Après 70 ans passés au Musée de Lachine, tout près du fleuve Saint-Laurent, une coiffe perlée vieille de 171 ans retourne enfin sur ses terres d’origine, Eeyou Istchee, le territoire traditionnel des Cris de la Baie-James. Un périple de 750 km retardé par la pandémie, mais qu’est-ce qu’un léger report si l’on considère les trésors de patience — et de bonne volonté — dont il a fallu faire preuve pour que la pièce soit rendue à sa communauté légitime.
Fabriquée en coton et en laine dans les années 1850 et finement décorée de perles de verre colorées, la coiffe, qui était portée lors des mariages ou des cérémonies marquant le retour d’une chasse fructueuse, aurait constitué un élément important de la vie spirituelle des Cris. Cet objet traditionnel, rare et fragile, avait été exposé à quelques occasions dans les années 1950 et 1960, avant d’être restauré en 2009 par le Centre de conservation du Québec. Mais ce n’est qu’il y a quelques années que des chercheurs de l’Institut culturel cri Aanischaaukamikw, situé à Oujé-Bougoumou, à l’ouest de Chibougamau, ont appris son existence.
« La découverte a excité toute l’équipe », relate Sarah Pash, alors directrice générale de l’Institut, qui supervisait le groupe de recherche. « Nous savions que nous devions rapporter la coiffe à la maison. C’était sa place. Elle devait retrouver la communauté dont elle était issue. »
Institut culturel cri Aanischaaukamikw
L’équipe d’Aanischaaukamikw avait lancé un appel aux musées du monde pour toute information qu’ils détiendraient au sujet des coiffes traditionnelles cries, qui n’existaient plus que dans la mémoire des aînés depuis le début du XXe siècle.
Les Cris ont fait cette découverte alors qu’ils étaient en quête des artéfacts qui racontent l’histoire de leur nation. Un mouvement de rapatriement qui va croissant chez les Autochtones, et qui pourrait avoir des répercussions importantes sur les musées et les institutions culturelles du Québec et du Canada.
L’équipe d’Aanischaaukamikw avait lancé un appel aux musées du monde pour toute information qu’ils détiendraient au sujet des coiffes traditionnelles cries, qui n’existaient plus que dans la mémoire des aînés depuis le début du XXe siècle. Quelques membres de l’équipe se sont rendus dans des musées canadiens, scrutant les catalogues d’exposition et les vieux dossiers, à la recherche d’indices susceptibles de révéler l’existence d’une coiffe ayant survécu aux affres du temps.
Le Musée de Lachine semblait une source prometteuse : une partie de sa collection porte sur le commerce des fourrures qui a amené les Français et les Britanniques sur le territoire des Cris de la Baie-James aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les chercheurs sont rentrés à l’Institut culturel, à Oujé-Bougoumou, avec un exemplaire papier du catalogue d’exposition de l’institution. C’est là qu’ils ont fait leur découverte.
Le moment était chargé d’histoire. La coiffe, après tout, symbolise une culture que les autorités canadiennes ont cherché à assimiler. Abel Bosum, le grand chef du Grand Conseil des Cris d’Eeyou Istchee, a officiellement demandé le rapatriement de la coiffe, et la Ville de Montréal, propriétaire du petit musée, a acquiescé. Pour la mairesse Valérie Plante, remettre aux Cris « un objet qui revêt une signification historique aussi importante » constituait un acte de réconciliation.
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La pression s’intensifie un peu partout en Occident pour que soit remise en question la légitimité du droit de propriété d’œuvres d’art et d’artéfacts détenus par des musées, des galeries ou des particuliers. Des historiens et des dirigeants autochtones cherchent à réparer les torts historiques qui ont conduit à leur détournement — tant le pillage d’œuvres d’art par les nazis que la récolte systématique d’artéfacts autochtones remontant aux premiers jours de l’exploration coloniale.
Au Canada, cette révision commence à peine. Une poignée d’œuvres dérobées par les nazis et apparues au pays après la Deuxième Guerre mondiale ont, ces dernières années, été rendues à leurs propriétaires d’origine ou aux descendants de ceux-ci. Dans certains cas, les familles ont mandaté des entreprises privées pour retrouver et identifier les œuvres leur appartenant, puis ont négocié pendant des années avec les musées pour faire reconnaître leur droit de propriété. Dans d’autres cas, l’initiative est venue des musées eux-mêmes, qui ont fait des recherches pour identifier des pièces usurpées par les nazis et ont contacté les héritiers légitimes pour leur proposer une restitution.
Le rapatriement des innombrables pièces autochtones accumulées au fil des siècles par des institutions culturelles, grandes et petites, souvent de concert avec des collectionneurs privés, constituera toutefois un défi plus important et plus controversé.
Si la question de la propriété légitime de la coiffe crie s’est réglée à l’amiable, la résolution d’autres dossiers s’annonce longue et délicate. Des institutions pourraient résister à la remise d’objets par crainte de dévaloriser leurs collections, mais la plupart n’ont tout simplement pas les moyens de se lancer dans de longues enquêtes d’experts. Pour certains objets, la provenance peut s’avérer impossible à déterminer, ce qui ferait échouer les demandes de restitution. Les pièces ont-elles été offertes ? Échangées équitablement ? Envoyées sans un mot ? Volées ?
Selon des experts en art, le principal obstacle à la restitution à grande échelle au Canada est l’absence d’un programme correctement financé pour à la fois soutenir les musées qui enquêtent sur leurs propres collections et aider les communautés autochtones à payer la récupération des objets perdus ainsi que la construction d’installations pouvant les accueillir. De plus, aucune législation fédérale n’oblige les musées et les galeries à remettre les objets culturels. Tout repose sur la bonne volonté des parties.
Pour les défenseurs des droits de la personne, l’idée de rendre à leurs propriétaires les pièces obtenues illégalement a beau faire consensus au Canada, ces bonnes intentions ne serviront à rien si le gouvernement ne fait pas de ce sujet une priorité.
« Personne ne conteste aux Autochtones le droit à leur patrimoine », affirme Sarah Pash, qui a été directrice générale de l’Institut culturel cri jusqu’en 2018. Mais elle croit qu’une « action authentique » à ce sujet requiert une loi qui ouvre les collections à un examen minutieux, et des fonds pour payer le temps, les déplacements et l’expertise nécessaires à l’évaluation des pièces.
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En 2015, la Commission de vérité et réconciliation, constatant l’importance de protéger les connaissances traditionnelles autochtones, a demandé à Ottawa de financer l’Association des musées canadiens pour qu’elle examine, en collaboration avec les Premiers Peuples, les politiques et les pratiques des musées du pays en matière de préservation de la culture autochtone.
L’idée serait de déterminer dans quelle mesure ces institutions respectent la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui stipule que ceux-ci ont le droit de pratiquer et de revitaliser leurs traditions culturelles.
Robin O’Neil Photography
Auparavant, le simple fait de prononcer le mot « rapatriement » dans le secteur muséal suffisait à couper court à toute conversation, raconte Mixalhítsa7 Alison Pascal, conservatrice au Squamish Lil’wat Cultural Centre, à Whistler, en Colombie-Britannique. « Les gens des musées ne voulaient même pas discuter. »
La déclaration, sanctionnée au Canada sous forme de loi le 21 juin dernier, appelle à la mise en place de mécanismes pour réparer la perte des biens culturels, intellectuels, religieux et spirituels pris aux peuples autochtones « sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, ou en violation de leurs lois, traditions et coutumes ». Selon le document, l’un de ces mécanismes peut être la restitution.
Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, en 2015, a provoqué un changement de mentalité dans le monde des musées d’art au Canada. Auparavant, le simple fait de prononcer le mot « rapatriement » dans le secteur muséal suffisait à couper court à toute conversation, raconte Mixalhítsa7 Alison Pascal, conservatrice au Squamish Lil’wat Cultural Centre, à Whistler, en Colombie-Britannique. « Les gens des musées ne voulaient même pas discuter. »
Mais la conservatrice a remarqué que, depuis six ans, les directeurs de musée adoptent une approche plus critique, considérant les pièces non pas comme des trésors qu’ils possèdent, mais comme des éléments ayant une valeur culturelle intrinsèque.
À une époque où le public interprète de plus en plus l’histoire à travers le prisme de la justice sociale, ce changement peut être aussi important pour la réputation d’une institution que la valeur de sa collection. « Nos musées publics ne devraient pas être des coffres à trophées acquis de manière illicite », déclare Sara Angel, experte en crimes liés aux œuvres d’art et en restitution de celles-ci et professeure adjointe à l’Université de Toronto. « Les œuvres d’art pillées par les nazis sont les derniers prisonniers de l’Holocauste et des pièces entachées par le génocide. Les œuvres d’art autochtones spoliées représentent un vol fondé sur l’impérialisme colonial et le mépris des premiers peuples de ce pays. »
Ottawa a pris quelques mesures pour s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu de la Commission et de la Déclaration des Nations unies, consacrant un million de dollars à un examen national des politiques muséales, ainsi qu’à des ateliers, à l’apprentissage en ligne et à des bourses d’études visant à mettre en place les meilleures pratiques possibles en matière de préservation et de présentation de la culture autochtone.
Mais Sara Angel estime que les institutions elles-mêmes pourraient en faire davantage. « Aucun musée au Canada n’a un financement assuré entièrement par Patrimoine canadien, dit-elle. Si un directeur veut se pencher sur la provenance de sa collection, il peut trouver un soutien financier auprès d’autres sources que Patrimoine canadien. C’est une question de priorisation. »
Plus facile à dire qu’à faire, bien sûr. Mixalhítsa7 Alison Pascal se souvient d’avoir été rabrouée lorsqu’elle avait demandé à emprunter un étui à violon en racine de cèdre tressée à un grand musée de Vancouver : ce dernier avait jugé que son centre de Whistler ne disposait pas des contrôles d’humidité adéquats. C’est l’un des nombreux obstacles rencontrés par les défenseurs du rapatriement des artéfacts autochtones : des institutions canadiennes croient parfois mieux savoir comment en prendre soin que les communautés qui les ont fabriqués.
« Nos pièces culturelles ne sont pas destinées à être conservées pour toujours et à jamais, explique Mixalhítsa7 Alison Pascal. Beaucoup de nos sculptures et de nos paniers sont faits de matériaux naturels, et nombre d’entre eux se décomposent avec le temps et commencent à s’abîmer. » Sa communauté considère cette transformation comme faisant partie du cycle de vie naturel d’un artéfact, et y voit une occasion d’apprendre aux autres comment le remplacer.
Petit à petit, ce message semble passer. Quelques années après son refus initial, le musée a accepté de restituer l’étui à violon à la nation lil’wat. Mixalhítsa7 Alison Pascal cite un autre exemple de réussite, celui du Sunshine Coast Museum & Archives, à Gibsons, en Colombie-Britannique. Lorsque la pandémie a forcé le musée à fermer ses portes au public, le personnel a décidé de procéder à un inventaire des collections. Les employés sont tombés sur des artéfacts de la nation lil’wat et ont contacté la conservatrice au centre culturel de Whistler. Parmi les objets trouvés : 12 pièces de coquille de dentale (un petit mollusque) qui auraient orné des vêtements traditionnels lil’wat.
Ils ont été officiellement pris en charge par le centre culturel en 2020. Il s’agissait, selon Matthew Lovegrove, conservateur du Sunshine Coast Museum, « d’une manière très tangible de soutenir les efforts de réconciliation, et en même temps de remédier à certains des préjudices causés par la colonisation ».
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Il n’est cependant pas toujours possible de remonter en ligne droite jusqu’aux propriétaires légitimes, comme le montre l’expérience récente d’œuvres d’art appartenant à des juifs pillées pendant l’Holocauste : lorsque la provenance est contestée, le rapatriement devient un processus ardu et litigieux.
Après la guerre, des dizaines de milliers d’œuvres d’art saisies par le régime nazi se sont retrouvées sur le marché privé et, finalement, dans des collections de musées en Europe et outre-mer. À ce jour, seules quatre ont été restituées par des institutions canadiennes.
La remise la plus récente, indéniablement nourrie de bonnes intentions, a fini par susciter encore plus de controverse. En réponse à une plainte déposée au nom d’une famille britannique, le Musée des beaux-arts de l’Ontario (MBAO) a accepté, à l’automne 2020, de rendre Nature morte aux fleurs, de Jan van Kessel. Le tableau avait appartenu à Dagobert et Martha David, lesquels, alors qu’ils vivaient cachés à l’époque de l’occupation allemande en Belgique, avaient été contraints de vendre tous leurs biens pour survivre.
Le MBAO a accepté de remettre le tableau à un membre survivant de la famille, mais lorsque la nouvelle s’est répandue, une fondation représentant la succession du marchand d’art juif et survivant de l’Holocauste Max Stern s’est manifestée, laissant supposer que la démarche de restitution à huis clos avait pu mener aux mauvais ayants droit. Selon une version préliminaire de la chronologie du tableau publiée par le MBAO, celui-ci aurait appartenu à Stern à l’origine, avant une transaction avec les David.
Anke Kausch, experte au Canada en recherche sur la provenance des objets datant de l’Holocauste, croit qu’une telle confusion est inévitable tant que le statu quo perdurera : elle estime à quelques dizaines le nombre de pièces d’art pillées par les nazis qui se trouvent dans les musées canadiens, mais note qu’aucune vérification exhaustive n’a été réalisée.
En mars, Anke Kausch a été contactée par un musée pour déterminer si une œuvre avait été volée par les nazis. Elle ne peut pas divulguer de détails tant que l’enquête n’est pas terminée, mais elle juge « très probable » qu’il s’agisse de la cinquième restitution liée à l’Holocauste au Canada.
La spécialiste souligne que « c’est aux musées de chercher les squelettes dans leurs placards », mais que, dans les faits, la plupart n’ont pas les ressources nécessaires et n’enquêtent que lorsqu’une réclamation leur est soumise au sujet de la propriété d’une œuvre d’art.
Anke Kausch est par ailleurs l’auteure d’un ensemble de lignes directrices destinées à aider les musées à mieux identifier les œuvres pillées par les nazis. Le document en question, Recherche de provenance pour l’époque de l’Holocauste dans les musées et galeries d’art canadiens, paru en 2017, est l’aboutissement d’un projet-pilote mené par l’Organisation des directeurs des musées d’art canadiens (ODMAC) et financé par le gouvernement fédéral.
Même avec les modestes engagements pris par Ottawa jusqu’à présent, de nombreux conservateurs et exploitants de musée affirment qu’ils ne peuvent tout simplement pas payer le temps et l’expertise nécessaires pour rechercher dans leurs collections les pièces obtenues à tort. « Nous arrivons à peine à garder la tête hors de l’eau, à juste nous occuper de nos collections », se défend Josephine Mills, qui était la présidente de ce projet-pilote de rapatriement des œuvres spoliées pendant l’Holocauste, et qui est aujourd’hui directrice de la galerie d’art de l’Université de Lethbridge, en Alberta. « Tout directeur de galerie digne de ce nom agit en conséquence et retire de la collection les œuvres d’art volées ou pillées pour les remettre à qui de droit. »
Experts et conservateurs s’entendent pour dire qu’un musée canadien est à l’avant-garde en matière de rapatriement des objets de l’époque de l’Holocauste : le Musée des beaux-arts du Canada. La raison ? De plus gros moyens. « Nous avons un bien meilleur financement que certaines plus petites institutions », convient Anabelle Kienle Poňka, conservatrice associée de l’art européen et américain au Musée. « Les petits établissements canadiens n’ont tout simplement pas le personnel nécessaire pour [le travail d’enquête]. Il faut un chercheur qui se consacre entièrement à cette tâche. »
D’autres pays ont pris des mesures législatives concrètes, obligeant les institutions à agir en conformité avec celles-ci si elles veulent continuer à recevoir des fonds publics. Les États-Unis, par exemple, ont une politique depuis 1990 : en vertu de la loi sur la protection et le rapatriement des tombes amérindiennes, les institutions financées par le gouvernement fédéral sont tenues de restituer les restes, les objets sacrés et les biens culturels amérindiens.
Le Canada a failli établir un programme de rapatriement des biens autochtones en 2019, grâce à un projet de loi d’initiative parlementaire soumis par Bill Casey, député de la Nouvelle-Écosse. Le texte législatif a été adopté à l’unanimité en première lecture à la Chambre des communes, avant de mourir au feuilleton lors du déclenchement des élections au mois d’octobre suivant.
Plus tard dans l’année, Pablo Rodriguez, alors ministre du Patrimoine, a reçu le mandat de créer un cadre de rapatriement, conformément aux recommandations de la Commission de vérité et réconciliation et à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Ottawa a certes engagé un million de dollars pour examiner les politiques des musées, mais la pandémie a frappé et le travail a pris du retard. L’examen, mené par l’Association des musées canadiens en collaboration avec les peuples autochtones, devrait donner lieu à un rapport d’ici mars 2022.
Pendant ce temps, les défenseurs des droits des Autochtones, les responsables des musées et les Premiers Peuples font ce qu’ils peuvent, forgeant un nouvel esprit de coopération locale en attendant un cadre ou un programme fédéral. Et lorsque toutes les parties sont sur la même longueur d’onde, il s’avère que les restitutions peuvent se dérouler sans heurts, même en l’absence d’un registre détaillé de la chaîne de possession.
Dans le cas de la coiffe crie, Sarah Pash note que même l’équipe d’Aanischaaukamikw n’a « aucune idée » de la façon dont elle s’est retrouvée à Lachine. Ce qui est sûr, c’est que la personne qui la portait au XIXe siècle était Jane Gunner, l’épouse du chef de la communauté de Mistissini, et qu’en 1948, un collectionneur privé de Montréal nommé Fred Russell Hamilton en a fait don au musée.
On ne saura peut-être jamais comment ce collectionneur en est arrivé à remettre l’objet. Mais pour Sarah Pash et son groupe, ce qui compte pour le moment, c’est qu’après que cette pièce rare et précieuse eut passé 70 ans dans un musée à des centaines de kilomètres de son lieu d’origine, quelqu’un a entendu leur voix et a jugé bon de faire ce qu’il fallait.
La version originale de cet article a été publiée dans Maclean’s.
Cet article a été publié dans le numéro de septembre 2021 de L’actualité, sous le titre « Retour aux sources ».
En 1974, j’ai acheté une peinture au vieux Québec, pour 5 $. Cela a fait l’affaire de l’artiste qui me la vendu. La peinture est suffisamment belle pour que je la conserve toutes ces années. Elle m »appartiens, selon les règles du jeu. Selon votre article, je devrai la rendre au Québec si un obscur conservateur (?) du Musée du Québec, la voyant, déciderait qu ‘elle avait une valeur historique?
Le Québec est un peu dans le même bateau que les nations autochtones quand son patrimoine historique se trouve vendu dans des encans internationaux et que le gouvernement provincial ne fait rien pour les garder ici. Si ma mémoire est bonne, n’y a-t-il pas des documents remontant à la Nouvelle-France qui ont été vendus en Angleterre il y a quelques années à des collectionneurs étrangers alors que Québec n’a rien fait pour les conserver? Au moins les Premières Nations et les Inuits font des efforts pour récupérer leur patrimoine historique.
Ce qui m’amène à ce que dit Mixalhítsa7 Alison Pascal à l’effet que ces objets sont périssables et que c’est dans l’ordre des choses de les laisser se détériorer avec le temps car ils sont naturels. Quand la réserve de parc national Gwaii Hanaas à Haida Gwaii a été créée en collaboration avec la nation haïda, ces derniers ont exigé que les mats totémiques qui existent encore dans les anciens villages haïdas désertés lors des épidémies soient laissés dans leur état naturel, qu’ils ne soient pas restaurés car cela fait partie de leur cycle de vie. Cela a encouragé les sculpteurs haïdas à créer de nouveaux totems soit pour remplacer ceux qui ont disparu, soit pour agrémenter les villages d’aujourd’hui et une relève s’est formée avec des artistes extraordinaires qui font des œuvres absolument formidables. La culture est une chose dynamique et ce sont aux peuples autochtones à décider de leur patrimoine. Le Québec ne pourrait-il pas s’en inspirer et en faire autant?