
Un court silence ; un vent fort s’était levé qui faisait vibrer les fenêtres. Il poursuivit :
– Cette histoire m’a beaucoup fait réfléchir, à l’époque. Elle m’a fait comprendre qu’au fond le triangle est un instrument tout à fait à part. C’est sans contredit l’instrument le plus simple de l’orchestre, n’importe qui peut en jouer, la technique est on ne peut plus élémentaire. Mais je crois que cette simplicité même a pour effet d’attiser la peur, d’éveiller les angoisses, de remuer les problèmes enfouis, inconscients. Notre esprit, et même notre corps, voient quelque chose d’« irrémédiable » à un coup de triangle. Le geste à faire est si simple qu’il devient un symbole, une métaphore : on se retrouve devant le triangle comme devant notre propre vie.
Il fit une pause, comme pour laisser le temps à ses paroles de se déposer. Je n’étais pas complètement certain de voir où il voulait en venir.
La suite dans le livre…