Raconte-moi un auteur: Sandra Dussault

Son rêve: que les bibliothèques scolaires soient davantage outillées, que tous les enfants développent un intérêt durable pour la lecture.

Quel est votre rituel d’écriture? Quels sont vos rêves les plus fous? L’actualité a demandé aux finalistes des Prix littéraires du Gouverneur général de parler de leur métier. Toutes les entrevues de la série «Raconte-moi un auteur» sont accessibles ici.

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Sandra Dussault (Photo: Archives personnelles)

Sandra Dussault est l’une des finalistes aux Prix littéraires du Gouverneur général 2015, catégorie Littérature jeunesse (texte) pour Direction Saint-Creux-des-Meuh-Meuh, publié aux Éditions Québec Amérique.

L’étincelle

Comment est né votre désir d’écrire, de créer? Des souvenirs d’enfance précis?

Enfant, je me souviens que j’adorais dessiner et raconter des histoires, mais c’est vraiment à l’adolescence que je me suis mise à les écrire. J’inventais des romances pour mes amies et leur «kick» du moment. Je passais des fins de semaines complètes en pyjama, à noircir des feuilles lignées en écoutant de la musique.

J’ai encore un vieux cartable à la maison avec plusieurs débuts d’histoires qui n’ont jamais abouti à rien. Sauf pour une: les bases de La Cache ont été écrites quand j’avais 16 ans.

Le rituel

Où et quand vous installez-vous pour écrire, pour créer? À quoi ressemble votre espace de travail? Thé, café, boissons, objets fétiches?

Idéalement, je dois être seule à la maison pour écrire. Je suis facilement distraite par le bruit, à tel point que l’été, je dois fermer la fenêtre de mon bureau parce que je passe mon temps à essayer d’identifier les oiseaux quand je les entends chanter! Pour cette raison, je préfère écrire le jour, au moment où tout le monde est au travail ou à l’école. Je me prépare une bonne quantité de thé masala bien épicé, que je bois dans un petit verre… et c’est parti !

L’ouvrage

Quel est le livre qui vous a marqué, qui a changé votre vie? Pourquoi?

Le premier roman à m’avoir profondément touchée, je l’ai découvert vers 14 ans. Je lisais déjà beaucoup à l’époque, mais je me souviens que Christophe (Die Sache mit Christoph) de l’auteure allemande Irina Korschunow a marqué une étape de ma vie en me projetant tout à coup dans l’adolescence. Mal de vivre, révolte, amour, suicide… on était loin de la Bibliothèque rose et du Club des 5!

J’étais une adolescente plutôt sage et silencieuse et la lecture de ce roman a été une révélation pour moi. Et je crois que c’est à cause de celui-ci si j’écris encore des romans pour ados aujourd’hui. Parce que j’aimerais qu’un jeune, quelque part, se sente happé par un de mes livres, comme je l’ai été par Christophe un jour.

Le projet

Quel est votre prochain projet littéraire? Le ou les thèmes que vous prévoyez aborder?

Le second et dernier tome de La Cache sera publié cet hiver à Québec Amérique, et je travaille présentement à terminer un sixième roman pour adolescents. Je voulais écrire une histoire où il serait question d’affirmation de soi, avec un personnage qui tente d’accéder à son rêve malgré la pression qu’il subit de son entourage.

Je trouve qu’aujourd’hui, on dévalorise beaucoup les métiers manuels. C’est comme si réparer des voitures ou diriger une ferme laitière étaient des options à envisager uniquement si vos notes ne vous permettaient pas d’accéder à l’université. Je voulais que mon histoire raconte le contraire: qu’on devrait choisir un métier pour ce qu’il nous apporte émotivement et non pas pour son statut dans la société.

Le rêve

Vos rêves les plus fous! Pour le monde de la littérature (l’avenir du livre, par exemple), pour la société, pour votre entourage, pour les arts…

En tant qu’enseignante, mon rêve le plus fou serait que les bibliothèques scolaires soient davantage utilisées et outillées pour permettre à tous les enfants de développer un intérêt durable pour la lecture.

Certaines bibliothèques manquent cruellement de livres, d’autres sont tellement désuètes qu’elles ne donnent pas le goût de s’y rendre, et dans la plupart des cas, elles sont dirigées par des mamans bénévoles, motivées et pleines de bonnes intentions, mais à qui on a donné comme unique mandat de scanner des codes-barres et replacer les livres sur les rayons.

Les bibliothèques scolaires auraient besoin de gens formés pour mettre la lecture et les livres en valeur, pour animer des ateliers, des clubs de lecture et pour diriger les enfants dans leurs choix. Dans le contexte actuel, c’est un rêve fou, je l’admets.

Toutes les entrevues de la série «Raconte-moi un auteur» sont accessibles ici.


Les Prix littéraires du Gouverneur général sont administrés et financés par le Conseil des arts du Canada.