Assurance voyage : votre carte de crédit suffit-elle ?

Si vous comptez sur l’assurance voyage de votre carte de crédit pour protéger vos arrières lors de votre prochain séjour à l’étranger, vérifiez si votre couverture est suffisante. Voici comment vous y prendre.

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Vous venez d’acheter des billets d’avion pour toute la famille, persuadé que l’assurance voyage de votre carte de crédit vous permettra de dormir sur vos deux oreilles pendant votre séjour à l’étranger. Mieux vaut toutefois le vérifier avec soin avant de partir. 

Commencez par lire la police de cette assurance voyage pour savoir ce qu’elle contient. Normalement, elle vous a été envoyée par la poste en même temps que votre carte. Si vous ne la trouvez plus, cherchez en ligne. Sinon, contactez le service à la clientèle de l’émetteur de votre carte pour obtenir une copie par courriel.

Une assurance voyage comprend généralement trois composantes : les soins médicaux d’urgence, l’annulation et l’interruption de voyage, et les bagages. « C’est la colonne vertébrale d’une assurance voyage », affirme Patrick Boucher, vice-président du cabinet Eurêka assurance voyage.

Certaines cartes « voyage » (avec frais d’adhésion annuels) offrent une assurance étendue, alors que d’autres cartes sans frais d’adhésion procurent une couverture limitée ou pas d’assurance voyage du tout.

Portez d’abord attention à la section du contrat qui définit les personnes assurées. Certaines cartes assurent à la fois le détenteur, son conjoint et ses enfants, tandis que d’autres protègent seulement le détenteur.

Plongez-vous ensuite dans la lecture des différentes protections, pour vérifier si elles vous conviennent. Parce que, vous le verrez, le diable est dans les détails.

Volet soins médicaux d’urgence

Cette composante de l’assurance couvre les frais médicaux à payer si vous tombez malade ou subissez une blessure à l’étranger de manière subite et imprévue. Elle vous sera par exemple fort utile si, par malheur, vous devez passer quelques nuits à un hôpital de Miami ou de Lisbonne après une vilaine chute. « C’est l’assurance la plus importante, affirme Nadia Goyette, directrice adjointe, assurances à CAA-Québec. Avec un problème médical inattendu, on ne sait jamais à combien la facture peut s’élever. » Aux États-Unis, une simple consultation aux urgences coûte en moyenne 3 535 dollars canadiens, selon la compagnie d’assurances UnitedHealthcare, sans compter les traitements à recevoir ensuite.

L’étendue de la couverture dépend de trois facteurs : le nombre de jours de voyage (généralement de 3 à 60 jours), la somme couverte (habituellement de un million — le minimum recommandé par CAA-Québec — à cinq millions de dollars) et l’âge de la personne assurée (au moment de quitter le lieu de résidence).

Gardez en tête que le nombre de jours de voyage couverts diminue la plupart du temps selon l’âge de l’assuré. Par exemple, la carte Odyssée Or Visa de Desjardins protège les 59 ans et moins pendant 60 jours, les 60 à 64 ans pendant 31 jours et les 65 à 75 ans pendant 15 jours. Avec cette carte, un voyageur de 76 ans et plus n’a aucune protection.

Il faut aussi porter une attention particulière à la définition de la durée du voyage, met en garde Patrick Boucher. Certaines assurances couvrent par exemple les 15 premiers jours du séjour, peu importe la durée totale du voyage, alors que d’autres ne couvrent que les voyages de 15 jours ou moins. « Dans ce cas, l’assurance peut être réputée nulle si, d’emblée, le voyage avait une durée plus longue que 15 jours », explique-t-il.

Dernière vérification, mais non la moindre : vous devez passer en revue la (longue) liste des exclusions. La plupart des assurances de carte de crédit ne vous couvrent pas si vous vous blessez en pratiquant un sport extrême, si vous visitez un pays que le gouvernement canadien a demandé d’éviter avant votre départ ou encore si vous êtes soigné en raison d’une blessure ou d’un problème de santé qui étaient considérés comme « instables » avant votre départ. Cette dernière exclusion est la « grande oubliée », prévient Patrick Boucher. Une maladie préexistante pourrait être considérée comme « instable » (et donc non couverte) si vous avez consulté un médecin pour la traiter ou si ce dernier a changé votre médication dans les mois précédant votre départ, par exemple. 

Si vous avez commencé à prendre un nouveau médicament deux semaines auparavant et que votre carte de crédit exige un état stable depuis au moins six mois, pas de panique. Il vous faudra une assurance complémentaire. Certains assureurs privés acceptent de couvrir des gens dont l’état est stable depuis beaucoup moins longtemps, sept jours par exemple, illustre Patrick Boucher. 

Comment procéder pour obtenir une meilleure couverture

Commencez par demander à l’émetteur de votre carte de crédit s’il est possible de bonifier la protection prévue au contrat. Vérifiez aussi s’il est permis d’ajouter une assurance privée complémentaire (par exemple, ajouter une assurance privée de deux millions de dollars à l’assurance de la carte de crédit de un million de dollars).

Attention : il faut impérativement s’informer de la possibilité de jumeler ainsi les assurances avant le départ, avertissent les deux experts interviewés. La police de la carte Odyssée Or Visa de Desjardins précise notamment que si un voyage dépasse la durée de couverture prévue au contrat, on ne peut combiner une deuxième assurance pour couvrir les jours excédentaires. Il faut plutôt contacter Desjardins pour acheter une prolongation d’assurance.

Notez que la même logique s’applique si vous choisissez d’être couvert par l’assurance voyage de votre assurance collective, ajoutent les experts. C’est le premier assureur (en général celui de l’assurance collective) qui doit permettre qu’une assurance complémentaire s’ajoute à sa couverture. Dans tous les cas, il est conseillé de poser deux questions à vos différents assureurs : est-ce que leur couverture peut être complémentaire à une autre ? Et à quel assureur devrez-vous vous adresser en premier en cas de réclamation ?

Volet annulation et interruption de voyage

L’assurance annulation vous indemnise des frais non remboursables (billets d’avion, de croisière, etc.) si vous devez annuler votre voyage pour l’une des raisons prévues au contrat d’assurance (par exemple, le décès d’un membre de la famille proche), tandis que l’assurance interruption couvre les frais supplémentaires engendrés par une situation indépendante de votre volonté (comme les repas et la chambre d’hôtel pour un vol annulé).

La couverture peut comprendre une limite d’âge et une durée de voyage maximale, ainsi que des exclusions, comme dans le cas de l’assurance soins médicaux d’urgence. L’indemnité maximale peut également varier si vous annulez ou modifiez votre voyage avant ou après votre départ. Mais attention, prévient Nadia Goyette : « Pour être indemnisé, il faut généralement avoir payé les dépenses en totalité avec la carte de crédit qui offre l’assurance. »

« Si un client planifie un voyage de 5 000 dollars et que l’assurance de la carte de crédit ne couvre que 2 000 dollars, il peut appeler un assureur privé pour ajouter les 3 000 dollars manquants, si le premier assureur le permet », explique Patrick Boucher, d’Eurêka assurance voyage.

Volet bagages

Vous serez dédommagé par l’assurance bagages si vos valises ou vos effets personnels sont volés, perdus, endommagés ou livrés en retard pendant votre voyage. Les contrats d’assurance prévoient habituellement un maximum par type de situation et une limite par personne assurée (par exemple, 1 000 dollars par voyage). Le nombre de jours de voyage couverts peut aussi varier selon votre âge.

Sachez qu’en cas de bagages perdus ou volés, vous pourriez également être couvert par votre assurance habitation. Si c’est le cas, vous devrez peser le pour et le contre : l’assurance habitation offre habituellement une indemnité plus élevée, mais impose une franchise, tandis que l’assurance bagages verse généralement une somme moins élevée, mais sans franchise à payer. « Si je veux réclamer 300 dollars pour une valise perdue, mais que j’ai une franchise de 250 dollars avec mon assurance habitation, c’est sans doute préférable d’utiliser l’assurance bagages », illustre Nadia Goyette. D’autant plus que la prime de l’assurance habitation pourrait augmenter l’année suivante en cas de réclamation.

Évaluer la qualité de l’assistance

Un dernier point : la qualité de votre assurance dépend aussi de l’assistance offerte en cas de problème lors de votre voyage, signale Nadia Goyette. Peut-on vous répondre en français, 24 heures sur 24 et, surtout, rapidement ? « Téléphonez avant de partir, conseille-t-elle. Si vous êtes en attente pendant 30 minutes, imaginez dans quel état vous serez si vous appelez pour une situation d’urgence quand vous serez à l’étranger. »

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