Quel avenir pour la main-d’œuvre des énergies fossiles ?

Inutile de se cacher la tête dans le sable : l’industrie pétrolière et gazière perdra beaucoup d’emplois au cours des prochaines années. Afin que la transition énergétique soit juste, il est essentiel d’impliquer les personnes touchées pour la suite des choses.

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La transition énergétique est enclenchée. Plus de 130 pays ont annoncé un engagement à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Selon un rapport publié l’automne dernier par DivestInvest, plus de 39 000 milliards de dollars américains ont été désinvestis des énergies fossiles au cours des 10 dernières années. Et le déploiement mondial des énergies solaire et éolienne ainsi que des voitures électriques suit une courbe exponentielle.

Quoi qu’en disent certains, la question n’est donc plus de savoir si la transition énergétique va se produire. Il faut plutôt se demander si elle sera planifiée de manière à ne laisser personne derrière et à prendre soin des travailleurs et travailleuses et de leurs collectivités, qui devraient participer à ce changement au lieu de le subir.

Le Canada a une longue histoire d’expansion et de ralentissement  économique en matière d’exploitation des ressources naturelles. La pêche à la morue dans les provinces atlantiques, la pêche en eau douce en Ontario et l’amiante au Québec ne sont que quelques exemples de ces secteurs autrefois florissants qui ont décliné au fil des dernières décennies, laissant derrière eux dévastation économique et sociale.

Or, avec la crise climatique et la nécessaire fin de l’expansion de la production d’énergies fossiles qui en découle, nous avons présentement le luxe de savoir ce qui s’en vient et de planifier nos actions en conséquence.

Pour une transition juste

Ce concept est un principe reconnu par l’Organisation internationale du travail et intégré dans l’Accord de Paris. Depuis réitéré dans le Pacte de Glasgow pour le climat, il enchâsse les valeurs de justice et d’équité dans le partage du fardeau découlant des inévitables transitions économiques et de la main-d’œuvre résultant de la lutte contre les changements climatiques.

Dans un rapport publié en octobre 2021, le Réseau action climat Canada (pour lequel je travaille) a dressé un portrait de l’avenir de l’emploi dans le secteur des énergies fossiles en collaboration avec Blue Green Canada, une alliance entre syndicats et organisations environnementales, ainsi qu’avec Unifor, le Syndicat des Métallos et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.

Cette analyse indique que la moitié des emplois du secteur seront éliminés d’ici 2030 — et ce, non seulement à cause des politiques climatiques, mais également en raison de l’automatisation croissante des tâches dans le secteur. L’industrie canadienne du pétrole et du gaz (y compris les activités en amont, les pipelines et les services) fournit environ 405 000 emplois— 167 000 emplois directs et 238 000 emplois dans les chaînes d’approvisionnement. 

La bonne nouvelle, c’est que la majeure partie de la main-d’œuvre du secteur possède des compétences lui permettant d’occuper des postes dans l’industrie des énergies propres ou dans d’autres secteurs. Une autre tranche d’environ 7 % des travailleurs et travailleuses ne nécessitera qu’une formation de quelques semaines ou quelques mois pour réorienter sa carrière. Malgré tout, 56 000 postes devront être créés d’ici 2030 pour que des personnes qui travaillent déjà dans le secteur pétrolier et gazier canadien ne se retrouvent pas sans emploi.

Ce qui est bon pour l’industrie n’est pas nécessairement bon pour les travailleurs et travailleuses. En réponse aux chocs pétroliers, l’industrie a historiquement protégé ses profits en éliminant des emplois tout en maintenant son niveau de production. Résultat : le nombre d’emplois par baril produit a déjà chuté de 20 % depuis 2006. Et même si les prix du pétrole brut ont récemment atteint un pic de 90 dollars le baril, un record depuis 2014, cette hausse de la profitabilité du secteur ne sera pas synonyme de création d’emplois. Tout d’abord parce que les entreprises donneront la priorité aux petites expansions et à l’efficacité de leurs sites pour augmenter la production au lieu d’investir dans de nouveaux projets ou des expansions importantes, ce qui demandera davantage d’équipements plutôt que davantage de travailleurs. Et ensuite parce qu’avec leurs liquidités records, les entreprises préfèrent augmenter les dividendes et favorisent les rachats d’actions. Rappelons-nous que les entreprises priorisent les intérêts d’un seul groupe : leurs actionnaires.

Comme les entreprises pétrolières et gazières ne veilleront pas à ce que les travailleurs et les collectivités ne soient pas laissés derrière, c’est à nous d’y voir. La transition juste comporte plusieurs aspects et n’est pas seulement un concept théorique.

Une transition juste devra bien sûr permettre aux travailleurs concernés de suivre des formations et de renforcer leurs compétences, et aux collectivités les plus durement frappées par la transition de diversifier leurs sources de revenus. Mais pas seulement. Elle devra aussi s’ancrer dans une politique industrielle favorisant la productivité et la création d’emplois dans les secteurs prometteurs pour un avenir sans carbone — et ce, dans le respect des droits et de la souveraineté autochtones. En plus d’un filet social solide, il faudra mettre en place de nouveaux mécanismes de transfert fiscal entre le gouvernement fédéral, qui a le pouvoir de dépenser, ainsi que les provinces et territoires les plus touchés. Et surtout, la transition devrait être menée par les personnes qui en subiront le plus directement les conséquences, soit les travailleurs et travailleuses. C’est pourquoi un groupe de travail incluant les syndicats comme parties prenantes devra être créé.

Même s’il s’agissait d’une promesse électorale datant de 2019, le dossier de la transition juste a peu avancé au cours du dernier mandat du gouvernement Trudeau. Cependant, dans les lettres de mandat publiées en décembre, le premier ministre a ordonné à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, au ministre du Travail, Seamus O’Regan, et au ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, de « favoriser l’adoption d’un projet de loi et de mesures exhaustives pour assurer une transition équitable ». Dans un contexte de gouvernement minoritaire, ils n’ont que quelques mois devant eux pour remplir leur mission auprès des Canadiens et Canadiennes.

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C’est honteux d’avoir pollué et de polluer encore ainsi la planète et de n’être responsable de quoi que ce soit, ni redevable mis à part à leurs actionnaires. Cela va devoir prendre un recours collectif – comme pour les cigarettiers – afin d’obtenir dédommagement pour la pollution de l’environnement, sa destruction, sa décontamination et sa réhabilitation. Et, bien sûr, pour les individus qui en ont fait et en feront encore les frais.
Ces entreprises ne manquent pas de culot de demander l’aide financière du gouvernement fédéral pour cessation d’activités. Comme si elles ne le savent pas depuis longtemps. La planification stratégique, ça sert à quoi ?

Entre l’aubade et la sérénade, la musique que nous allons entendre de plus en plus sur les médias sera celle choisie par celui qui paye le violon.

Il y a déjà des compensations pour les travailleurs qui perdent leurs emplois.

Tout le monde comprend que c’est difficile de se retrouver sans gagne-pain et nous compatissons avec ce problème.
Ces travailleurs aiment bien l’industrie du fossile, mais l’industrie du fossile se moque bien des travailleurs comme elle n’a aucun respect pour l’environnement qui affecte toute l’humanité.

Attention à la présentation par l’armée d’avocats bien cravatés qui représente l’industrie du fossile.

Après avoir menti à tout le monde sur les externalités négatives du fossile et de refuser toute responsabilité de leurs dégâts, après avoir menti au sujet des solutions des EnR, après avoir menti sur la mobilité électrique, après nous avoir proposé de fausses solutions qui font toujours couler plus de pétrole comme la séquestration, l’hydrogène de toute couleur, de gaz soi-disant renouvelables… pour continuer à s’enrichir au détriment de l’humanité et que le monde s’en rend compte maintenant, le fossile doit trouver d’autres partitions à jouer.

La partition de la pitié pour les travailleurs et de victimisation que l’industrie du fossile va nous jouer pour se faire gaver encore plus à coup de milliards par année d’argent public, est déjà en marche avec certains élus et médias complices qui vont nous jouer du violon.

Les énergies propres chez les Américains sont déjà les plus gros employeurs dans le secteur des énergies, en employant trois fois plus de travailleurs que l’industrie du fossile.

Si le Canada cessait de se traîner les pieds, nous pourrions aussi avoir un ‘Build Back Better Act’ pour donner espoir aux travailleurs incluant ceux qui perdront leurs emplois dans le fossile.

https://cleantechnica.com/2022/02/17/virginia-to-see-31800-jobs-from-build-back-better-act/

Je me souviens, il y a quelques années, des gens qui partaient travailler dans l’ouest canadien lors du boum de l’industrie pétrolière. On y trouvait alors des salaires supérieurs à tout ce qu’on voyait partout ailleurs au Canada pour le même type d’emploi.
Est-ce que ces gens méritent un peu d’aide pour changer d’emploi? Oui. Est-ce qu’on peut espérer qu’ils s’aident eux-même? Oui.

Quel avenir?
Bien meilleur avenir pour ces travailleurs qui pourront travailler dans les énergies propres.
Et en plus, ce sera juste pour TOUT le monde touché pour la suite des choses.

Au lieu de faire des trous partout sur la planète sans savoir comment réparer leur destruction de l’environnement de façon irresponsable depuis un siècle, ils pourront participer aux solutions au lieu d’aggraver le sort de l’humanité.
Par exemple faire des trous pour la géothermie que nous aurons grandement besoin pour nous climatiser et éviter de cramer l’humanité avec le réchauffement climatique dont ils sont responsables.