Tristan Malavoy et la culture autochtone

Les légendes amérindiennes figurent de façon prédominante dans le premier roman de Tristan Malavoy, Le nid de pierres.

autochtone1
Illustration: Mathilde de Cinq-Mars pour L’actualité

Après avoir longtemps tenu un rôle marginal dans notre littérature, la culture des autochtones est en voie de devenir une source d’inspiration majeure pour une nouvelle génération d’écrivains québécois, qui reconnaissent autant son apport historique que sa valeur artistique. Aussi ne faut-il pas s’étonner de voir les légendes amérindiennes figurer de façon prédominante dans le premier roman de Tristan Malavoy (poète, nouvelliste, éditeur, musicien et chroniqueur à L’actualité), dont l’action se situe en Estrie, terre des Abénaquis.

le-nid-de-pierres
Le nid de pierres, par Tristan Malavoy, Boréal, 256 p.

Le nid de pierres suit le retour d’un jeune couple de Montréalais dans leur village natal de Saint-Denis-de-Brompton — « l’endroit idéal pour s’installer, faire des enfants ». Leur emménagement idyllique dans une vieille maison au bord d’un lac est aussi pour eux l’occa­sion de recueillir des récits légendaires rattachés aux environs : pierres gravées d’inscriptions mystérieuses, enfant transformé en serpent par une guérisseuse, pin qui s’enracine dans le cœur d’une morte, cercle de pierres qui ouvre une brèche sur le monde des esprits…

La narration est fréquemment interrompue par une voix venue du fond des âges : celle d’un petit Abénaquis qui évoque, par ses chants rituels immémoriaux, les droits ancestraux de son peuple sur le territoire. On ressent encore toute son emprise dans le lac, dans la forêt, et dans une étendue de boue où les corps s’enlisent comme dans des sables mouvants. Ce « ventre-de-bœuf », où un enfant et un vieillard ont peut-être disparu, devient très subtilement emblématique des angoisses du narrateur à l’égard des contraintes du mariage et de la paternité, et face aux échos déchirants des drames passés.

Malgré une certaine retenue dans l’écriture, Tristan Malavoy n’hésite pas à se risquer sur le terrain magique du chamanisme et sur celui, encore plus occulte, de la psychologie masculine, des relations entre hommes, des rivalités fraternelles. Avec ses incantations de sorcier, il transforme ce Nid de pierres en un important rite de passage, où les esprits de la terre aident les vivants à traverser les épreuves aventureuses de la maturité et à faire, petit à petit, leur nid.

Laisser un commentaire

Les commentaires sont modérés par l’équipe de L’actualité et approuvés seulement s’ils respectent les règles de la nétiquette en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre commentaire.

J’adore l’art autochtone. En ce moment même, je contemple une oeuvre de Kavavaow Mannomee.

Merci d’en parler.