
D’abord, un cookie, appelé « témoin » en français, c’est quoi? C’est un petit paquet de données échangé sans modifications entre des serveurs. Le nom est un clin d’œil aux biscuits chinois, qui contiennent un message.
Il y a deux grandes familles de témoins. Ceux dits « primaires », qui sont partagés seulement entre le site et l’usager; ils permettent notamment de rester connecté et de conserver ses préférences de navigation. Ce sont les « bons » témoins.
Il y a aussi les témoins installés et suivis par des tiers (third-party), qui peuvent mener à des abus. Ces témoins enregistrent les activités d’un utilisateur sur différents sites. En 2020, il y avait en moyenne 20 de ces témoins par page visitée, certains sites pouvant en contenir jusqu’à 800.
Les biscuits sont cuits
La « Cookie Apocalypse » s’inscrit dans la prise de conscience des abus potentiels et avérés des données recueillies par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).
En 2018, l’Union européenne et d’autres organisations étatiques comme la Californie se sont dotées de lois pour protéger davantage les données privées de leurs citoyens. Les entreprises ont emboîté le pas, notamment Apple et Mozilla qui bloquent les témoins tiers par défaut sur leur navigateur. Google a repoussé à 2024 ses intentions de faire de même.
Chez les annonceurs, ça a eu l’effet d’une bombe. « Le coût média a doublé, voire triplé », explique Jean-François Renaud, cofondateur d’Adviso, une firme de stratégie et de marketing numériques. Comme les données des usagers sont plus difficiles à obtenir, elles coûtent plus cher.
Les internautes ignorent les jeux qui se passent en coulisse pour attirer leur attention. Mais certains ont pu se faire offrir un rabais contre un abonnement à une infolettre par des entreprises qui cherchent à obtenir l’information la plus précieuse à l’ère « postapocalyptique » : une adresse courriel.
« Dès qu’une entreprise a un système de connexion, elle dispose d’une section Profil contenant notre adresse, notre nom, notre genre, et peut-être notre historique d’achat », rappelle Jean-François Renaud. Un trésor.
Reprendre le contrôle
L’expert voit ces changements d’un bon œil. « Nous sommes plus conscients de la valeur de nos informations », résume-t-il. Les usagers obtiennent une rétribution concrète en retour de leurs données, tandis que les entreprises recueillent les données en prenant davantage de précautions.
Jean-François Renaud croit toutefois que cette transformation de l’écosystème Web doit être accompagnée de sensibilisation. « Les entreprises doivent faire preuve d’une plus grande transparence à propos des données qu’elles recueillent, mais les usagers ne doivent pas non plus être des poissons morts avec la bouche ouverte quand ils remplissent un formulaire et répondent à un courriel. »
Ainsi, la fin des témoins tiers atteint son objectif, soit accroître le contrôle qu’exercent les citoyens sur le partage de leurs données personnelles. Est-ce que ça créera un Web plus sûr? Cela dépendra de ce que les internautes décideront de faire d’une telle responsabilité.
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