L’histoire
Sherbrooke, 1943. La famille Fitzgerald, qui compte déjà 11 enfants, accueille des jumeaux. Par manque d’espace (et d’argent), l’aînée, Marjolaine, est envoyée à Montréal pour y travailler comme standardiste. Mais son éloignement sera de bien courte durée, puisque quelques jours avant Noël, sa mère disparaîtra sans laisser de traces. Comment les Fitzgerald surmonteront-ils une telle épreuve ?
(Saint-Jean Éditeur, 368 p.)
3 bonnes raisons de lire… À la croisée des chemins, tome 1
Ce tome 1, intitulé La dérive, inaugure une saga flambant neuve
Un premier tome, c’est l’occasion idéale de découvrir un auteur qu’on n’a jamais lu. La dérive met rapidement à l’honneur le grand talent de conteuse de Louise Tremblay d’Essiambre : elle y campe habilement ses personnages et esquisse les courbes dramatiques de la série. Peu présente dans les médias, l’œuvre de cette romancière vaut pourtant le détour : c’est un heureux mélange d’intrigues au long cours et du quotidien de l’époque, avec ses petites trahisons et ses moments heureux. Et une telle longévité littéraire est impressionnante !
C’est un roman, pas un essai historique
Selon nos envies de lecture, certains romans historiques parviennent à nous immerger dans une époque en fournissant une abondance de détails précis. Dans le cas de La dérive, le fait historique habille la fiction, et non l’inverse. Louise Tremblay d’Essiambre saupoudre subtilement une dose de réalisme adaptée à l’époque (ici, les années 1940), sans y ajouter trop d’éléments. Il demeure tout de même intéressant de lire sur le métier de standardiste et sur l’arrivée du téléphone dans les maisons. Mais on sent bien le désir de nous divertir avant tout.
Les femmes sont au cœur de l’intrigue
Louise Tremblay d’Essiambre a toujours fait une belle place aux femmes dans ses livres, mais le personnage d’Ophélie, cette mère débordée qui s’éclipse en silence, est particulièrement intéressant, parce que les femmes qui ne s’épanouissent pas dans la maternité sont rares dans les romans historiques. Il y a aussi l’aînée, que son père envoie travailler à Montréal sans la consulter (mais en lui demandant presque la totalité de son salaire), ainsi que Delphine, 11 ans, qui quitte l’école pour s’occuper des petits derniers. Dans tous les cas, les défis et les questionnements des femmes de cette saga soulèvent des sujets importants, notamment le sens du devoir familial et la quête de soi, que l’écrivaine aborde de front, sondant avec bienveillance l’âme et le cœur de ses protagonistes.
Cet article a été publié dans le numéro de mai 2023 de L’actualité.