
Cyril Dion semble encore soufflé par l’incroyable succès de son documentaire. Coréalisé avec l’actrice française Mélanie Laurent (l’héroïne de Inglourious Basterds, de Tarantino), Demain n’avait pas, à priori, les ingrédients d’un film à succès. Son objectif: faire découvrir, de San Francisco à Copenhague, des gens qui veulent réinventer à leur façon l’agriculture, l’énergie, l’économie, la démocratie et l’éducation.
Quand ils ont présenté leur projet à des producteurs, il y a quelques années, ils se sont heurtés à un mur. «Plein de distributeurs et des chaînes nous ont dit: “Ça n’intéresse pas les gens, le positif. Ils veulent voir du drame, du meurtre, du sang”», raconte Cyril Dion, un militant écologiste âgé de 37 ans.
Mélanie Laurent et lui ont dû solliciter les dons du public, par l’entremise d’un site de sociofinancement, pour réaliser leur film. Lancé en décembre dernier, Demain cumule plus d’un million d’entrées en France, où il a remporté le César (l’Oscar français) du meilleur documentaire. Distribué dans une trentaine de pays, le film remporte aussi un succès certain au Québec (300 000$ au box-office à ce jour).

Comment expliquez-vous le succès de votre film?
Ceux qui vont voir le film et y prennent plaisir ont envie d’un projet d’avenir. De quelque chose qui donne du sens et leur propose une autre vision du monde que celle qu’ils peuvent avoir dans les médias, souvent déprimante et un peu tragique.
J’ai aussi l’impression que le film agit comme un endroit de rassemblement. En France, ça s’est beaucoup passé comme ça. Le film a été utilisé par plein de gens comme une sorte d’outil pour que les personnes qui ont envie d’agir puissent se donner de l’énergie, les unes aux autres. Les gens y retournaient parfois une ou deux fois avec des amis ou des membres de leur famille. Après avoir vu tous les autres documentaires qui montraient ce qui va mal, plein de gens sont prêts à agir. Et le film leur donne à la fois des idées et leur montre des gens qui leur ressemblent et qui agissent déjà. Ça leur donne du courage.
En axant votre film sur les solutions, ne risquez-vous pas d’occulter les «mauvaises nouvelles»?
On ne les occulte pas! On alterne entre les deux. On explique d’abord ce qui ne va pas avant de parler des solutions. Et c’est ça qui marche. Des études dans le domaine des neurosciences montrent que quand vous arrivez avec une énorme mauvaise nouvelle sans proposer de solution, vous laissez les gens dans une forme d’angoisse, qui conduit souvent à du déni, de la fuite.
Vous êtes un militant écologiste. Demain est-il un film politique?
Complètement. Ce film a un point de vue sur la réalité. C’est aussi le fruit d’une réflexion et d’un regard sur le monde. Ça n’empêche pas les solutions qu’on montre d’être parfaitement efficaces, de reposer sur des études très sérieuses.
La diffusion du film a parfois été suivie de discussions passionnées sur l’environnement, l’énergie, la démocratie. Quelles réactions vous ont le plus marqué?
Je reviens d’une tournée de 80 villes dans 14 pays. J’ai senti un grand enthousiasme partout. En France et au Québec, c’étaient des standing ovation tous les soirs! Beaucoup de jeunes nous ont dit qu’ils avaient perdu espoir, et que le film leur redonnait confiance de pouvoir changer les choses. D’autres nous ont dit qu’ils s’étaient déplacés à reculons au cinéma, qu’ils craignaient de visionner un autre documentaire «écolo, bobo, gauchiste», mais qu’ils avaient finalement passé un super moment et appris plein de choses. C’est une belle récompense pour nous, ça veut dire qu’on a touché un public beaucoup plus large que les militants habituels.
C’était votre but?
C’était même mon premier objectif! L’une des plus grandes fortunes de France, Gérard Mulliez, a demandé que Demain soit projeté pour tous ses salariés. De grandes banques, comme la Société Générale, et BNP, qui ne sont vraiment pas, à priori, des gauchistes, ont fait de même. Une ministre belge a même acheté des DVD pour tous les lycéens de Bruxelles !
Certaines des solutions que vous mettez de l’avant dans Demain ne sont pas exactement des panacées. Par exemple, vous vantez l’énergie solaire mais vous ne parlez pas de ses revers…
Il est vrai qu’il s’agit d’une forme d’énergie prometteuse mais que les panneaux solaires sont fabriqués de façon peu écologique, qu’ils ne sont pas suffisamment recyclables, qu’ils utilisent des matières premières rares. C’est pour cette raison qu’on a choisi de parler de Pocheco, entreprise modèle dans le nord de la France. Pour dire que non seulement il faut aller vers l’électricité renouvelable, mais qu’il faut se tourner vers l’économie circulaire, adopter des modèles industriels qui permettent d’arrêter l’épuisement des ressources naturelles.
Le film est construit en cinq parties, pour montrer que tout est lié. Qu’on ne peut montrer les problèmes ou l’un des sujets abordés indépendamment, sans les relier. On ne peut pas résoudre le problème de l’agriculture sans s’intéresser au problème de l’énergie. On ne peut pas s’intéresser au problème énergétique sans transformer nos modèles industriels. On ne peut changer nos modèles économiques sans avoir une nouvelle forme de démocratie qui nous permet de reprendre le pouvoir sur la finance. Et on ne peut imaginer une démocratie qui fonctionne s’il n’y a pas une éducation qui apprend aux citoyens, dès le plus jeune âge, à être partie prenante et à se sentir responsables de la société. C’est vraiment un jeu de poupées russes.

Y aura-t-il une suite au film?
Pas à proprement parler, mais on planche sur un projet de cinq émissions d’une heure pour France 2. Ça nous permettrait d’approfondir chacune de nos thématiques et de montrer d’autres initiatives. En parallèle, je suis en train d’écrire un film de fiction, qui racontera comment les gens pourraient se mobiliser dans les 20 ans qui viennent pour transformer la société.
On a aussi créé un site pour donner de la visibilité aux actions que les spectateurs ont prises après avoir vu le film. On veut donner de l’énergie aux gens. Leur permettre de voir si un projet est en marche près de chez eux, et au besoin contacter ceux qui le portent.
Le film a beau proposer des solutions à beaucoup de problèmes, avec la chanson-thème de la bande-annonce en anglais, il ne propose aucune solution à l’anglicisation de la France. Au contraire, il y contribue. Pauvres élites françaises qui veulent régler les problèmes du monde entier, mais qui sont incapables de mettre en valeur leur langue chez eux et dans le monde! Qui s’attellera à la tâche de redonner la fierté de leur langue et de leur culture aux Français?
Lâchez donc un peu les français, sti. Encore ce vieux débat lamentable de l’anglais… Non mais franchement, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. De tous les pays francophones du monde, les films québécois sont les seuls à être sous titrés pour être compris par tous! Quant au français parlé et écrit par les québécois, c’est grammaticalement dans l’ensemble assez lamentable. Sans parler de la syntaxe. Les africains du Nord et de l’Ouest (de l’Afrique, pas de l’Île) et les haïtiens, parlent et écrivent un meilleur français, y incluant des références culturelles, ce dont sont incapables les québécois.
Alors à propos de la langue, faites le ménage au Québec d’abord. Nettoyez vos anglicismes et apprenez à écrire et à parler sans faire de fautes.
C’est vrai que les français emploient pléthore de mots et d’expressions anglaises par snobisme, totalement dénaturées de leur sens initial.
Mais il faut relativiser. Le PIB du Quebec est égal à celui de Perpignan, une ville de 120 000 habitants, qui ne vient jamais critiquer les québécois. Sans la péréquation et le discours de Charles de Gaulle, le Québec n’existerait même pas sur la carte du monde.
Alors, un ton en dessous s’il vous plait.
On se calme svp!
Claude a raison et vous le dites vous-même: les français emploient très souvent inutilement des termes anglais, pour se donner un genre, dans les communications officielles ou semi-officielles. Pire, ça a déteint sur la Québec. Exemple: week-end, bus, etc.
Même si je n’ai pas vraiment appris quelque chose de nouveau ( je m’intéresse à ces questions depuis des années !) j’ai trouvé le film excellent et encourageant. Entre autres choses, comment ne pas déplorer que la Montréal, qui se prépare à fêter un anniversaire, ne le fait pas en devenant une Ville en transition plutôt qu’en lançant des travaux et initiatives (éclairer le pont Jacques-Cartier) totalement inutiles et écologiquement stupides… Je pense aussi aux Îles de la Madeleine qui pourrait adopter plusieurs des solutions proposées – dont une monnaie locale – et échapper ainsi à la malédiction du travail saisonnier et d’une pêche commerciale en voix d’extinction…
A Claude Richard:
Lâchez donc un peu les français, sti. Encore ce vieux débat lamentable de l’anglais… Non mais franchement, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. De tous les pays francophones du monde, les films québécois sont les seuls à être sous titrés pour être compris par tous! Quant au français parlé et écrit par les québécois, c’est grammaticalement dans l’ensemble assez lamentable. Sans parler de la syntaxe. Les africains du Nord et de l’Ouest (de l’Afrique, pas de l’Île) et les haïtiens, parlent et écrivent un meilleur français, y incluant des références culturelles, ce dont sont incapables les québécois.
Alors à propos de la langue, faites le ménage au Québec d’abord. Nettoyez vos anglicismes et apprenez à écrire et à parler sans faire de fautes.
C’est vrai que les français emploient pléthore de mots et d’expressions anglaises par snobisme, totalement dénaturées de leur sens initial.
Mais il faut relativiser. Le PIB du Quebec est égal à celui de Perpignan, une ville de 120 000 habitants, qui ne vient jamais critiquer les québécois. Sans la péréquation et le discours de Charles de Gaulle, le Québec n’existerait même pas sur la carte du monde.
Alors, un ton en dessous s’il vous plait.