Une majorité de Canadiens sont favorables à la croissance du secteur pétrolier et gazier au pays, selon une enquête pour l’Université d’Ottawa récemment publiée par Nanos Research.
Dans l’ensemble du Canada, 58 % des personnes sondées se disent favorables à une plus grande exploitation des ressources d’énergies fossiles — responsables de 28 % des GES du Canada en 2021, révélait le dernier bilan du gouvernement fédéral, rendu public plus tôt cette année.
Il n’y a qu’au Québec qu’une pluralité s’oppose à cette idée, mais les avis demeurent partagés : près de la moitié des répondants sont contre, alors que 4 sur 10 se montrent favorables. En Colombie-Britannique aussi on est loin d’un consensus, les deux camps étant à égalité statistique.
Mais ailleurs au pays, l’industrie pétrolière jouit de solides appuis : ça va de 61 % favorables à la croissance du secteur en Ontario jusqu’à 75 % dans les Prairies, région qui inclut l’Alberta.
Cela ne ressemble pas à un électorat engagé et prêt pour la transition énergétique.
L’enquête de Nanos a demandé aux Canadiens (échantillon aléatoire de 1 054 répondants, marge d’erreur de ±3 %, 19 fois sur 20) d’évaluer l’importance du secteur pétrolier et gazier pour l’économie actuelle du Canada sur une échelle de 0 à 10. Parmi tous les répondants, 74 % ont donné une note entre 7 et 10, dont une pluralité de sondés (32 %) qui ont carrément choisi « 10 ».
Cette proportion a gagné neuf points depuis novembre 2020, une variation qui se situe en dehors de la marge d’erreur de ce sondage.
Déterminer si le secteur du pétrole et du gaz est « important » pour l’économie canadienne est sans doute une question de sémantique, car il n’y a guère de débat quant à son ampleur. Selon Statistique Canada, de l’an 2000 jusqu’au début de la pandémie, la part du produit intérieur brut (PIB) du secteur pétrolier et gazier dans l’économie était, en moyenne, de 5 % pour le Canada, de 21 % pour l’Alberta et de 25 % pour Terre-Neuve-et-Labrador.
Les combustibles fossiles constituent donc un élément important de l’économie canadienne. Et les appels à une transition vers les énergies renouvelables, pour lutter contre les changements climatiques en réduisant les émissions de GES au pays jusqu’aux cibles proposées, n’ont guère d’écho chez les citoyens.
Ainsi, les analystes de Nanos, en utilisant la même échelle que la question précédente, ont mesuré que 57 % des Canadiens pensent que le secteur pétrolier et gazier est un élément important de l’avenir économique du Canada.
Le quart des personnes interrogées (26 %) ont même attribué une note de 10 à l’importance du secteur pétrolier et gazier pour assurer un avenir économique au Canada.
Ces résultats de sondage sont politiquement chargés pour les libéraux fédéraux. Outre la fameuse taxe carbone, en vigueur dans plusieurs provinces, sauf au Québec où la bourse du carbone locale joue le même rôle, de nombreuses politiques environnementales récentes mises en œuvre par le gouvernement Trudeau ont fortement misé sur les technologies vertes, dans l’espoir, en théorie du moins, d’éliminer progressivement la dépendance du Canada aux combustibles fossiles.
Le dernier budget de la ministre des Finances fédérale, Chrystia Freeland, comprenait 87 milliards en crédits d’impôt pour le développement de technologies propres, dont l’hydrogène et la capture de carbone. Cela se voulait aussi une réponse à des programmes similaires annoncés aux États-Unis.
Les chiffres de Nanos montrent également que les Canadiens sont prêts à soutenir la croissance du secteur des énergies renouvelables — 94 % y sont favorables —, mais la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne se fera pas sans l’élimination progressive des combustibles fossiles. L’ajout de sources d’énergie renouvelables ne peut contribuer à cette réduction que si elles remplacent le pétrole, le gaz et le charbon.
Mais que faire de tout ce gaz et tout ce pétrole? Selon les résultats du sondage, 63 % des Canadiens, dont des majorités dans chacune des régions, croient que « les exportations du secteur pétrolier et gazier du Canada peuvent contribuer à la lutte contre les changements climatiques mondiaux si nos exportations remplacent les sources d’énergie dans d’autres pays qui sont plus dommageables pour le climat ».
Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il est urgent d’agir pour éviter, minimiser et traiter les pertes d’écosystèmes et les dommages causés aux infrastructures essentielles. Les données montrent que le réchauffement de l’atmosphère induit par l’humain a déjà provoqué des changements climatiques à un rythme sans précédent dans l’histoire récente de la Terre.
Pour éviter des dommages irréversibles au climat et à de nombreux écosystèmes menacés, les changements progressifs dans la consommation d’énergie ne suffiront pas, comme nous en préviennent plusieurs climatologues depuis de nombreuses années. Nous avons besoin d’actions radicales.
Le Canada n’a jamais atteint les objectifs d’émissions fixés dans les accords qu’il a signés depuis les années 1990. Ce qui nous mène à cette question : que peuvent faire les gouvernements si les électeurs ne suivent pas ? Même le plan le plus ambitieux et le plus scientifique au monde ne portera aucun fruit si les citoyens n’y adhèrent pas.
Il est facile d’être cynique face aux défis climatiques qui nous attendent et à la tâche monstrueuse qu’il faudra accomplir pour les relever, mais on peut se demander si un gouvernement — quelle que soit sa couleur — pourrait vraiment gagner une élection en poussant ses citoyens et ses dirigeants d’entreprises à s’engager encore plus loin dans la voie des technologies propres.
La question n’est pas tant de savoir si les Canadiens sont prêts pour la transition énergétique, mais s’ils la souhaitent.
Quel échec catastrophique. Le gouvernement Trudeau n’a jamais mené les vastes campagnes d’information et d’éducation qui seraient nécessaires pour que la population aspire au changement radical qui s’impose, ni proposé un projet inspirant de société durable auquel la population pourrait adhérer. Au contraire, ce gouvernement a toujours parlé des deux côtés de la bouche, en donnant ses paroles au climat mais ses $ et ses appuis politiques au pétrole et au gaz. Recette parfaite pour banaliser la crise existentielle qui menace le vivant.
Je ne crois pas que ce soit seulement le gouvernement Trudeau. Les autres avant lui n’ont pas fait mieux. Ce n’est pas d’hier qu’on sait que nous devons changer nos habitudes. Je crois cependant que ça vient du fait que les citoyens ne veulent pas en entendre parler. Malheureusement plusieurs ont la tête dans le sable et les autres pensent que ce n’est pas à eux d’amorcer le changement. C’est selon moi un problème de société. La politique ne fait que répondre à son électorat. C’est à chacun de s’impliquer individuellement et le mouvement sociétaire suivra, mais malheureusement sûrement trop tard. Il faut continuer à en parler.
Pas vraiment surprise! Le Canada n’échappera pas à la mouvance conservatrice qui balaie l’Occident. La désinformation et les réseaux sociaux ont atteint leur but.. Touche pas à mon confort! voilà la recette gagnante des conservateurs dont l’appât du gain a eu raison de toute conscience sociale. La droite n’a plus rien de progressiste.. Des lendemains qui pleurent en vue!
« Que peuvent faire les gouvernements en matière de lutte contre les changements climatiques si les citoyens ne les suivent pas? »
En instaurant des normes plus sévères, les citoyens et les entreprises vont suivre. Il y aura, certe, une période d’adaptation, mais ça va changer. Un bon exemple est celui des plastiques à usage unique.
Le geste le plus important, à mon humble avis, est celui de l’amélioration du code du bâtiment: Au Canada, il fait froid en hiver. En construisant mieux, nous consommons moins d’énergie, donc nous réduisons nos émissions de GES. Il ne faudrait pas oublier que le Québec fait bande à part avec son hydroélectricité et que dans le reste du pays, encore beaucoup de l’électricité utilisée dans les résidences est produite avec des combustibles fossiles. Le but ultime serait de favoriser la construction résidentielle nette-zéro et que celle-ci devienne, éventuellement, la norme.
Un autre geste est celui de l’investissement et de la planification pour des systèmes de transport en commun électrifiée efficace. Pour ça, il faudrait que tous les paliers de gouvernement commencent par se parler pour arriver avec bonne vision globale et un plan d’action concret. Si nos gouvernements veulent voir leurs citoyens utiliser leurs voitures au minimum, il faudra faire la démonstration que les autres moyens de transport sont plus attirant que la voiture.
En faisant tout ça, on aura un bon de chemin de fait dans le but de garder l’utilisation des combustibles fossiles au minimum.
Bonjour
Est-ce que les Canadiens comprennent vraiment tout l’impact nocif des GES, gaz à effet de serre, plus il y en aura, plus la terre se réchauffera. Oui, il est minuit moins une, mais les richards de ce monde (pétrolières) ne sont pas des leaders pour le bien de la planète.
Le changement climatique est probablement l’un des principaux facteurs d’augmentation de l’activité des feux de forêts . Les vagues de chaleur extrême sont déjà cinq fois plus fréquentes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a 150 ans et devraient devenir encore plus fréquentes à mesure que la planète continue à se réchauffer. Les températures plus chaudes assèchent la terre et contribuent à créer l’environnement idéal pour des incendies de forêt plus importants et plus fréquents.
Ceux qui pensent que le Canada n’est pas touché se font de grossières illusions ou se trompent : lors d’une vague de chaleur nord-américaine en 2021 qui a tué plus de 1 000 personnes, Lytton, en Colombie Britannique, a connu la température la plus élevée jamais enregistrée au Canada, à savoir 49,6 °C. Le lendemain, la ville a brûlé. Tout comme la pandémie de Covid 19, le changement climatique ne connaît pas de frontières : il touche tout le monde, partout !
Lorsque certaines stations météorologiques de l’Antarctique ont récemment signalé, pour la première fois dans l’histoire, des températures proches de 0 °C, il est tout à fait irresponsable (et dangereux) d’adopter des points de vue isolationnistes.
Au Canada, on continue encore voir l’industrie pétrolière et gazière faire de la publicité sur des panneaux d’affichage, parrainer des événements artistiques et culturels majeurs et promouvoir ses produits dans des campagnes médiatiques, même sur la chaîne de télévision CBC. Malheureusement, les publicités gouvernementales destinées au public et soulignant la gravité de la situation sont dangereusement absentes !
Cette absence explique en partie pourquoi 58 % des Canadiens soutiennent l’expansion des combustibles fossiles !
La grande majorité des Canadiens ne subit pas encore les effets des changements climatiques, la plupart habitant les grandes villes du pays. Par contre, ceux qui vivent dans les forêts savent ce qui s’en vient et dès maintenant, en ce 1er mai, on voit déjà de grands feux de forêts en Colombie-Britannique et en Alberta, royaume du pétrole et du gaz.
Ceux qui savent, comme les Autochtones qui s’opposent aux pipelines, sont durement réprimés par une unité spéciale de paramilitaires de la police fédérale, le C-IRG utilisant des véhicules, avions, hélicoptères, franc-tireurs, chiens etc. L’ironie c’est que les grands responsables du désastre qui prend forme sont aux commandes, avec l’appui des gouvernements qui voient dans le pétrole et le gaz une manne pour les politiciens qui appliquent leur règle de droit alors que ceux qui défendent leur territoire et la planète sont considérés comme des criminels!
Malheureusement, pour les gens qui ne voient pas plus loin, le réveil sera brutal car quand les campagnes seront dévastées et les forêts détruites, ce sont les villes qui vont finir par écoper mais cela se fera beaucoup plus rapidement et brutalement que pour ceux qui vivent dans la nature et qui auront la chance de s’adapter petit à petit. Cela rappelle un peu la fable de Jean de Lafontaine, la cigale et la fourmi…
Rappelez-vous que le pétrole ne se boit pas et le gaz ne se mange pas mais on peut mourir les poches pleines de fric et un bon compte en banque… pour ce que ça vaut dans l’au-delà!