Concombres au gaz

Une initiative québécoise montre qu’on pourrait « recycler » le CO2 de n’importe quelle cheminée industrielle pour faire pousser des légumes.

Depuis ce printemps, les gaz à effet de serre (GES) issus de la production du papier kraft à l’usine Produits forestiers Résolu de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean, servent à faire pousser… des concombres.

Mise au point par l’entreprise québécoise CO2 Solutions, cette unité de capture des GES — une « première mondiale à plusieurs égards », selon le chef de la technologie, Richard Surprenant — emprisonne chaque jour 30 tonnes métriques de dioxyde de carbone dans deux silos hauts de 15 m. Capté à même la cheminée du four à chaux, le gaz carbonique y est stocké, avant d’être purifié et dirigé par voie souterraine vers les Serres Toundra, le producteur de concombres voisin de l’usine, qui s’en sert pour chauffer ses installations. Le CO2 injecté dans les serres stimule la production de la photosynthèse des légumes, ce qui optimise leur production.

Fait inusité, la technologie élaborée par CO2 Solutions fait appel à une enzyme : l’anhydrase carbonique, qui « gère » le gaz carbonique durant la respiration de tous les organismes vivants, dont les humains, explique l’ingénieur. Bref, elle fonctionne comme un poumon industriel !

L’unité de capture du CO2 permettra à l’usine Résolu de Saint-Félicien de réduire ses émissions de GES d’environ 10 % par année, estime Steve Pelletier, directeur des procédés et des projets stratégiques. Et la technologie ne se limite pas qu’au secteur des pâtes et papiers : théoriquement, cette initiative montre qu’on pourrait « recycler » le CO2 de n’importe quelle cheminée industrielle pour faire pousser des légumes.

 

Une présentation de unpointcinq, média de l’action climatique au Québec