En librairie ce mois-ci

Ils finiront bien par t’avoir
de Sébastien Diaz
Quand Sophie Routhier débarque au resto du coin et annonce que l’apocalypse s’en vient, personne ne la croit. Et pourtant ! Les destins de personnes aux quatre coins de la planète s’entremêleront pour créer une fin du monde sanglante. Ceux qui aiment l’horreur apprécieront l’efficacité de la plume, la critique sociale à peine déguisée et les scènes franchement effarantes. Pour une première publication, l’animateur bien connu Sébastien Diaz frappe fort !
(Québec Amérique, 272 p.)

Quatre clémentines éparpillées
d’Élyse A. Héroux
Jocelyne, une dame âgée, vit avec son chien Raimbert. Lorsqu’elle doit être envoyée d’urgence à l’hôpital à la suite d’un malaise, c’est Nathalie qui devient la gardienne de l’épagneul… et qui découvre que sa voisine avait une vie à l’opposé de ce qu’elle imaginait. Dans ce roman choral, on parle avec bienveillance et humour du vieillissement. Une galerie de personnages aux univers distincts rend l’histoire plus éclatée et donne envie de la lire rapidement ! Chapeau à l’autrice, qui sait prendre des « voix » différentes, sans casser le rythme.
(Édito, 336 p.)

Deux innocents
d’Alice Ferney
À L’Embellie, Claire aide de jeunes personnes handicapées à intégrer la vie active. Au moment où Gabriel arrive dans sa classe, il est renfermé et peu loquace. À son contact, il se transforme. Et s’attache. Trop. Quand les parents déposent une plainte pour attouchements, tout s’écroule. L’enseignante bouleversée s’interroge sur le lien particulier qu’elle a tissé avec ces jeunes différents. L’autrice dissèque les sentiments des protagonistes avec une étonnante précision et sans prendre parti. Un roman-choc qui aborde les notions d’innocence et d’attachement avec humanité.
(Actes Sud, 320 p.)

Le plein d’ordinaire
d’Étienne Tremblay
Durant l’été entre la fin de son secondaire et son entrée au cégep, Mathieu travaille comme commis de nuit dans une station-service de Boucherville, à lire, à fumer, à voler des collations et à « cruiser » Val, une collègue. Et il réfléchit à son avenir (mais surtout à Val !). Tremblay insuffle à son premier roman des dialogues collés sur la langue parlée, ce qui lui confère un réalisme abouti. Ses réflexions pertinentes sur les enjeux de la jeunesse (peu importe l’époque) sont bien campées dans une vie de banlieue, à la fin des années 2000, partys d’ados et premiers coups de foudre inclus.
(Les Herbes rouges, 320 p.)

Domaine Lilium
de Michael Blum
Dan Katz enseigne l’histoire de l’architecture à l’Université McGill. Ce Montréalais d’origine israélienne s’intéresse à la Cité de la Muette, un édifice de la région d’Île-de-France qui a servi de camp d’internement sous l’occupation nazie avant de devenir un HLM. En fouillant l’histoire de cet endroit unique, il découvre que le petit-fils du bourreau ayant torturé ses grands-parents est un politicien d’extrême droite qui a des alliés jusqu’en Gaspésie. Déterminé à le traquer, Katz s’enfonce dans un complot aux ramifications multiples. L’auteur a le sens du rythme et il garde l’intrigue au premier plan tout en nous parlant d’architecture. Un roman noir efficace.
(Héliotrope, 246 p.)

Environnement toxique
de Kate Beaton
Ce récit autobiographique en dessins raconte comment l’autrice, originaire de Cap-Breton, a décidé, à 21 ans, d’aller travailler dans l’industrie des sables bitumineux en Alberta afin de rembourser ses importantes dettes d’études. L’album aborde les conséquences écologiques de cette industrie, les conditions de travail difficiles, les milieux masculins souvent toxiques, mais aussi l’étrange solidarité qui se tisse parmi les expatriés qui s’y retrouvent. Une brique percutante.
(Traduction d’Alice Marchand, Casterman, 440 p.)
Cet article a été publié dans le numéro de juin 2023 de L’actualité, sous le titre « 3 bonnes raisons de lire Nuit de combat, de Miriam Toews ».