Marc Séguin : Un artiste à la ferme

Le peintre et romancier Marc Séguin a suivi de jeunes agriculteurs qui rêvent d’implanter des fermes biologiques et écologiques au Québec. Il en a tiré un documentaire, La ferme et son État, qui montre comment leurs ambitions percutent de plein fouet un système qui favorise les grandes exploitations industrielles.

Photo : Cindy Boyce

Pourquoi un documentaire sur l’agriculture ?

Je demeure à la campagne et j’ai une érablière, des porcs en liberté, des poules, un potager, un verger. Autour de moi, je vois des voisins et amis qui essaient d’avoir de beaux produits et de les vendre. Et j’entends beaucoup de frustrations de leur part.

Lesquelles ?
Si on n’est pas une ferme industrielle, c’est très difficile de s’inscrire dans une chaîne de production et de commercialisation. Le film critique cette institutionnalisation des voies de l’agriculture. Il y a toute une relève agricole qui se bat pour exister avec des fermes plus petites, biologiques, écologiques, différentes.

Qu’est-ce qui vous a frappé chez cette relève ?
Ce sont des jeunes instruits, qui disent qu’ils seraient capables de faire mieux avec le même mètre carré de terre que celui de mon père . Mais le système agricole du Québec ne les appuie pas dans leurs démarches.

Dans votre film, vous décriez le fait que le Québec n’a aucune politique agricole. Pourquoi ?
Parce qu’on en a besoin ! Ce secteur nourrit mal sa population. Seulement le tiers de ce qu’on mange au Québec a poussé ou grandi ici. Et il n’y a qu’environ 5 % des agriculteurs qui produisent des aliments biologiques.

Comment améliorer la situation ?
On a besoin de dispositions légales pour appuyer les petits producteurs qui veulent faire autre chose que de l’industriel. On tient des consultations depuis 30 ans, alors qu’on sait ce que les gens veulent : de la qualité et de la production locale.

Vous avez réalisé des entrevues avec trois ministres de l’Agriculture, mais aucun ne figure dans votre film. Pourquoi ?
Ils avaient tous le même discours. Ils disaient qu’ils étaient heureux parce qu’on exporte beaucoup de porcs. Mais retire les subventions à l’industrie porcine : on verra si on réussit à être concurrentiel… L’un d’entre eux me disait aussi qu’il était fier d’annoncer bientôt un nouveau sommet sur l’alimentation. Encore des consultations…

À la fin du film, vous offrez du fromage de lait cru à un de vos intervenants, un cadeau illégal, dit-il. Avez-vous peur de finir en prison ?
[Rire] Non. Voyez-vous, j’ai le droit d’en faire et de nourrir mes quatre enfants avec. Croyez-vous vraiment que je les empoisonnerais avec une bactérie horrible ? C’est là qu’on se dit qu’on a peut-être poussé les choses trop loin. Ces règles tuent toute forme d’innovation dans notre agriculture.
(Le film sera en salle à compter du 29 septembre)

 

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Ceux et celles qui suivent Marc Séguin depuis longtemps (comme c’est mon cas) ; savent que ce n’est pas seulement un peintre et un romancier mais plutôt un artiste multidisciplinaire comme il n’y en a pas assez, lequel qui plus est, a le pouvoir toujours de nous étonner.

Séguin est aussi un dessinateur remarquable, sa vision de toutes choses est unique et mérite pour les profanes que nous sommes… de s’y intéresser.

Séguin est je dirai à l’instar des hommes de la « renaissance », une sorte de « touche à tout » de génie, comme le furent Leonardo da Vinci ou Michelangelo ou de ce côté-ci de l’Atlantique : des Benjamin Franklin ou des Thomas Jefferson.

Aussi cela ne m’a pas trop surpris que l’artiste se soit intéressé dans son film — réalisé je crois à compte d’auteur (donc pas subventionné) -, à cette richesse qu’est l’agriculture, laquelle malgré de notables progrès, n’est encore pas parfaitement employée, comme cela se devrait.

La réalité, en plus de bien manger, c’est qu’une agriculture bien pensée et bien faite, peut rapporter bien plus dans cette Belle Province et même partout au Canada que des avions surtaxés, des prospections pour des énergies fossiles d’une très relative utilité ou l’édification de nouvelles cathédrales industrielles telles cette magnifique cimenterie qui ouvre désormais le ciel de Port-Daniel-Gascon.

C’est un grand bien que des artistes comme Marc Séguin, mette son intelligence et son talent à servir cette belle cause de l’agriculture dans laquelle se trouve finalement ce pain et ce beurre qui alimentent et donnent une forme à toute grande civilisation.

— En complément, je recommande vivement aux lecteurs de L’actualité de lire l’article de Marie Pâris qui traite du même sujet, publié dans VOIR ce mois-ci :
https://voir.ca/voir-la-vie/2017/09/15/marc-a-la-ferme/

J’ai bien lu se fameux reportage qui nous présente en claire le désordre que peut causer une créature tout cracher par nos politiciens d’une organisation syndicale-multi-nationale qui a tout les pouvoirs administratifs et financier afin de mettre main-basse sur tout ce qui bougent en agriculture afin de tuer dans l’oeuf tout développement en agriculture dans un seul but de protéger ses revenus et un contrôle parfait sur l’agriculture québécoise. Même si c’est au détriment de tout les citoyens du Québec.

Il me semble qu’à Lapocatière ils donnent à nouveau des cours sur comment utiliser les chevaux `a nouveau pour des petits lopins de terre. Pas toujours les moyens d’acheter de gros tracteurs qui coûtent une fortnune ! C’est ridicule d’envisager l’agriculture dans une production industrielle qui nous rend dépendant des marchés , des gros producteurs et des marchés extérieurs… Marc n’est pas le seul à repenser à une offre plus locale et à la mesure de l’homme et d’une exploitation plus naturel et normale. Gino Carrier