Le roman du mois : Nuit de combat, de Miriam Toews

La romancière manitobaine primée, connue pour le livre Ce qu’elles disent, s’est inspirée de sa propre famille pour imaginer trois générations de femmes fortes qui désirent à tout prix qu’on se souvienne d’elles.

montage : L’actualité

L’histoire

Swiv, une enfant de neuf ans, est renvoyée de l’école pour s’être battue. Avec un père absent et une mère enceinte jusqu’aux oreilles accaparée par ses répétitions au théâtre, la petite sera éduquée par sa grand-mère Elvira. Ratoureuse, intense et, surtout, partisane finie des Raptors de Toronto, elle transmettra à Swiv son savoir grâce à des leçons hors du commun.

(Boréal, 288 p.)

3 bonnes raisons de lire… Nuit de combat

1

L’humour aigre-doux de Toews fait mouche

Les romans de cette autrice présentent, à différents degrés, un équilibre subtil entre la comédie et le drame. Structuré comme une longue lettre destinée au père de Swiv, Nuit de combat détaille, dans le langage coloré de l’enfant, sa vie de tous les jours. Ainsi, un cours pratique dévoile comment creuser une tombe en hiver, alors qu’une leçon de français se transforme en dictée de noms de médicaments. Les anecdotes loufoques sont aussi bien dosées : pour parler de vieillissement, Swiv raconte qu’il faut scier en deux les romans lourds qu’Elvira n’est plus capable de tenir.

2

La petite Swiv est carrément irrésistible

Toews a offert à Swiv une personnalité dégourdie et un sens de la réplique étonnant. Quand la directrice de l’école lui annonce qu’elle s’est battue « une fois de trop », Swiv répond : « … on ne serait pas dans ce merdier si j’avais une idée du nombre exact de batailles que je suis censée avoir ». L’enfant est aussi très investie dans sa mission de prendre soin d’Elvira, de sorte qu’elle ne se formalise pas trop de devoir gérer son pilulier ou lui mettre ses bas de contention. La vie, c’est la vie ! Elle a de qui retenir : sa mère et sa grand-mère, qui ont survécu à de grandes épreuves, sont très inspirantes.

3

C’est le livre parfait pour plonger dans l’univers de l’autrice

Il pourrait être tentant de commencer par Ce qu’elles disent (2019), dont l’adaptation cinématographique vient de remporter un Oscar, mais Nuit de combat s’avère plus drôle et plus touchant. Comme une maison, l’œuvre de Toews peut être visitée à notre guise, selon les pièces qui nous intéressent. Certains grands thèmes — l’enfance mennonite, la santé mentale, le suicide — apparaissent parfois en trame de fond, parfois à l’avant-plan. La traduction sans faille de Paul Gagné et de la regrettée Lori Saint-Martin (Nuit de combat est le dernier roman qu’elle a traduit) contribue à préserver cette cohésion dans l’univers de Toews, même en français. 

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