En études féministes, le sujet du sport arrive bon dernier. Jusqu’à la création récente du Laboratoire de recherche pour la progression des femmes dans les sports au Québec (Lab PROFEMS), dont elle est la directrice, Guylaine Demers se sentait bien seule dans sa barque. Située à l’Université Laval, l’unité mixte de recherche doit ramer pour rattraper le retard qu’a pris le milieu sportif sur la société en général en matière d’inclusion.
« La culture même du sport est encore très patriarcale, note la chercheuse. Plus il y aura de femmes en position de leadership, plus ça aura un impact sur la qualité du système sportif et sur la diminution du harcèlement et des abus. La recherche l’a déjà démontré. »
En étroite collaboration avec Égale Action, le Lab PROFEMS collecte de précieuses données afin de trouver des solutions adaptées à la diversité du milieu sportif québécois. « On travaille à dresser un portrait beaucoup plus précis des identités de genre, des minorités visibles, de l’origine ethnique et des personnes en situation de handicap », explique Guylaine Demers.
Mieux accueillir la diversité
Alors que l’arrivée de femmes trans dans plusieurs disciplines sportives engendre des débats peu glorieux exacerbés par la désinformation, la chercheuse a constaté, par les témoignages de coachs LGBTQ+ qu’elle a recueillis, que l’homophobie est encore présente. Un outil efficace permettant de mieux accepter les différences demeure la formation de l’entourage des athlètes.
« Il y a encore des parents qui se montrent très frileux en apprenant que la coach de leur fille est lesbienne, raconte la directrice. Tous les dirigeants sportifs ont besoin de formation en matière d’inclusion pour savoir comment réagir à ce type de situation. »
Défaire le carcan binaire
Plusieurs fédérations sportives se demandent comment s’y prendre pour rendre positive l’expérience des filles au sein des équipes mixtes – qu’elles soient créées parce que le bassin d’athlètes est trop restreint ou parce que certains sports perdent peu à peu leur caractère genré. Pour leur part, les chercheuses du Lab PROFEMS y voient une belle occasion d’avancer sur le chantier de la mixité. « On veut remettre en question la binarité du sport et explorer d’autres manières de l’organiser pour que l’ensemble des jeunes puissent s’y adonner dans un environnement accueillant et inclusif », expose Guylaine Demers.
Il en va aussi de l’apparence corporelle. « Le sport est très sélectif, exclusif. Les athlètes qui ont un surplus de poids sont généralement écartés parce qu’on associe encore l’embonpoint à la mauvaise forme physique. C’est l’un de nos prochains dossiers. »
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