En librairie ce mois-ci

Dessous les roses
d’Olivier Adam
Paul est un dramaturge et un cinéaste bien en vue. Son inspiration ? Une enfance quasiment inventée de toutes pièces, difficile et rude, qui lui a valu un succès populaire, mais un mépris familial qui a laissé de profondes cicatrices. À la mort de son père, Paul rejoint son frère et sa sœur auprès de leur mère. La fratrie saura-t-elle éviter l’éclatement ? Les couteaux volent bas dans ce plaidoyer pour la créativité artistique au détriment de la vérité, mais l’histoire est assurément prenante.
(Flammarion, 248 p.)

Riley tente l’impossible
de Jeff Lindsay
Le créateur du célèbre tueur en série Dexter présente un nouveau personnage, Riley Wolfe, un Robin des Bois des temps modernes qui détrousse les plus riches de la planète… pour le plaisir ! Avec sa complice Monique, une faussaire de talent, il tentera de dérober les joyaux de la couronne iranienne qu’un musée privé new-yorkais s’apprête à accueillir. L’opération s’avère très risquée. Riley saura-t-il déjouer tout le monde ? Un sympathique polar, pas trop sanglant et bien mené.
(Traduction de Julie Sibony, Gallimard, 480 p.)

Écoute la pluie tomber
d’Olivia Ruiz
Non, il ne s’agit pas de la suite du succès La commode aux tiroirs de couleurs, mais on y retrouve certains personnages, notamment Rita, dont la sœur Carmen, jeune adulte flamboyante, succombera au charme d’un matador retors qui la fera accuser d’un crime à sa place. À sa sortie de prison, Carmen revient à Marseillette. Sa sœur y tient un café, un endroit chaleureux qui accueille une faune bigarrée. À l’aide de nombreux retours en arrière, on reconstruit l’histoire de cette famille espagnole déchirée par l’exil et le deuil, par le rêve brisé d’un pays uni. Un roman chavirant de beauté.
(JC Lattès, 198 p.)

Couleur chair
de Bianca Joubert
Adriana est une orpheline micmaque confiée à une famille blanche où elle peine à trouver ses repères. Arrivera par les bois un esclave américain en fuite qui lui apprendra le pouvoir des mots et l’éveil à autrui. Autour de cette histoire en gravitent mille autres, dont celle de l’unique bourreau noir de Nouvelle-France et de l’arrière-petite-fille d’Adriana, à la recherche de ses racines. Une quête qui traverse l’espace et le temps, de l’île de Gorée, au Sénégal, à la région de Montmagny, en passant par la Louisiane, et qui évoque avec doigté les questions complexes de l’identité.
(Alto, 192 p.)

Les lignes invisibles
de Su J Sokol
Dans ce roman choral dystopique, les quatre membres d’une famille américaine racontent leur exil et les défis que pose l’intégration à une société différente. Aux États-Unis, dans un proche avenir, la police contrôle violemment la population. Pour fuir ce climat toxique, la famille choisit d’émigrer clandestinement à Montréal, devenue un lieu d’asile politique international, une ville refuge. À vélo, le quatuor pédale vers le Québec, le cœur rempli d’espoir. La terre promise sera-t-elle à la hauteur des attentes ?
(Traduction d’Émilie Laramée, VLB, 544 p.)

Rang de la Dérive
de Lise Tremblay
Cinq nouvelles, cinq femmes à la croisée des chemins qui donnent un solide coup de volant dans leur quotidien relativement bien huilé. Rupture amoureuse, deuil, amitiés vieillissantes, tout y est disséqué avec précision, sans arrondir les coins, les phrases blessantes ou les gestes lâches. Peu d’autrices évoquent la soixantaine — et même plus ! — avec autant de lucidité, trahisons douloureuses et renoncements inclus. Un recueil de nouvelles qui se lit aisément d’une traite, par un samedi après-midi de pluie.
(Boréal, 120 p.)
Cet article a été publié dans le numéro d’octobre 2022 de L’actualité.