C’est l’une des huit artistes du nouveau spectacle des 7 doigts de la main : Séquence 8.
Talent du cirque applaudi ici et déjà ailleurs, Alexandra Royer a une estafilade au menton et des éraflures aux bras. «Les risques du métier d’acrobate», dit-elle, en vieille pro. À 21 ans, elle a presque autant voyagé que Jean Lemire. Née d’une mère française et d’un père québécois globe-trotteurs, «enfant unique facile à barouetter», elle se destine à une carrière équestre quand elle rencontre le cirque. Et là, chabadabada, c’est l’amour?! «Plus jeune, j’ai voulu être cascadeuse.» Aujourd’hui, elle réalise le rêve d’Icare.

Diplômée de l’École nationale de cirque de Montréal en cerceau aérien, elle épate aussi comme voltigeuse à la barre russe. «Deux disciplines opposées?; les muscles sollicités pour le cerceau ne sont pas les mêmes que ceux qui servent à la propulsion des jambes pour la barre.» Le cerceau demande fluidité et créativité?; la barre, une dynamique acrobatique et une relation quasi gémellaire avec les porteurs — ici, Éric Bates et Tristan Nielsen, respectivement virtuoses de la jonglerie et du main à main.
L’été dernier, au festival SOLyCIRCO, à Sylt, en Allemagne, Alexandra a remporté la médaille d’or avec un numéro de cerceau inspiré du mythe de Sisyphe. «Aux mises en danger, je préfère les mises à nu d’un artiste.» Pourtant, elle n’économise pas les prouesses?: voyez-la se hisser à une hauteur vertigineuse pour déployer, au cerceau, grâce et solennité, ou alors pirouetter sur elle-même et atterrir sur la barre droite comme un «i», sans rabattre de sa force dramatique et de son pep sensuel. «On va sur scène pour sortir de soi-même et établir un contact poétique avec le public.» Propos qui s’attachent à la thématique de Séquence 8, sixième création des 7 doigts de la main?: «Comment on se définit soi-même à travers l’autre.» Du cirque d’auteur, à l’identité forte, toujours à la lisière du théâtre et de l’exploit physique.
Quand elle ne s’envoie pas en l’air pour le travail, Alexandra s’envole pour New York voir des expos ou fait un saut à Paris pour des concerts de jazz. À Montréal, elle attrape les spectacles de danse et de théâtre. «?Il y a à voir tous les soirs. C’est trop le fun. » Qu’elle en profite, car Séquence 8 — principal atout du festival Montréal complètement cirque — prendra la route pour au moins trois ans. L’acrobate reste zen. Pour se détendre, elle fait du yoga, de la photo et des tartes aux pommes.
• Séquence 8, mise en scène de Shana Carroll et Sébastien Soldevila, La Tohu, à Montréal, du 5 au 15 juill., 514 285-9175. www.7doigts.com
Séquence 8 en création :