Langues: un petit «hein» en commun

Voulez-vous impressionner vos amis lors d’un prochain souper ? Dites-leur que vous savez dire un mot en mandarin, en islandais, en italien, en russe, en cha’palaa et en haï/’om.

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Photo : iStock
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Voulez-vous impressionner vos amis lors d’un prochain souper ? Dites-leur que vous savez dire un mot en hongrois, en mandarin, en islandais, en néerlandais, en italien, en russe, en coréen, en allemand, en norvégien, et accessoirement en cha’palaa, en tzeltal, en murrinbata, en haï/’om (et en #aakhoe, bien sûr), en yélî dnye, sans oublier le yuracaré. Quel mot ? «Hein» !

Après avoir analysé près de 200 conversations en 31 langues différentes, des chercheurs de l’institut Max-Planck de psycholinguistique de Nimègue, aux Pays-Bas, en sont venus à la conclusion que l’interjection « hein » est un mot universel.

«Ce petit mot est un outil indispensable dans la communication humaine. […] Si nous n’avions pas de moyens fiables de signaler un problème, nous n’arriverions jamais à rester sur la même longueur d’onde lors d’interactions sociales», explique le compte-rendu de l’étude.

Dans tous ces langages et dialectes, «hein» remplit cette même fonction de surprise, d’interrogation, marquant plus généralement un problème de compréhension. «Partout, ce mot semble être une syllabe simple avec une voyelle centrale faible, commençant parfois par une consonne prononcée avec un coup de glotte, et une intonation interrogatoire».

Les scientifiques de l’Institut se sont rendus dans des villages reculés de l’Équateur, du Ghana ou encore de l’Australie, passant plusieurs semaines à gagner la confiance des habitants avant d’enregistrer leurs conversations.

«Les discussions que nous avons enregistrées étaient le genre que vous et moi pourrions avoir autour d’une table au petit déjeuner», a expliqué au Los Angeles Times le professeur Nick Enfield, qui était en charge des recherches au Laos.

Si «hein» joue partout le même rôle dans la communication, il semble s’être adapté aux règles des différentes langues. Ainsi, contrairement aux Anglais, dont l’intonation monte en posant une question (essayez «Huh?»), les Islandais baissent le ton à la forme interrogative, notamment en disant «Ha?».

« »Hein » n’est pas comme certains sons humains qui sont universels car innés, tels que l’éternuement ou les pleurs. C’est un mot qui doit être appris avec différentes subtilités dans chaque langue.»

Selon les chercheurs, cette universalité du mot «hein» s’explique par une expression empruntée à la biologie: la convergence évolutive. De la même manière que, confrontés au même environnement, les dauphins (mammifères) et les requins (poissons) ont développé des caractéristiques physiques similaires, les différentes langues auraient trouvé ce mot pour répondre à un même besoin.