

On connaît son intérêt pour l’histoire. Celle du Québec et en particulier de sa région natale, cette Abitibi dont il chante l’austère beauté. On sait qu’il aime parfois remonter le fil du temps jusqu’à des rives plus lointaines, lui qui publiait, en 2008, un récit autour d’Aliénor d’Aquitaine (1122-1204). Cette fois, Richard Desjardins monte sur scène pour dire les mots du poète espagnol Federico García Lorca, dans ce qui sera certainement l’un des temps forts du 20e Festival international de la littérature.
«Pour être honnête, confie Desjardins, je ne connaissais pas tellement Lorca. Je savais qu’il était mort à 38 ans, fusillé par les franquistes au début de la guerre civile espagnole. Je savais qu’il était l’auteur de chansons très populaires, qu’il avait écrit la pièce Noces de sang, mais ça demeurait superficiel. » Ça, c’était avant que le violoniste virtuose Alexandre Da Costa lui tende une perche et l’invite à créer, avec lui et le guitariste Alexandre Éthier, le spectacle qui allait bientôt avoir pour titre Soleil d’Espagne : Vies et poésies de Lorca.
Da Costa avait déjà monté un récital apparenté à Londres, avec un narrateur anglais, et rêvait d’entendre l’auteur de « Tu m’aimes-tu ? » se mettre en bou-che ces mots passionnés, amoureux, inquiets des dérives de son époque. « J’ai lu toute la poésie de Lorca, explique Desjardins, et j’ai été ébloui par son incroya-ble modernité. Il faut dire qu’il était très influencé par le mouvement surréaliste français, ce qui ne l’a pas empêché de puiser du côté de la littérature orale gitane. J’ai donc embarqué, mais j’ai segmenté à ma façon, j’ai fait des colliers d’images. L’idée, c’est de raconter l’homme aussi. »
Le spectacle a en effet pour visée de mieux faire connaître ce dernier au public québécois. « Il y a une mise en contexte, une narration autour des poèmes. Ça devient un grand voyage dans l’Espagne du début du XXe siècle. Attention, ce n’est pas un spectacle de chansons comme tel », tient à préciser celui qui achevait, au milieu de l’été, les représentations de la tournée L’existoire, du nom de son plus récent album (2011).
Le guitariste Alexandre Éthier, présent lors de l’entrevue, souligne quant à lui la force du dialogue créé entre les vers et la musique. « Nous avons sélectionné des compositeurs qui étaient des amis de Lorca. Manuel de Falla, par exemple, qui a puisé beaucoup dans le folklore espagnol, tout comme Lorca l’a fait. On va aussi entendre des pièces de Gaspar Sanz, de Pablo de Sarasate… Disons qu’en tant que musiciens, on se fait plaisir ! »
C’est un rendez-vous, quelque part entre Rouyn et Grenade, au pays des hommes libres. (Les 18 et 19 septembre au Théâtre Outremont, puis en tournée au Québec)