Le livre du mois : Ce qui est tu, de Caroline Dawson

Ce touchant recueil de poésie est une bien belle invitation à visiter l’univers d’une autrice de grand talent qui sait raconter l’immigration de façon percutante.

montage : L’actualité

Le propos

À sept ans, Caroline Dawson quittait le Chili de Pinochet avec sa famille pour s’installer à Montréal. Devenue adulte, maintenant enseignante de sociologie au collégial, elle réfléchit à sa place dans la société québécoise, mais aussi au racisme qu’elle vit depuis l’enfance. Au fil de souvenirs précis, de réflexions sur la honte et sur l’exil, l’autrice raconte d’où elle vient à son fils, qui a aujourd’hui à peu près le même âge qu’elle à son arrivée au Canada.

(Triptyque, 96 p.)

3 bonnes raisons de lire Ce qui est tu

1

Il s’agit d’un joli complément à son premier livre

Un peu plus de deux ans après la publication de l’excellent roman Là où je me terre (Les Éditions du remue-ménage, 2020) — qui a remporté le Prix littéraire des collégiens et figuré parmi les 20 livres les plus empruntés à BAnQ en 2022 —, l’écrivaine retourne dans ses souvenirs pour offrir ce recueil de poésie. L’objectif ? Tricoter des ponts entre la jeunesse de la maman et celle du fils, raccommoder ce qui reste de l’enfance immigrée où l’impression constante d’être différente obscurcissait le bonheur du quotidien. L’œuvre prend également la forme d’un hommage à Paul, ce fils qui aime tant les bibittes, par l’intermédiaire de multiples références à des insectes.

2

Ça se lit presque comme un roman

Dans son premier livre, quelques envolées au rythme saccadé annonçaient déjà un talent pour la poésie. L’autrice fait la transition avec brio, en intégrant à son recueil une narration qui se rapproche du roman. Cet hybride saura même captiver ceux qui lisent peu de poésie, grâce à son texte plus épuré, mais tout aussi prenant. Tout au long de la lecture, deux réalités émergent : celle d’une fillette catapultée dans un monde inconnu, et celle d’un enfant né d’une mère chilienne et d’un père suédois, qui grandit à Montréal. Elle qui parlait espagnol presque en cachette, et lui qui maîtrise trois langues sans trop s’en formaliser.

3

La vision qu’a l’autrice de l’immigration est éclairante

La plume de Caroline Dawson esquisse le déracinement et l’enracinement en oscillant entre le cru et le lumineux, empruntant parfois à l’espagnol pour les choses que les mots français n’arrivent pas à décrire. L’enfance chilienne y est présentée, mais ce sont surtout les premières années dans un Hochelaga rude et sans fard qui sont mises en scène. Par exemple quand elle parle des emplois de son père : « en québécois qui avale les heures / les dos les cous / les nuits à coups bas de doubles shifts ». Voilà une perception riche et ancrée dans une réalité qui mérite qu’on s’attarde à mieux la comprendre.

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Ah, si vous saviez!, à quel point ce titre
« La force du silence dans une négociation » (de Catherine Dubé)
et son contenu s’ensuivant, trouvé en ma boîte courriel ce matin
« fait » ma journée et «fera» assurément aussi toute cette saison
(n’ayant pourtant débuté qu’hier soir)…
phénomème qu’ignorais-je, quoiqu’ayant déjà été président de syndicat
(fonction en laquelle me suis-je le plus plu au cours de ma vie…)
et quoiqu’aussi, surtout, que la psy soc ait tjrs été ma passion intellect;
eh bien, celle-là, je ne la savais pas!

(y réagis-je ici pcq qu’semblé-ce impossible de le faire au bas de l’article même
et pcq que pour ce titre-ci également me réservais-je occasion de le faire
en raison de ce même thème, justement, « Ce qui est TU »…;
or, sera-ce une autre Caroline qu’appellerai-je à la rescousse pour le ‘silence’…)

Caroline Néron. Pas qu’elle, bien sûr, mais bcp elle, pour débuter.
Du fait de la synthèse pouvant être faite à partir d’un lointain commentaire
qu’avais-je fait à propos d’une exposition sienne, il y a dix-sept ans… :
« Ce qui fait loi, c’est la beauté. Et ce qui fait la beauté, c’est le silence (« le silencieux est toujours plus beau que le parleur »). […] Voilà pourquoi le silencieux (quoique le plus éloquent) langage corporel est le plus beau. » (in Le Soleil, 1 mai 2006)

QUI avait dit cela — (que le silencieux est toujours plus beau que le parleur ) ?
Le même qui avait énoncé que « la beauté sauvera le monde »
le même qui avait dit qu’en est-ce à se cogner la tête contre les murs :
qu’il n’y aurait pas de plus… belle figure, en toute l’histoire de l’humanité
que celle du Christ (silencieux…)
(Un… Russe, n’est-ce pas, cet éminent écrivain)

Dommage, hein, qu’il faille tant… parler pour élogier le… silence !… Comme…
dommage que celui s’étant lui-même qualifié de… « Parole », que fût-ce par son
silence – (en croix ainsi qu’immédiatement avant d’l’être – crucifié) – qu’il fit le plus
ou le mieux pour l’humanité terrestre…
Ah, saint Paul le reconnut, c’était pure folie.
Comme Gandhi aurait aussi été fou à lier.
Si, en effet, s’étaient trouvés des Russes
plutôt que des Britanniques face à lui… !

Alors, où m’en vais-je donc avec ça, comme ça?

Il y a, en l’exposé de madame Dubé, ce sous-titre: « Le silence comme arme ».
Futé!…

Car que ramené-je ici, moi, redondamment, comme « arme » à privilégier ?
La parole.
« Word mightier than sword ».
Or voit-on, là, qu’il y aurait
mieux encore : le silence…

Il y aurait (au moins) deux moyens, bien différents, de « se sacrifier »
pour la patrie, pour les siens ou pour d’autres (humains ou raisons) :
1. On pourrait aller au front et y mourir;
2. on pourrait mourir sans aller au front.

c’est le choix ayant été fait, c’est le « Modèle » ayant été agi par Jésus
fou p’t’être
mais plus fou qu’celui de nos « sages » nouvelles trois colombes ottaviennes
exhortant, comme la vedette cheffe ukrainienne, Oksana, à se battre jusqu’à
« la dernière goutte de sang » ?

j’ai exprimé, tout à côté, ma « désespérance » face à pareille philosophie
https://lactualite.com/actualites/ottawa-constate-de-la-discrimination-a-la-commission-des-droits-de-la-personne/?unapproved=836585&moderation-hash=9ab0b37dd98ec72e595de22d58acc17d#comment-836585

car p’t’être fou, p’t’être utopique d’escompter qu’puisse-t-on endiguer guerre(s)
en cessant, seul…; **
mais certes pas moins irréaliste d’escompter qu’puisse-t-on y parvenir en
guerroyant
toujours, encore et encore.

** il n’est pas qu’Gandhi ou Jésus ayant tourné l’dos à l’épée (avec succès)
a-t-on pu voir même chose, ponctuellement, chez les Bretons d’Astérix… 😉

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