L’an dernier, l’achalandage record a fait bien des dégâts dans le parc Michel-Chartrand, à Longueuil. « Beaucoup de gens sont sortis des sentiers balisés à pied, en raquettes ou à vélo à roues surdimensionnées, voyant les traces laissées par d’autres personnes qui en avaient fait autant avant eux », raconte Yvan Landry, président des Amis du parc Michel-Chartrand. Désormais, à chaque pluie, des flaques se forment dans les sentiers, dont le sol s’est compacté à force d’être piétiné. Pour éviter les petites nappes d’eau, les promeneurs les contournent et empiètent sur la végétation. Ils écrasent ainsi les plantations faites par les bénévoles pour contrer les dommages dus au broutage des cerfs, toujours plus nombreux à cause des visiteurs qui les nourrissent.
Ces récentes menaces s’ajoutent à celle que fait déjà peser sur le parc une espèce exotique envahissante, l’agrile du frêne, qui fragilise et finit par tuer ces arbres. Pour freiner ses ravages, la Ville de Longueuil va devoir abattre 13 000 frênes le long des sentiers. Que restera-t-il du parc si les visiteurs écrasent toute nouvelle végétation ?
Yvan Landry estime que de 80 % à 90 % des promeneurs ne veulent pas mal faire, mais qu’ils ne sont pas conscients des dommages qu’ils occasionnent en quittant les pistes balisées ou en nourrissant les animaux. Les comportements nuisibles sont toutefois contagieux. « Les recherches en psychologie de l’environnement ont montré que plus un site est déjà dégradé, moins les visiteurs font attention », explique Pascale Marcotte, chercheuse en tourisme durable à l’Université Laval.
Il est facile de se convaincre que sortir d’un sentier n’est pas bien grave. Sauf que le sol qu’on foule, les herbes qu’on écrase ou les branches qu’on tasse sont autant d’invitations pour les marcheurs suivants à faire de même, avec le risque que ces sentiers improvisés finissent par détruire des plantes fragiles ou menacées, ou qu’ils dérangent la faune.
Les sites peu encadrés sont bien sûr les plus à risque. « Dans les parcs nationaux, on observe moins ces comportements nuisibles, car la signalisation, les consignes et les patrouilleurs sont plus présents. Les visiteurs sont généralement plus éduqués, et l’entretien régulier évite que la situation dégénère », explique Pascale Marcotte.
C’est beaucoup plus difficile quand les lieux sont gérés par des bénévoles, qui n’ont souvent ni l’autorité ni les moyens ou la formation pour agir efficacement. Lorsque la fréquentation augmente très rapidement, comme sur les plages de Gaspésie l’an dernier, les responsables n’ont pas le temps de s’adapter, et il faudra parfois des années pour réparer les dégâts.
Les règles à observer
Voici donc 10 conseils à suivre afin que les espaces sauvages puissent rester des lieux agréables pour les visiteurs et des havres pour la biodiversité.
- Respecter les consignes et la signalisation.
- Demeurer sur les sentiers, même quand ce n’est pas indiqué. Marcher en file indienne là où c’est étroit.
- Éviter les périodes achalandées pour faciliter les déplacements dans les sentiers et ne pas avoir à se stationner hors des espaces prévus.
- Ne pas nourrir les animaux, puisque cela perturbe leur comportement naturel. Ils risquent de vouloir se rapprocher des humains, quitte à se mettre en danger. La nourriture que leur offrent les bois est suffisante et meilleure pour leur santé.
- Planifier les repas de manière à minimiser la quantité de déchets à gérer. Même les restes compostables, comme une peau de banane ou un trognon de pomme, ne doivent pas être jetés dans la nature. Ces détritus mettent souvent plus de temps à s’y décomposer que ce qu’on pourrait penser, ils risquent d’attirer des animaux qui ne sont pas habitués à ces aliments et ils peuvent introduire des espèces exotiques (des pépins de pomme peuvent donner naissance à un pommier). De plus, ce comportement pourrait inciter d’autres visiteurs à jeter aussi leurs déchets au sol.
- Déposer ses détritus dans les poubelles. Si celles-ci sont pleines, on rapporte le tout.
- Ne pas cueillir des plantes, déplacer des roches ou même ramasser des bouts de bois, puisque ceux-ci sont très utiles à certains animaux.
- Ne camper et faire des feux que dans les espaces désignés.
- Ne pas transporter du bois de chauffage d’une région à une autre, puisque des insectes envahisseurs peuvent s’y cacher. Cette pratique est carrément interdite dans de nombreux parcs nationaux, car elle favorise la migration d’espèces exotiques comme le longicorne asiatique, qui tue les arbres feuillus.
- Ne pas crier ou parler fort, pour pouvoir jouir des sons de la nature, et ne déranger ni la faune ni les autres visiteurs.
Merci pour ces bons conseils!
Merci! oui, on y pense pas assez souvent
Toute l’information que l’on peut faire circuler pour sensibiliser et bien informer quant au comportement à adopter dans les milieux naturels est utile. Alors merci pour cet article. Cependant les 10 balises fournies, bien que fondées, n’offrent pas le cadre structuré dont les pleinairistes ont besoin pour bien protéger les écosystèmes. Les sept principes Sans trace structurent le message autour des risques de pollution et d’impacts aux sols, à la faune, à la flore, aux ressources en eau, au patrimoine naturel et culturel, aux autres visiteurs, utilisateurs et riverains. Ils constituent un cadre de référence sur les pratiques et les techniques de réduction des impacts qui ont été éprouvées. A votre disposition pour en parler en profondeur et pour aborder ce qui fsit sa force comme dispositif éducatif et son efficacité pour renverser des processus de dégradation des milieux naturels. Les sept principes sont souvent évoqués comme une nécessité, mais sans plus.
Si j’ai bien compris, en résumé, ça veut dire ¨restez chez vous¨… si vous n’êtes pas biologiste. Mais on n’osera jamais vous le dire.