Les meilleurs livres à lire en juin 2023

La journaliste et parolière québécoise Mélanie Noël illumine les zones grises de l’amour et de l’amitié avec Debout dans vos absences, tandis que le roman lyrique N’ayons pas peur du ciel, de l’auteure canadienne Emma Hooper, transporte ses lecteurs dans l’Empire romain.

montage : L’actualité

En librairie ce mois-ci

Debout dans vos absences

de Mélanie Noël

Mé a déjà été l’amoureuse de M.-A. Mais plus maintenant. Ou peut-être différemment. À défaut de se voir, ils s’écrivent. Des missives qui évoquent le temps qui passe, des lectures qui les chavirent, les observations du quotidien. Hormis les lettres, Mé écrit aussi sur son passé, son présent et son avenir sentimental. Parolière pour Fred Pellerin, Patrice Michaud et Richard Séguin, l’autrice excelle à illuminer les zones grises de l’amour et de l’amitié avec des phrases courtes et bien tournées, qu’on a envie de retenir longtemps.

(Hamac, 192 p.)

Douze arpents

de Marie-Hélène Sarrasin

Au décès de sa grand-mère, Marine reçoit en héritage une coquette somme qu’elle doit obligatoirement utiliser pour s’installer à la campagne, dans un petit village québécois de moins de 1 000 habitants. Un endroit tranquille… jusqu’à ce que les excavatrices débarquent ! Ce roman aborde avec doigté la préservation des milieux ruraux grâce à de judicieux allers-retours chronologiques, liant subtilement l’étalement urbain au développement ferroviaire d’antan. L’autrice arrive même à y glisser une enquête policière aux revirements efficaces.

(Tête première, 208 p.)

Quel est donc ton tourment ?

de Sigrid Nunez

Cette phrase de Simone Weil incarne bien ce court roman de l’autrice américaine Sigrid Nunez. La narratrice est aux prises avec sa propre finalité lorsqu’une ancienne coloc d’université lui demande de l’accompagner durant la fin de sa vie. Même si le cœur de l’histoire est plutôt prenant, la romancière y ajoute quelques apartés lucides sur des thèmes récurrents dans son œuvre, comme la parentalité, le pardon, la vieillesse, et ce, parfois sur un ton humoristique.

(Traduction de Mathilde Bach, Stock, 265 p.)

La promesse du chasseur

de Pamela Korgemagi

Deux histoires se chevauchent puis s’imbriquent, inexorablement. Celle de la Fauve, une femelle cougar qui chasse et qui protège ses petits, et celle de Joseph Brandt, un homme fasciné par cette créature depuis son enfance, marquée par les légendes sanglantes transmises d’une génération à la suivante. L’autrice a réussi le pari d’offrir deux voix narratives complètement différentes : d’un côté, elle n’humanise pas le comportement du cougar, alors que, de l’autre, elle explore les réflexions de Joseph et de son entourage. Amateurs de L’histoire de Pi, ce roman vous ravira !

(Traduction de Gabrielle Filteau-Chiba, XYZ, 396 p.)

Femmes de désordre

de Catherine Côté

Dans le Red Light montréalais de l’après-guerre, Suzanne Gauthier, journaliste aux faits divers, ne passe pas inaperçue. Son intérêt pour les « maisons de désordre » et celles qui y travaillent en importune plusieurs. Est-ce pour cette raison qu’elle se sent épiée ? Catherine Côté plonge le lecteur dans une ambiance sordide avec panache. Les conditions de vie misérables des prostituées sont abordées avec sensibilité dans une histoire au suspense cadencé, où la police intervient (trop) peu. Le livre possède un bon potentiel de suite.

(VLB éditeur, 400 p.)

N’ayons pas peur du ciel

d’Emma Hooper

Ce roman, dense à souhait, retrace le destin de cinq sœurs orphelines durant l’Empire romain. Parfois lyrique et même surréelle, l’histoire s’inspire librement de la vie d’une martyre de sang noble wisigothe, sainte Quiteria, qui aurait vécu vers la fin de l’Antiquité. Chaque chapitre est raconté du point de vue d’une des sœurs, un procédé réussi qui permet de saisir à quel point elles sont toutes uniques. Ce livre épique foisonne de détails historiques sur les débuts du christianisme qui, sans déranger la lecture, enrichissent l’intrigue.

(Traduction de Dominique Fortier, Alto, 448 p.)