En librairie ce mois-ci

Le fils du Trickster
d’Eden Robinson
Il était attendu avec impatience, ce premier tome de la trilogie Trickster, publié en anglais en 2017, finaliste au prix littéraire Giller et adapté pour la télévision par la CBC. Jared est un ado paumé alcoolique qui survit grâce à un trafic lucratif de biscuits au pot. Sa grand-mère croit qu’il est le fils du Trickster, un esprit taquin qui hante leur famille depuis plusieurs générations. Quand Jared se surprend à discuter avec un corbeau, le doute s’installe : commence-t-il à perdre la carte ? Un roman bien dense, où la culture fantastique autochtone ouvre une fenêtre sur des possibles auparavant inimaginables.
(Traduction de Marie Frankland, VLB éditeur, 416 p.)

Les girafes en feu
de Gabriel Allaire
Afin de revitaliser un Granby sur le déclin, un père de famille a inventé le « zoorisme », une forme de tourisme qui gravite autour d’une vedette de cinéma : Olaf, le gorille du parc zoologique local. Avec l’aide de sa femme et de leur fils, il organise des banquets somptueux pour des visiteurs triés sur le volet. Évidemment, rien ne fonctionne exactement comme prévu ! Au cœur de l’histoire, un curieux graffiteur, un groupe secret de mascottes et des inventions loufoques. Un roman sympathique à souhait !
(Leméac, 320 p.)

Mercy Street
de Jennifer Haigh
À la clinique de santé des femmes où elle travaille, à Boston, Claudia informe les femmes enceintes des différentes façons de procéder à une interruption volontaire de grossesse, si c’est ce qu’elles désirent. Chaque matin, elle croise une foule compacte de militants antiavortement. Et chaque soir, pour oublier sa vie, Claudia rend visite à Timmy, son vendeur d’herbe. Parmi les clients de Timmy, il y a aussi Anthony, qui participe à des manifestations pro-vie et qui passe beaucoup trop de temps en ligne. Ce trio trouvera-t-il un point d’ancrage commun ? Un roman percutant où les enjeux sociaux s’incarnent avec brio dans des personnages complexes.
(Traduction de Janique Jouin-de Laurens, Gallmeister, 432 p.)

Mise en forme
de Mikella Nicol
À cheval sur le récit autobiographique et l’essai, ce livre scrute l’attachement particulier que l’autrice voue au fitness. Alors qu’elle s’entraîne dans sa chambre, elle réfléchit à divers sujets : sa rupture récente, son nouveau couple, les femmes disparues et celles qui tentent de s’effacer en se conformant aux diktats de la beauté. Le texte demeure cohérent grâce au fil conducteur de la beauté et du bien-être.
(Le Cheval d’août, 160 p.)

Jyothi
d’Elsa Simone
Quelques jours avant son mariage, la jeune portraitiste Joy prend la fuite vers Kochi, dans le sud-ouest de l’Inde. Elle y rencontre Aakash, un voisin qui héberge secrètement une adolescente. Quand les deux disparaissent, Joy croit qu’un malheur est arrivé et part à leur recherche. Au cours de sa quête, elle croisera une impressionnante galerie de personnages plus grands que nature qui la guideront vers des retrouvailles inattendues. Un premier roman qui réussit à nous transporter au cœur de ce fabuleux pays.
(Druide, 448 p.)

Lucille
d’Ilaria Ferramosca et Chiara Abastanotti
Ce roman graphique, en teintes toutes douces, retrace le parcours de la Dre Lucille Teasdale, cette Montréalaise qui a passé sa vie à soigner des patients en Ouganda, accompagnée de son mari, le Dr Piero Corti. La façon de raconter son histoire, au fil de celle d’une jeune fille qui entamera elle-même des études de médecine, s’avère fort judicieuse. Une postface, quelques photos d’époque et l’historique de l’hôpital que le couple a contribué à faire grandir complètent ce bel hommage à une de nos pionnières.
(Paquet, 204 p.)
Cet article a été publié dans le numéro de mai 2023 de L’actualité.