L’auteure est directrice des politiques nationales du Réseau action climat Canada.
Quelle année difficile pour le climat ! Autant les impacts de la crise — dôme de chaleur meurtrier et rivières atmosphériques en Colombie-Britannique, incendies de forêt partout en Méditerranée, inondations en Chine, en Allemagne et en Europe, canicules au Québec et j’en passe — ont été dévastateurs, autant le rythme de l’action climatique s’est accéléré.
Le Canada a adopté en juin une loi sur la responsabilité climatique qui l’obligera pour la première fois à déposer un plan permettant d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le gouvernement du Québec a dit non au projet GNL Québec, ce qui empêchera le rejet de 50 mégatonnes de carbone dans l’atmosphère chaque année.
L’éléphant dans la pièce des politiques climatiques, soit l’expansion continue de la production d’énergies fossiles, a enfin été abordé de front pendant un débat télévisé lors de la campagne électorale fédérale, une première.
La Caisse de dépôt et placement du Québec s’est engagée à désinvestir ses actifs dans le secteur du pétrole d’ici la fin de 2022.
Le premier ministre François Legault a annoncé en grande pompe, à la COP26, que le Québec se joignait à l’alliance Beyond Oil & Gas et qu’il mettrait fin à l’extraction des hydrocarbures.
Il reste beaucoup, beaucoup de pain sur la planche pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C, mais ces victoires sont le fruit du travail acharné de citoyennes, de citoyens et de groupes de la société civile qui, depuis des années, défendent la planète et ses habitants, de toutes les espèces. Ces personnes se sont impliquées dans les processus démocratiques et ont poussé les gouvernements à faire ce qui est dans l’intérêt de la population maintenant et à long terme, plutôt que dans l’intérêt de certaines entreprises à court terme.
Il n’est pas rare de voir ces développements qualifiés de « victoires pour les écologistes ». J’ai toujours trouvé ce genre de propos farfelus.
Qui sont « les écologistes » ?
Ce qualificatif transformé en nom commun semble référer à un groupe précis. Dans le Larousse, la première définition associée à ce terme est « chercheur scientifique en écologie ».
Si je ne m’identifie pas à ce mot, c’est que le mouvement climatique est constitué d’une variété d’expertises. Oui, plusieurs scientifiques (pas seulement en écologie) le composent, mais ses acteurs sont aussi avocats, médecins, syndicalistes, ingénieurs, journalistes, gens d’affaires, artistes, fonctionnaires, politiciens… Oui, certains « écologistes » sont des professionnels, mais le mouvement tire sa force de bénévoles qui luttent sans relâche et depuis des années pour protéger ce qui leur est cher — l’avenir de leurs enfants, le boisé près de chez eux, des espèces culturellement significatives pour leur communauté autochtone, la santé des terres agricoles et la qualité de l’eau de la vallée du Saint-Laurent…
Comme la crise climatique touche absolument tous les secteurs de la société — l’énergie, l’industrie, le transport, la santé, l’alimentation, la mode, les médias, les arts, l’économie, le travail —, des experts de tous ces domaines se rendent compte que les changements climatiques posent le plus grand défi existentiel à leur secteur et se joignent ainsi à la masse croissante du mouvement climatique.
Je me demande si le public s’imagine que les écologistes sont un groupe de hippies qui arborent du macramé et mènent des vies monastiques afin de diminuer leur impact environnemental. Breaking news : ce sont des humains qui ont diverses allégeances politiques et qui travaillent à transformer les systèmes énergétiques et économiques, mais en attendant, ils vivent dans ces systèmes.
Comme me l’a dit un collègue œuvrant dans une grande organisation environnementale québécoise : « Nous ne sommes pas un groupe de pression homogène. Ce n’est plus seulement une lutte militante, mais bien un projet de société. » Leurs idéaux, qui paraissaient naïfs il y a quelques années à peine, sont maintenant vus comme le gros bon sens. Il est devenu complètement absurde d’opposer économie et environnement quand on considère le rythme auquel sont créés des emplois dans le secteur des énergies propres, en comparaison au secteur fossile.
En 2021, les Canadiens ont constamment classé les changements climatiques au sommet des enjeux qui les préoccupent. Un sondage Léger publié par le journal 24 heures établissait aussi que 73 % des Québécois de 18 à 35 ans s’estiment éco-anxieux. Ces milliers de personnes qui s’inquiètent pour notre avenir ne sont-elles pas, elles aussi, écologistes ?
Je pense que oui. Mes amis qui magasinent une thermopompe pour remplacer leur chauffage à l’huile sont écologistes. Ma sœur, qui est ingénieure pour une entreprise d’énergies renouvelables, également. Quiconque organise dans son milieu de travail une livraison hebdomadaire de paniers de légumes en agriculture soutenue par la communauté ou donne de son temps à la campagne politique municipale d’un militant pour la justice climatique est aussi écologiste.
Les écologistes sont maintenant partout. On les trouve là où ils ont choisi de faire avancer leurs engagements : dans la rue, dans les gouvernements, dans les corps législatifs, dans les conseils d’administration, par exemple. La variété des secteurs de la société représentés au sein d’un mouvement n’est pas anodine : la littérature savante sur la résistance civile évalue que la capacité d’une campagne à coaliser plusieurs segments de la population est déterminante pour son succès. Il sera donc primordial de continuer le travail pour représenter et inclure toute la diversité de la société dans laquelle il s’ancre, et pour créer des ponts entre les différentes luttes pour la justice.
Défendre la vie sur terre
Les « écologistes » ne sont pas un groupe de gens qui ont décidé spontanément de détester les pipelines. Leurs actions sont guidées par le désir de protéger la vie sur terre. En ce sens, la seconde définition d’« écologiste » donnée par le Larousse est plus juste : « défenseur de la nature et de l’environnement ». Il manque toutefois un élément humain à cette description, car nous faisons partie intégrante de la nature.
Lorsqu’on en finira enfin avec cette satanée pandémie, s’exclamera-t-on qu’il s’agit d’une victoire pour les immunologues ? Il n’y a donc pas de victoires appartenant aux écologistes seulement. Elles profitent à tous les humains et à la vie sur terre.
Faire partie du mouvement
J’ai la chance de côtoyer tous les jours (virtuellement du moins au cours des presque deux dernières années) ce vaste mouvement. C’est sans doute la raison pour laquelle, malgré le fait que nous nous dirigeons vers 2,7 °C de réchauffement au-delà des niveaux préindustriels, je ne me décourage pas. L’espoir est un phénomène social. Les sentiments de connexion et de communauté que me procure le partage de mon quotidien avec plusieurs personnes incroyables, intelligentes et stratégiques, qui consacrent leur vie — ou quelques heures par semaine — à rendre nos sociétés plus justes et plus durables, sont pour moi la plus grande source de motivation.
Chaque année, la coalition demandant des actions climatiques à une échelle proportionnelle à la gravité de la crise ne fait que s’agrandir, devenant de plus en plus puissante. Ce sera inéluctablement le cas en 2022 aussi.
Alors à toutes ces personnes : merci. À ceux qui n’en sont pas encore, vous êtes les bienvenus. Contribuez avec nous à rendre le terme « écologiste » obsolète. C’est comme ça que l’on gagnera chaque dixième de degré à la fois.
employé le terme écolo ou pas ne va pas faire grand-chose pour la biodiversité! d’ailleurs, en vous lisant, je reçois l’impression suivante: les écolos sont partout donc, il n’existe plus en tant qu’écolo! curieux résonnement s’il en est. Ceux qui se disent écolo n’ont pas de spécialité écolo, et ce, depuis le début. Vous parler d’une image figée de ce qu’on nomme écolo, c’est vrai qu’elle n’existe plus si tant est qu’elle est déjà existé! Mais constamment parler des g e s comme équivalent de la crise climatique me semble réducteur, parler de climat sans faire état de la bio-diversité c’est tout aussi réducteur et donc, pas tout à fait écologique! S’il est un terme que j’aimerais voir disparaître, ce n’est pas écolo mais … durable, développement économie et à peu près tout sauf notre ptite vie d’humain. L’économie s’oppose encore à l’écologie parce que l’économie ce n’est pas que, l’emploie comme vous le faites valoir dans votre raisonnement. L’espoir? oui, les chrétiens ont une belle expression pour la décrire; espérer contre toute espérance; ça, c’est la lucidité et c’est ce que je vous souhaite comme rédactrice d’article qui peuvent nous éclairer.
Je ne sais si l’écologie est une science qui se connecte avec la ‘Biologie’ et englobe l’horticulture et la Botanique 1
Certes le mot ‘Écolos’ est peut-être désuet vue la technologie et le progrès on oserait sur celui -ci ‘D’environnementaliste ‘ Mais il existe encore pour les contemporains ! CERTES !
Certes le Climat joue beaucoup sur la nature ! Climatologue ! Un mot désuet aux premiers abords mais qui sonne bien quand on parle du ‘climat’ ou des changements climatiques ! Pour les néophytes Cela relève une polémique quand à la Météo et la Météorologie ou encore ‘Les Météorologues ‘
Ce n’est pas parce qu’on est plus nombreux qu’on doit cesser de s’appeler écolos. D’ailleurs ce texte fait preuve d’un énorme aveuglement volontaire car si bien du monde en parlent, les actions ne suivent pas. Les forestières continuent à dévaster nos forêts et à faire disparaître les caribous des bois pendant que nos chers concitoyens sont bien heureux de se promener en motoneige l’hiver dans l’habitat du caribou ou encore profitent des routes forestières l’été pour aller à leurs «chalets». On en est rendu à détruire la forêt boréale qui prend des siècles à se constituer.
Ailleurs au pays, le NPD de Colombie-Britannique détruit les forêts anciennes, millénaires, de l’île de Vancouver malgré les protestations, car c’est plus important des jobs que l’environnement et que les gens ont besoin d’argent pour s’acheter des pick-ups. Qui plus est, vous mentionnez les Autochtones: le même NPD en est rendu à sa quatrième attaque de paramilitaires de la GRC contre les Wet’suwet’en qui veulent protéger leur territoire ancestral contre la folie des gazoducs, tout ça pour une compagnie privée, CGL filiale de Trans-Canada.
On jappe fort mais on ne fait pas grand chose; on dit d’ailleurs chien qui aboie ne mord pas. Les gens continuent à polluer à tour de bras, à construire des maisons de plus en plus grandes dont ils n’ont même pas besoin mais qu’il faut chauffer l’hiver et climatiser l’été (de plus en plus) et s’achètent de plus en plus de VUS. Ça fait pas trop écolo quant à moi.
Quand les gens individuellement prendront les moyens pour faire face au plus grand défi de l’humanité depuis le début des hominidés, les changements climatiques qui pourraient mettre fin à l’humanité alors qu’on est en train de vivre la plus grande extinction depuis celle des dinosaures il y a 65 millions d’années, alors on pourra dire qu’il n’est plus nécessaire de parler d’écologistes. En attendant, il faut méditer sur le dicton « faites ce que je dis, pas ce que je fais»…
Le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales), une division du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), apporte pour écologiste la définition suivante : « (Personne ou groupe de personnes) qui défend l’environnement humain et plus généralement la nature en tant que garants d’un bon équilibre humain. »
https://www.cnrtl.fr/definition/écologiste
Cette définition correspond clairement à ce qu’écrit Caroline Brouillette. Pourquoi donc vouloir faire basculer le terme d’écologiste dans l’obsolescence ?
Pour celles et ceux qui n’aiment pas le terme d’écologiste on peut si on veut substituer le mot par : « vert » ou encore « environnementaliste ».
D’un point de vue grammatical il convient d’établir une distinction entre l’usage du mot écologiste comme substantif ou comme adjectif. Utilisé comme adjectif, le terme d’écologiste est plus général, il touche par conséquent toutes personnes préoccupées par l’environnement.
J’aimerais ajouter qu’il existe une écologie politique, que celles et ceux qui sont engagés politiquement dans cette direction sont par le fait même des écologistes.
L’erreur commise par madame Brouillette, c’est de croire que des politiciens dont le conservatisme est patent qui semblent porter désormais de l’intérêt à l’environnement, qu’ils feraient force égale avec celles et ceux qui ont choisi comme cheval de bataille politique la cause de l’environnement (et des droits fondamentaux soit dit en passant), en termes simples et clairs : tout ce qui touche au bienêtre et à la conservation de la planète. — Un combat qui soit dit en passant dure depuis plus de soixante ans et qui n’a pas encore pris fin.
Toutes sortes de préoccupations environnementales qui étaient déjà à l’ordre du jour au Siècle des lumières avec les Encyclopédistes, Voltaire ou Jean-Jacques Rousseau ; l’être humain fait-il parti de la nature ou a-t-il été désigné par des forces obscures (Dieu peut-être…) pour soumettre la nature à ses moindres envies ?
À mon point de vue, l`écologie réfère au maintien d’un équilibre en toute chose et donc en Nature certainement. Un problème avec notre appropriation du terme écologiste est dû au fait que les humains se croient au dessus de tout dans cette Nature. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont le principal problème pour les désordres que nous connaissons. Le plus grand des problèmes est celui de l’épuisement des ressources terrestres et il est dû à la surpopulation humaine. Les écologistes sont victimes d’un tabou qui fait qu’on n’ose nommer cette chose même s’ils en sont tous conscients.
Enfin! L’écologiste en chacun va de soi.
Wow! Quelle réduction du terme écologiste!
De toute évidence, madame, vous ne comprenez pas l’essentiel du terme.
David Suzuki a dit dernièrement que les seuls vrais écologistes étaient les autochtones d’ici (et encore, pas toutes les tribus) car ils vivaient en réelle harmonie avec la Terre Mère ce qui implique qu’on ne tente pas de modifier (qui est en réalité, une forme de destruction) son environnement pour se faciliter la vie mais qu’on fonctionne avec ce qu’Elle nous offre année après année en tenant compte des autres habitants du milieu (dont la Terre Mère a besoin pour garder son équilibre et sa capacité à se régénérer) et des besoins de reproduction des espèces dont on se sert d’une façon ou d’une autre.
Les changements climatiques ont d’ailleurs commencé le jour où un humain a coupé des arbres pour cultiver, amputant la Terre d’une partie de son poumon. De même, cette activité, qui visait à nous simplifier la vie, de même que les premiers essais de domestication des animaux au détriment des autres espèces aux alentours sont le point de départ de la diminution de la bio-diversité si nécessaire au maintien de l’équilibre des écosystèmes dont, au bout du compte, nous dépendons. On ne s’en rendait pas compte alors mais tout ça nous rattrape aujourd’hui (sauf qu’on refuse de regarder cela en face car les conséquences de cette prise de conscience sont trop grosses pour qu’on veuille les envisager!).
Non, les écologistes ne sont pas légion. Il y a juste, tranquillement et quand ça commence à faire mal, une petite prise de conscience qui se fait. Trop petite pour changer vraiment le résultat final…
Pourquoi se donner des titres, prenons le problème par le bon bout et disons simplement comme P.E. Trudeau:
La protection de l’environnement est:
“Un acte rationnel et de gros bon sens dans un monde de plus en plus irresponsable.” P.E. Trudeau
Justin ne l’a pas compris encore.
Nous au Québec ……………….on est pour l’environnement…………………on achète plein de ………..gros …pick-up…………pour transporter……….de la poussière……………et des marinpouins…………!!!!!!!……………Ayoye