Quel rapport aviez-vous avec le roman avant d’entamer votre adaptation ?
À la mort de mon père, j’ai écouté tout ce qu’il avait enregistré, lu tout ce qu’il avait écrit. Mon souvenir de ma lecture de Pieds nus dans l’aube, vers mes 17 ans, est celui d’un roman salutaire. C’est son œuvre écrite que je préfère. Je prenais conscience que mon père avait été un gamin et que ce qu’il était à 12 ans était encore en lui à la fin de sa vie, à 74 ans.
Le roman est paru en 1946 et se situe en 1927. Y avez-vous trouvé des résonances avec le monde actuel ?
C’est seulement quand j’ai vu le film pour la première fois que j’ai constaté une teneur « politique ». Le jeune Félix et son ami Fidor parlent des Anglais avec méfiance, car ce sont eux les patrons à l’époque. Nous sommes loin de ça aujourd’hui. Nous avons eu deux référendums et la question de la souveraineté n’est à peu près plus soulevée. Quand le film se termine et que Félix part (ironie du sort) pour Ottawa, avec devant lui tout un pays à bâtir, je me dis qu’un jeune adolescent qui voit ça aujourd’hui peut encore espérer la même chose.
Vous avez écrit le scénario avec le conteur Fred Pellerin. Quel a été son apport ?
Fred a ouvert des portes, des chemins parallèles. J’ai eu l’impression de prendre une œuvre que mon père nous avait laissée et de l’amener plus loin. C’était important de trouver quelqu’un qui comprenait l’univers du livre, sa portée, sa langue. J’ai toujours dit que Fred était un fils spirituel de Félix, alors je me suis trouvé un frère pour mener l’aventure à bon port ! Nous avons revisité le récit en nous faisant plaisir, sans dénaturer l’œuvre.
À l’affiche à compter du 27 octobre.