Le roman des origines

En Terre de Feu et en Patagonie chilienne, un chercheur en biologie moléculaire québécois marche dans les pas de Darwin, au propre comme au figuré.

L’héritier de Darwin, par Alain Olivier, Lévesque éditeur, 360 p.
L’héritier de Darwin, par Alain Olivier, Lévesque éditeur, 360 p.

Selon les plus récentes évaluations de l’Académie des sciences américaine, il y aurait plus de 1 000 milliards d’espèces de micro-organismes, de plantes et d’animaux sur terre. Comment cette stupéfiante biodiversité peut-elle être issue d’un seul ancêtre commun, une humble bactérie, et combien de mutations génétiques a-t-il fallu pour créer le monde tel qu’on le connaît aujourd’hui?

Ce sont les questions qui nous habitent tout au long de la lecture du troisième roman d’Alain Olivier, professeur au Département de phytologie de l’Université Laval et spécialiste en agroforesterie, qui est aussi l’auteur de deux récits de voyage se déroulant au Mali et au Viêt Nam.

L’héritier de Darwin suit les traces du grand naturaliste anglais en Patagonie chilienne et sur l’archipel de la Terre de Feu. Ces régions aux écosystèmes uniques sont vues à travers le regard inquisiteur d’un chercheur en biologie moléculaire québécois qui voyage avec sa conjointe, Julie. Ensemble, ils remontent le cours de leur amour, la crise provoquée par la stérilité de leur couple et l’adoption subséquente de leurs deux filles.


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La grandeur sublime des paysages est aussi, pour le narrateur, l’occasion de prendre la mesure des transformations géologiques de la Terre et d’observer ses abondantes richesses naturelles. Avec une intelligence vive et curieuse, il établit des liens entre l’histoire de l’exploration et l’avenir des sciences, entre l’arbre généalogique des espèces et celui de sa famille, entre la stérilité de Julie et la sélection naturelle, entre la transmission des gènes et celle de l’héritage culturel, entre la coopération et la prédation, entre la fragilité de l’individu et la solidarité communautaire.

De temps à autre, au détour d’un sentier, le narrateur croise le fantôme de Darwin, avec qui il discute d’hérédité, des avancées de la génétique et des nombreux malentendus entourant la théorie de l’évolution. Roman hybride où brillent dans chaque page la sensibilité d’Alain Olivier, son esprit de synthèse ainsi que son talent pour le récit de voyage et la vulgarisation scientifique, L’héritier de Darwin est le chaînon qui manquait à notre lignée littéraire.