Quel sera le prochain grand projet hydroélectrique du Québec ? La machine à rumeurs est emballée depuis la dernière campagne électorale, au cours de laquelle le premier ministre François Legault a annoncé son intention de relancer la construction de barrages.
Afin de réussir son virage carboneutre d’ici 2050, le Québec devra atteindre une meilleure efficacité énergétique, mais il faudra aussi qu’Hydro-Québec parvienne à augmenter sa capacité de production de 33 % à 50 %. Les rivières qui présentent une dénivelée et un débit suffisants pour fournir ces 15 000 à 20 000 mégawatts (MW) d’électricité verte, fiable et abordable ne sont pas légion.
Le plan stratégique 2004-2008 d’Hydro-Québec s’intéressait déjà à cinq rivières, dont quatre particulièrement prometteuses : une sur la Côte-Nord (du Petit Mécatina) et trois dans l’Ungava (Caniapiscau, à la Baleine, George). Toutefois, le défi économico-politico-environnemental que représente la réalisation de ces projets serait aujourd’hui proportionnel à leur potentiel énergétique sur le papier.
L’option la plus immédiatement réalisable serait celle de la rivière du Petit Mécatina, située sur la Basse-Côte-Nord, à 100 km du bout de la route 138 (qui se termine à Kegaska). Ce complexe serait le « jumeau » de la Romaine (quatre centrales mises en service entre 2014 et 2022). Trois centrales y produiraient ensemble 1 500 MW. Hydro-Québec a déjà surdimensionné la ligne électrique de la Romaine pour recevoir le « jumeau ».
Si la société d’État arrivait à s’entendre avec les Innus, elle pourrait espérer contenir la facture à sept milliards de dollars. Mais 6,4 ¢ le kilowattheure, c’est le double du prix moyen de production du réseau.
Le potentiel serait plus grand du côté de la baie d’Ungava. La Caniapiscau est le principal affluent de la rivière Koksoak, qui passe devant Kuujjuaq, chef-lieu des Inuits du Nunavik. Même si 45 % de son débit est désormais dirigé à l’ouest vers le complexe de la Baie-James, le flot résiduel de la Caniapiscau permettrait de produire 1 600 MW, selon les calculs d’Hydro-Québec effectués en 2003, soit autant que du Petit Mécatina. La société d’État estimait le potentiel de la rivière George à 3 100 MW, et encore 1 100 MW pour la rivière à la Baleine (à ne pas confondre avec la Grande rivière de la Baleine et la Petite rivière de la Baleine, qui se jettent dans la baie d’Hudson).
Ces quatre cours d’eau combinés représenteraient un potentiel total de 7 300 MW — soit presque la moitié des besoins futurs d’Hydro-Québec. Mais harnacher ces rivières constitue un défi colossal sur plusieurs plans.
Les Inuits et les Naskapis, cosignataires de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, négocieront en position de force. Et la présence de hardes de caribous, actuellement en déclin marqué, teintera les études. Sur le plan technique, l’accès à ce territoire demeure un casse-tête. Certes, une route gravelée de 666 km, la Transtaïga, se rend déjà au réservoir de Caniapiscau. Et le chemin de fer de la Côte-Nord et du Labrador arrive juste en amont des rivières Caniapiscau et de la Baleine. Mais dans le meilleur des cas, il faudrait aménager plusieurs centaines de kilomètres de voies terrestres dans le pergélisol. Sans compter les lignes à haute tension.
Il y a 20 ans, Hydro-Québec estimait que ces chantiers lointains allaient coûter de 11 ¢ à 15 ¢ le kilowattheure. Les clients devront donc s’attendre à payer leur hydroélectricité verte beaucoup plus cher.
Cet article a été publié dans le numéro de mai 2023 de L’actualité, sous le titre « Les 4 fabuleuses ».
Faut-il être surpris ? Les inuits et autochtones ne donneront plus leur aval pour une bouchée de pain, soyez-en sûr.
¨Il y a 20 ans, Hydro-Québec estimait que ces chantiers lointains allaient coûter de 11 ¢ à 15 ¢ le kilowattheure.¨ J’irais jusqu’à dire que ce sera le double sinon le triple de ça. Alors, commencez à épargner pour votre chauffage dans dix ans, car le KWh va vous coûter très cher, même pour les voitures électriques qui vont se rapprocher des prix du méchant pétrole.
Pouquoi ne pas relancer les Candus, ce serait plus facile et renforcerait une expertise Canadienne de premier plan.
Les Allemands sont à démolir 3 autres centrales nucléaires. Alors il reste l’Eolien ee les barrages sur les rivières. Si le vent est bon , on arrête la production sur le barrage en coupant l’arrivée d’eau. L’arrêt de production sur une centrale nucléairec’est plus compliqué. La maintenance coûte une forture. ( 3 milliads pour la réfection de Pointe
Lepreau au Nouveau Brunswick. )…..
Réplique à M. Pelchat.
Vous dites bien ¨Si le vent est bon¨.
J’ai travaillé vingt-cinq ans dans les centrales d’Hydro-Québec: Manic-Outardes, Ste-Marguerite 3 (S.M.3 qui a coûté plus de 14 milliards à elle seule) et je peux vous dire qu’il en coûte des centaines de millions quand vient le temps de les rénover. Des centrales hydrauliques sont sur le point d’être centenaires, si ce n’est déjà fait. Avec l’avancement des technologies, les centrales nucléaires ne semblent pas plus dangereuse qu’un barrage qui pourrait céder et inonder tout sur sous les flots, humains et biens matériels. La durée de vie de l’éolien est estimé à environ 20-25 ans et doit être complètement remplacé. Alors, le nucléaire et l’hydraulique peu polluants ne sont pas de mauvais investissements sauf que… les rivières harnachables sont très rares et très loin. La limite est presque atteinte. Donc ???