemporaine, alors que pour nous c’est avant la Révolution tranquille, presque le Moyen Âge… »
Un débat un peu vain pour Andréanne Mongrain, enseignante au primaire de 39 ans. « Je ne porte pas attention à cet aspect. J’attends impatiemment la sortie de son prochain livre. »
L’attente sera de courte durée, promesse d’écrivain. « Je viens de commencer une nouvelle trilogie. Le titre : Place des Érables. Sortie du premier tome en avril. L’action se passe dans les années 1960, principalement dans trois lieux : à la pharmacie, au resto du coin et chez l’apothicaire. Lui, c’est un vieux ratoureux, avec des dents manquantes… » Soudain, Louise Tremblay d’Essiambre, constamment écartelée entre le présent et le passé, n’était plus dans sa résidence de Blainville, mais dans une gargote près d’un juke-box qui crachait du Elvis, à boire un Kik Cola. De quoi oublier ses ennuis de piscine…
Cet article a été publié dans le numéro de décembre 2020 de L’actualité.
Très belle article je regrette d’autant plus qu’en suisse il est diffficile de trouver ces livres belle journée
En numérique peut-être ? 🙂
Un article qui m’a fait chaud au coeur . Toujours plein de Bravos pour vous chère Louise. J’ai 83 ans (et 3/4 hahaha) et j’attends toujours votre prochain livre avec presqu’impatience. Je les ai tous lu et achèterai le prochain dès sa sortie. Si j’étais dans la publicité vous pouvez être certaine que vous seriez dans le haut de la page; par contre je « vous recommande » à toutes mes connaissances et…ça fait des petits.
Bonne chance dans tout et encore Grosses Félicitations. (Bebette)
J’adore vos livres et je vous félicite et vous remercie de nous faire passer de si beaux moments . J’en ai lue plusieurs et je les recommande. Bravo à vous!
J’adore cette dame et ses livres qui poussent comme des champignons. J’en ai lu plusieurs et je pouvais les lire rapidement, toujours avide de savoir la suite…pourtant je ne lis pas vite en général. Il faut que les mots m’attirent, m’enveloppent, que l’endroit que l’auteure décrive soit réaliste. Les mots sont importants surtout dans certaines situations. Bravo chère Louise, continuez malgré tout ce qui se passe à l’extérieur. Votre imagination nous aide à passer au-travers d e l’ennui, de la solitude surtout en ces moments de pandémie. Bravo !
Je suis impressionnée par cet auteur ✍️
WoW 🤩
Enfin du nouveau!
J’ai appris à connaître une femme d ‘exception et j’ai envie de lire son œuvre !
Merci pour le reportage intéressant
Ses romans historiques sont toujours très humains et vrais et ils me permettent de visualiser les lieux et les personnages avec leurs émotions… merci à cette auteure.
Madame
Quelques soient les commantaire des « bien-pensants », en t’en que lectrice et de « madame tout le monde », je veux vous remercier pour le bien-être que vous m’apporter lorsque je lis un ou l’autre de vos romans. Votre façon de décrire les époques est incroyable, il me donne l’impression de reculer dans le temps, de le vivre, de le ressentir…. Vous êtes une écrivain (sans E😉) hors pair. Merci pour le bien-être que vous nous apportez!
Cet article me donne envie de lire un roman de cet auteure que je ne connais pas encore. Lequel me conseillez-vous ?
bonjour! Je vous conseillerais le premier tome de sa série Les soeurs Deblois (Charlotte). Bonne lecture.
J’aie presque tout lu ces livres et je l’adore cette Femme ,quand tu commence à lire un livre tu n’est plus capable de t’arrètée
je vous adore vos livres je les ai tous lu et j’attends la prochaine trilogie je les recommandes à tous c’est un plus dans notre vie quotidienne merci