Rétroviseur : silence, torrieu !

« De toutes les pollutions, celle par le bruit est l’une des plus facilement observables. Et des plus sournoises », écrit notre rédacteur en chef adjoint, Éric Grenier.

Photo : Christian Blais pour L’actualité

Chaque dimanche, le rédacteur en chef adjoint de L’actualité, Éric Grenier, vous invite à lire (ou à relire) dans son infolettre Rétroviseur un des reportages les plus marquants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez ainsi replonger au cœur de certains enjeux du passé, avec le regard de maintenant.

On doit beaucoup à John Muir. L’écrivain écossais, installé aux États-Unis à l’aube de son adolescence, vers le milieu du XIXe siècle, fait partie des tout premiers à avoir avancé que ça valait la peine de protéger la nature. Plus concrètement, le fameux parc national Yosemite, en Californie, c’est grâce à lui. Il a aussi fondé le Sierra Club. C’est ce qu’on appelle un héritage durable. 

Ce qui est un peu moins connu de lui, c’est que ses nombreux textes, la plupart des récits de ses aventures dans les contrées sauvages de l’Ouest américain, constituent l’acte de naissance d’une science qui, même si elle fait peu de bruit, est pourtant essentielle : l’éco-acoustique, l’étude de la géophonie. 

Heu… de quessé et… de quessé ? La géophonie, c’est le bruit que fait la Terre : les ondes d’une chute d’eau, le craquement de l’air par la foudre, le son étouffé du proverbial arbre de la forêt qui tombe sans que quelqu’un l’entende parce que personne n’y est (phénomène qui tarabuste les philosophes depuis des siècles). L’expression « la montagne m’appelle », connue des skieurs et des alpinistes, est de Muir. Et elle se prend au sens propre : l’écrivain naturaliste a mis en mots ce qu’il entendait dans les montagnes, comme le « son de la neige qui fond se sublime en musique » (traduction libre). 

Il y a quelques semaines, nous avons publié un fabuleux texte d’Alanna Mitchell sur les chercheurs de l’éco-acoustique qui étudient ces sons de la nature. Leurs travaux sont plus que jamais un outil formidable de surveillance de l’état de la planète.

Mais encore faut-il qu’ils entendent autre chose que le grondement du camion à ordures qui vient de passer devant chez nous ! De toutes les pollutions, celle par le bruit est l’une des plus facilement observables. Et des plus sournoises.

En 2017, notre journaliste Catherine Dubé en a eu marre des sons ambiants de la ville. Elle est partie en quête du silence et s’est demandé si ce n’était pas devenu un luxe. Car les lieux de silence se font de plus en plus rares : thermopompes et systèmes de ventilation, avions, voitures, planches à roulettes et Harley-Davidson… Le bruit est un très gros problème de santé publique, au même titre que l’arsenic dans l’air. « Certains disent qu’ils se sont habitués au bruit de la circulation. Psychologiquement, on peut essayer de s’en convaincre. Mais le corps, lui, ne s’habitue pas », disait à notre journaliste un conseiller scientifique de l’Institut national de santé publique du Québec, Richard Martin. Pas nécessaire qu’il s’agisse d’un concert de souffleurs à feuilles pour que ce soit dommageable : une personne sur quatre serait sensible au bruit et en souffrirait à des niveaux sonores qui semblent tolérables pour le reste de la population, selon les études compilées par l’INSPQ qu’a pu consulter Catherine pour ce reportage.

En 1972, le Québec a reconnu le bruit comme un contaminant… et c’est tout. Depuis, les normes relatives au bruit sont laissées au libre arbitre des organismes de tout genre, comme les villes ou les ministères, a aussi constaté notre journaliste. Qui sont les victimes de ce laxisme ? Et comment lutter contre le tapage inutile ? Découvrez-le dans le reportage mis en vedette dans le Rétroviseur cette semaine.

Bonne lecture, dans le calme.

Éric Grenier, rédacteur en chef adjoint

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