L’auteure est directrice des politiques domestiques de Climate action network Canada.
Récemment, le soleil de Montréal est devenu orange à cause de la fumée des feux de forêt en Ontario, entre autres ; des inondations records ont empli d’eau et dévasté des quartiers de l’Allemagne, de la Belgique et de la province du Henan, en Chine ; et le Brésil est maintenant aux prises avec l’une des pires sécheresses en 100 ans.
Le nombre élevé de phénomènes météorologiques extrêmes en quelques jours, qui confirme que les lanceurs d’alerte avaient raison, aurait-il galvanisé la mobilisation contre la crise climatique ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais on peut l’espérer.
Depuis la publication de mon précédent billet sur ce sujet, plusieurs personnes m’ont demandé ce qu’elles pouvaient faire pour s’impliquer efficacement dans la réponse à la crise climatique. Je n’ai certainement pas de solution à tout, mais voici quelques idées.
1. Comprendre et ressentir
Face à un enjeu aussi complexe, énorme et profond, il est normal de se sentir désorienté. Éprouver de la peur, de la tristesse, de la colère, de l’anxiété, ou être en deuil par rapport à l’état de la terre — de laquelle nous dépendons tous — est normal.
Prendre le temps d’affronter ses émotions climatiques, aussi compliquées et difficiles à vivre soient-elles, est une première étape pour contrer la dissonance cognitive qui nous assiège collectivement. La Dre Britt Wray, qui étudie les effets de la crise climatique sur la santé mentale, publie une excellente infolettre intitulée Gen Dread, dans laquelle elle soutient que les émotions ne devraient pas être enterrées, mais explorées et comprises, particulièrement au fil de conversations avec nos proches. Elle affirme que « le but de parler avec les autres de la peur que nous ressentons à l’intérieur n’est pas de nous condamner au néant émotionnel. Il s’agit de nous aider à faire face ainsi qu’à exploiter ces sentiments afin que, lorsque nous sommes en connexion avec les autres, nous puissions transformer plus efficacement le monde extérieur ».
2. Passer de consommateur à citoyen
J’ai récemment posé la question à des amis : de quelle façon croyez-vous avoir le pouvoir de lutter contre la crise climatique ? La plupart des réponses menaient vers les choix personnels et les activités individuelles.
C’est un réflexe normal, particulièrement dans une société définie par l’individualisme, de penser que ce sont des gestes individuels qui nous sauveront.
Mais si l’on veut prévenir les pires effets des changements climatiques, des transformations essentielles sont requises. Le Programme des Nations unies pour l’environnement nous met en garde : si les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne diminuent pas de 7,6 % par an de 2020 à 2030, le monde ratera l’objectif fixé par l’Accord de Paris, soit de limiter la hausse des températures à 1,5 °C. C’est énorme, surtout que l’on sait qu’à l’apogée de la pandémie, en mars 2020, quand la plupart des espaces publics et commerciaux étaient fermés et qu’il y avait peu ou pas de véhicules sur les routes, les émissions individuelles des pays n’ont baissé que de 26 % en moyenne.
Une grande partie de notre impact écologique est donc une conséquence de nos choix collectifs plutôt que personnels : la source d’énergie qui réchauffe et éclaire nos maisons, la façon dont nos villes sont construites, les réglementations auxquelles sont soumises les industries, et j’en passe. Pour preuve, l’Agence internationale de l’énergie, qui a modélisé la trajectoire énergétique à suivre pour parvenir à la carboneutralité en 2050, évalue dans son rapport Net Zero by 2050 que les changements de comportements individuels compteront pour 4 % de la réduction des émissions de gaz à effet de serre nécessaire pour atteindre cette cible. Le reste devra venir des choix collectifs.
C’est sans compter que le gouffre grandissant des inégalités fait que nos actions individuelles sont loin d’avoir la même portée. Certains, par exemple, font la course à l’espace entre milliardaires, alors que la majorité des êtres humains n’ont jamais pris l’avion.
Cesser de focaliser sur soi et plutôt focaliser sur les systèmes, c’est aussi se percevoir comme un membre d’une communauté à laquelle on est redevable, et à laquelle on peut contribuer positivement.
3. Participer aux efforts collectifs
Éviter les pires effets de la crise climatique passera par l’adoption de lois et règlements à la hauteur du problème, par l’élection de décideurs qui ont le courage de faire face à l’urgence, par l’imputabilité qui sera exigée de ceux qui se sont enrichis en polluant notre atmosphère. Cela passera par la justice sociale et économique. Le pouvoir de faire de cela une réalité, en imposant des conséquences politiques à l’inaction, ce sont les mouvements sociaux qui en disposent.
On peut penser à l’incroyable militantisme, soutenu sur plusieurs années, qui a mené au refus du projet GNL Québec, le 21 juillet dernier, par le ministre de l’Environnement, Benoit Charette. Au total, 54 associations étudiantes représentant près de 360 000 étudiants, plus de 648 scientifiques, dont 250 médecins et professionnels de la santé, 40 économistes, plus de 60 groupes de la société civile, tous les partis d’opposition et trois communautés innues ont pris position contre GNL Québec et Gazoduq. Sans compter le leadership local du regroupement citoyen Coalition Fjord. Les consultations publiques menées par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) ont entraîné une participation record : plus de 2 500 mémoires ont été déposés, dont plus de 90 % s’opposaient au projet.
En se joignant à des efforts collectifs, ces citoyens ont multiplié exponentiellement leur impact et ainsi empêché que 50 millions de tonnes de carbone soient déversées dans l’atmosphère chaque année ! C’est énorme.
Cette victoire citoyenne n’aurait pas été possible sans que des milliers de personnes fassent des milliers de choses différentes. Quels que soient vos talents et vos forces, il y a une place pour ces derniers au sein des mouvements sociaux qui luttent pour la justice, climatique ou autre. On a besoin de tout le monde !
De nombreux groupes citoyens travaillent dans le sens de cette transformation collective. Mères au front, le Front commun pour une transition énergétique et le Collectif de la société civile québécoise à la COP26 sont des exemples inspirants. Les groupes de voisins qui souhaitent embellir leurs quartiers par des ruelles vertes ou des jardins en sont aussi.
De plus, les élections municipales et fédérales à venir constituent une occasion cruciale de faire avancer la lutte contre la crise climatique. Vous pouvez contribuer à organiser un débat entre les candidats fédéraux de votre circonscription ou participer à l’opération Vire au vert, qui vise à mettre les enjeux environnementaux au cœur des élections municipales.
4. Se rappeler les raisons de la lutte
Même si protéger la planète du dérèglement climatique est souvent conceptualisé comme une lutte, ceux et celles qui combattent le font le plus souvent par amour. Par amour pour l’incroyable beauté de la terre et de la nature, par amour pour leurs proches, leurs enfants et leurs concitoyens, par amour pour la vie et pour les humains, aussi imparfaits soient-ils.
On ne lutte donc pas seulement contre — l’industrie pétrolière et gazière, les projets d’infrastructures fossiles, les entreprises qui s’enrichissent au détriment de la santé humaine et de la planète — on lutte pour un monde meilleur.
Même si l’effort requis pour éviter le pire est immense, les effets collatéraux en valent la peine. Car au passage, on créera un monde plus sain, plus juste et plus heureux, et des collectivités dans lesquelles il sera plus facile, plus accessible et plus agréable de vivre, de se déplacer, de se nourrir et de s’épanouir.
Se rappeler cette vision d’un avenir réalistement meilleur est important, particulièrement dans les moments les plus durs. Mais en parler est aussi un puissant moyen de motiver d’autres personnes à collaborer. Et plus il y a de gens qui rejoignent les rangs de l’effort climatique, plus nous rendons cet avenir possible.
Bravo et merci de nous aider à faire le tri dans nos sentiments, à nous responsabiliser et à agir.
Avec l’approche des élections municipale en novembre, que peut-on demander , voir même exiger de nos élus municipaux?
Dans ma ville on dépense en pistes cyclables, mais on coupe le budget de plantation d’arbre, et on abandonne des milieux humides aux mains des quartiers résidentiels . Que devrait-on exiger d’eux?
En effet, j’ai lu quelque part qu’avec les abattages causés par l’agrile du frêne, Montréal serait en déficit de plantation d’arbres… Pour plein de raisons: fixer du CO2, contrer les îlots de chaleur, créer un tampon en cas de grosses pluies, la plantation d’un maximum d’arbres devrait être une priorité. Pourquoi ne pas demander l’aide de la population et par le fait même l’impliquer?
Merci pour cet excellent article. Par contre, pourquoi personne ne parle jamais de l’industrie alimentaire et de son effet sur les GES? Pensons que la consommation animale pour se nourrir produit au moins 20% (sinon plus, certaines études parlent de 50%) de l’émission de GES, sans parler de déforestation et de pollution des cours d’eau. Pour ma part, je suis devenu 100% végétalien et c’est en partie pour faire ma part pour l’avenir de notre chère planète. Et comme prime, ma santé s’en porte extrêmement bien!
Merci pour orienter notre réflection sur les solutions
1. Convertir les véhicules thermiques en voitures électriques,
j’ai déjà fait l’expérience avec la conversion de mon vieux tracteur Case 430 Diésel et maintenant il est à batterie, que du bonheur, maintenant ça sens le trèfle quand je travaille dans les champs ou l’air pur l’hiver quand je déblaye mon chemin privé, fini la puanteur des gaz d’échappement. Fini de transvaser du Diésel qui pue et qui dégouline. Quand j’ai fini de travailler avec le tracteur je le branche tout simplement sur une prise 120v ordinaire pendant que je dors ou fait autre activités.
Ce serait une transition sans douleur pour ceux qui sont déjà dans les métiers mécaniques.
Ça prend des mécaniciens pour enlever les moteurs à combustion interne,
ça prend des inventeurs comme Rolland Bougie de St Jean Baptiste SJB pour orchestrer la conversion, ça prend des ateliers comme Sylvain Héroux de SJB pour réaliser les travaux d’usinage,
ça prend des spécialistes de véhicules électriques de toutes sortes comme Kegolf de Roxton Falls pour accessoires électriques de toutes sortes.,
ça prend des usines d’engrenage comme Machine shop St-Hubert pour fabriquer des engrenages adapteurs pour coupler le nouveau moteur électrique à la transmission,
ça prend des spécialistes de batteries comme Simon André de Trois-Rivière, etc…
je m’excuse pour tout ceux que j’oublie.
Autrement dit ça donne du travail à un tas de métiers qui font rouler l’économie
2. Bannir les nouvelles voitures thermique VT.
Forcer les manufacturiers à recycler les anciens modèles pour qu’ils deviennent zéro-émission ou convertie en VE.
Ça mettrait en évidence immédiatement qu’on ne peut pas comparer le coût d’un VE avec celui d’un VT, pcq le VT n’est pas zéro-émission.
Le coût d’un VT deviendrait beaucoup plus élevé qu’un VE,
c’est une illusion trompeuse que de penser que le VT est moins cher, nous le payons tous.
Ma coiffeuse veut augmenter ces prix en septembre, pourquoi pcq le prix de l’essence augmente et moi qui conduit un VE devrai payer pour son essence. Je lui ai offert de la payer en double si elle s’achetait un VE. cricri cricri.
Le VT doit être subventionné directement ou indirectement par subventions au pétrole à coup de milliards par année pour arriver à des prix inférieurs au VE,
ce n’est pas la libre entreprise libre et non-faussée.
3. convertir les systèmes de chauffage polluant gaz/mazout aux pompes à chaleur électriques, non seulement ça coûte moins cher mais c’est à double usage chaleur et climatiseur
et la tendance est au réchauffement (GIEC).
Justement les JO sont au Japon, spécialistes des pompes à chaleur https://cleantechnica.com/2021/07/30/ductless-heat-pumps-demystified/
4. bannir tout nouveau branchement de gaz dans le code de bâtiments pour nouvelles résidences comme ça se fait de plus en plus dans le monde.
L’avenir de Gaz métro dépend de l’augmentation des branchements
mais la survie de l’humanité dépend de son débranchement https://www.independent.com/2021/07/22/santa-barbara-city-council-bans-natural-gas-in-new-construction/
5. énergies solaire avec stockage pour arriver à une décentralisation de l’énergie et d’arriver un jour aux Centrale Électriques Virtuelles VPP
https://cleantechnica.com/2021/07/17/tesla-is-inviting-its-energy-customers-in-california-to-join-its-virtual-power-plant/
pour en finir avec l’importation de pétrole,
imaginons les surplus qui se dégageraient et l’auto-suffisance en énergie.
Plus besoin d’aller en guerre et tuer des innocents pour le pétrole.
Un déversement d’énergie solaire ça s’appel une belle journée et c’est plein de vitamine D.
De la revue scientifique en libre accès Environmental Research Letters. Des chercheurs de l’Université de Lund, en Suède, y ont établi « qu’avoir un enfant de moins dans les pays développés » était 25 fois plus efficace pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) que vivre sans voiture. Et 73 fois plus efficace qu’adopter un régime végétarien.
« Avoir un enfant de moins par famille dans les pays développés » aurait autant d’effet que toutes les autres actions individuelles réunies.
Il serait bon, à mon avis, de replacer notre perspective dans notre conception de « la Nature ». En effet, la planète Terre, contrairement à la vision en cours dans nos sociétés « développées », n’est pas un paradis ayant été donné au seul être humain. Je pense que lorsqu’on aura enfin compris que nous sommes aussi « des animaux », on fera ce qu’il faut pour respecter les habitats des autres animaux. En mettant fin à notre vision suprémaciste, on trouvera peut-être l’élan qu’il faut pour cesser de vivre en consommateurs et reprendre notre véritable place dans le monde, en respectant la vie – ce qui nous permettra du même coup, de sauver celles des êtres humains.