Qui est un garçon ? Qui est une fille ? Qu’y a-t-il entre les deux ? L’identité sexuelle et les façons de l’affirmer intéressent beaucoup les créateurs ces temps-ci. Les séries télé, entre autres, font une place grandissante aux personnages qui n’entrent pas dans les cases traditionnelles.
C’est une petite révolution culturelle, et le monde de la musique n’a pas l’habitude de passer à côté de ce genre de chose. Bien sûr, David Bowie et plusieurs autres dans le passé ont joué avec l’ambiguïté, mais les artistes suivants vont beaucoup plus loin.
Miley Cyrus La chanteuse de « Wrecking Ball » milite fort pour une définition plus souple des concepts de genre. Bisexuelle, elle se décrit comme « gender fluid » : elle ne se sent ni vraiment femme ni vraiment homme, elle se promène dans le spectre entre les deux. « Ça n’a rien à voir avec mon corps ou comment je m’habille », a-t-elle expliqué au magazine Time.
Shamir Ce chanteur et musicien américain d’à peine 20 ans se décrit lui aussi comme « fluide ». Sa voix de contralto et son apparence androgyne le rendent effectivement difficile à caser. Les paroles qui ouvrent son succès « On the Regular » peuvent se lire comme une prise de position sur le sujet : « Alors que tout le monde soustrait, on peut dire que je multiplie. »
Christine and the Queens « J’aimerais qu’on considère Christine comme un personnage libre d’être masculin ou féminin », a déjà dit Héloïse Letissier à propos de son personnage de scène. Quant aux Queens, ce sont les travestis qui l’ont inspirée et à qui elle rend hommage. Letissier tente de trouver une écriture non « genrée », et elle y réussit : les salles sont pleines et son album Chaleur humaine s’est écoulé à plus de 300 000 exemplaires.
Laura Jane Grace, d’Against Me! En 2014, le groupe punk Against Me! lançait l’album Transgender Dysphoria Blues. La dysphorie du genre (se sentir d’un genre autre que son genre biologique), la chanteuse Laura Jane Grace connaît, elle qui est en transition d’homme à femme. Sujet trop pointu, dites-vous ? L’album s’est classé 15e au palmarès de fin d’année du magazine Rolling Stone. La pièce-titre nous met dans la peau d’une transgenre, prise avec des épaules trop carrées et tourmentée par le regard des autres.
N’est-ce pas là le rôle de l’art : nous faire comprendre les émotions et les réalités des autres, ou même les nôtres ?