Mon espace de travail : Louise Dupré

L’actualité a demandé à des lauréats du Prix littéraire du Gouverneur général de nous parler de la relation qu’ils entretiennent avec leur espace de travail et le processus d’écriture. L’auteure Louise Dupré partage ici ses secrets.

Mon espace de travail - Louise Dupré
Mon espace de travail – Louise Dupré

Louise Dupré a remporté le Prix littéraire du Gouverneur général en 2011, catégorie «Poésie», pour Plus haut que les flammes (Éditions du Noroît).

« Quand on m’a attribué le Prix du Gouverneur général, ma mère était gravement malade et je savais que ses jours étaient comptés. C’est à elle que j’ai d’abord pensé, elle qui m’avait encouragée à faire des études, puis à écrire. Elle me verrait remporter cette prestigieuse distinction avant de mourir. J’en ai ressenti une grande joie. De fait, elle s’est montrée très fière de moi : on sait la fierté que les parents peuvent ressentir à l’égard de leurs enfants… »

« Le Prix du Gouverneur général bénéficie de beaucoup de publicité. Il fait connaître — et reconnaître — l’auteur qui l’obtient dans tout le Canada, particulièrement chez les écrivains anglophones, puisqu’il y a encore trop peu de liens entre les communautés anglophone et francophone. »

« Recevoir un prix comme celui-là m’a forcée à revenir sur mon parcours. J’ai aussi publié des romans, des nouvelles, des essais. Mais tous mes livres sont imprégnés d’une vision poétique, d’une attention portée à l’intime. Même si l’Histoire est souvent présente dans mes textes, je la mets en relation étroite avec une intériorité radicale qui n’accepte de se dévoiler que petit à petit. Dans Plus haut que les flammes par exemple, l’horreur subie par les enfants d’Auschwitz est en rapport constant avec le désir de vivre d’un enfant qu’aime la narratrice. »

« J’ai besoin d’écrire dans un lieu qui me permet d’être en contact avec la partie la plus secrète de moi-même, celle que je dissimule dans ma vie sociale, celle qui me pousse vers la douleur, vers la colère ou l’amour fou. Je n’ai jamais réussi à écrire ni à une table de travail, ni dans un café, ni dans une bibliothèque. »

« J’écris dans mon lit, le matin, en me réveillant, au moment où la séparation entre le monde de la nuit et celui du jour n’est pas encore nette, où il me reste des sensations et des impressions de mes derniers rêves. Je laisse venir à la conscience le monde souterrain qui tente d’émerger. Peu à peu, des images ou des émotions s’accrochent à des mots, à des sonorités, à des rythmes qui forment des vers, et les vers composent des strophes. J’essaie de mettre ma pensée en veilleuse, de me laisser porter par le moment présent. Comme mon chat, couché à côté de moi, qui est mon premier lecteur. »

Louise Dupré
Louise Dupré

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