Combien devriez-vous investir dans votre REER cette année ? 

Il y a deux méthodes pour optimiser votre contribution afin de réaliser des économies d’impôt : une facile, avec un logiciel d’impôt, et une pour les pros, en utilisant votre « TEMI ». Suivez le guide !

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À première vue, la logique est simple : plus on cotise à son Régime enregistré d’épargne-retraite (REER), moins on paie d’impôt. La réalité est cependant plus complexe. 

Pour garder le plus d’argent possible dans vos poches, vous devez tenir compte de nombreux paramètres. Par exemple, si vous avez obtenu une augmentation de salaire cette année, le revenu supplémentaire vous a-t-il fait changer de palier d’imposition? Aura-t-il un effet sur vos crédits d’impôt et allocations, qui varient selon le revenu ?

Vous pouvez savoir tout cela grâce à un calcul peu connu, mais très révélateur : celui de votre TEMI — pour taux effectif marginal d’imposition. Le TEMI tient compte de TOUT, autant des paliers d’imposition que des cotisations à payer (RRQ, RQAP, etc.) et des allocations en tout genre. C’est « un des enjeux les plus importants en ce qui concerne l’impôt des particuliers », affirme le professeur Marc Bachand, professeur de fiscalité à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Pour vous aider à maximiser le pouvoir de votre REER — et savoir si vous avez intérêt à y cotiser davantage cette année —, deux options s’offrent à vous. La méthode facile et la méthode des pros.

La méthode facile 

Pas de calculs interminables, la machine fait le travail pour vous : cette méthode consiste à d’abord faire une simulation en utilisant un bon vieux logiciel d’impôt ou une calculatrice d’impôt accessible gratuitement en ligne.  

Vous entrez votre salaire brut, vous inscrivez un montant de cotisation REER et vous voyez le total d’impôt à payer. Faites autant de scénarios que vous le souhaitez, en modifiant chaque fois le montant de cotisation REER, pour voir celui qui est le plus avantageux (et le plus réaliste) pour vous.

Passez ensuite à la deuxième étape : utilisez ce calculateur du gouvernement du Québec, qui permet d’estimer l’impact de sa cotisation REER sur les aides fiscales fédérales et provinciales. Comme votre cotisation diminue d’autant votre revenu imposable, cela a des conséquences sur ce que vous recevrez des gouvernements fédéral et provincial. Ici aussi, prenez le temps d’explorer différents scénarios en changeant le montant inscrit dans la case « Revenu brut » (si vous gagnez 50 000 dollars par an et désirez verser 2 000 dollars dans votre REER, inscrivez un revenu brut de 48 000 dollars dans cette case). Cet exercice permet de « mieux comprendre l’effet d’une cotisation au REER sur notre situation personnelle », explique le professeur Marc Bachand.

Gardez en tête que ces simulations vous donneront des estimations de ce que vous obtiendrez. Pour connaître avec précision votre TEMI et ses étonnantes fluctuations, passez à la méthode des pros.

La méthode des pros

Le fiscaliste Claude Laferrière a commencé à publier des courbes montrant les variations du TEMI en 1999, alors qu’il était professeur à l’UQAM. Aujourd’hui à la retraite, il publie encore chaque année une version à jour des « courbes de Laferrière », successions de pics et de creux très différents des prévisibles paliers d’imposition. Ces graphiques colorés montrent très clairement qu’une augmentation de salaire peut être moins profitable qu’on pourrait le croire ! 

Prenons l’exemple d’une mère de famille monoparentale avec un enfant en garderie subventionnée. Si son salaire de 50 000 dollars par année est haussé de 1 000 dollars, ce revenu supplémentaire sera « imposé » à 61 %. Des 1 000 dollars gagnés, il lui restera 390 dollars en poche. Mais si cette même maman obtient une augmentation qui fait passer son salaire de 55 000 dollars à 56 000 dollars, elle n’empochera que 350 dollars, puisque ce revenu supplémentaire sera alors « imposé » à plus de 65 %. Cela s’explique par le fait que dans cette fourchette de revenu, sa hausse salariale fait augmenter ses cotisations, tout en faisant diminuer les prestations auxquelles elle a droit. Les efforts qu’elle aura mis pour gagner ces 1 000 dollars supplémentaires ne lui rapporteront donc pas autant.

« Si on me donne 1 000 dollars et que j’en perds 600, il me reste quand même 400 dollars. Mais si je gagne 1 000 dollars de plus et que j’en perds 800, il ne m’en reste que 200. À un certain moment, je vais devoir me demander si ça vaut la peine de travailler plus pour aller chercher cette somme-là », illustre Claude Laferrière. 

Connaître son TEMI

En sachant quel est votre TEMI, vous pourriez arriver à la conclusion qu’il est utile de cotiser davantage à votre REER pour réduire votre revenu imposable… ou pas.

La première étape est de consulter les « courbes de Laferrière » et de trouver celle qui correspond le mieux à votre situation personnelle (personne seule, couple avec ou sans enfants, personne âgée, etc.). 

En regardant votre courbe, vous devez ensuite repérer le point bleu associé à votre revenu familial. Le pourcentage que vous trouverez correspond à votre TEMI, soit le taux d’imposition « réel » d’une hausse de revenu de 1 000 dollars. Par exemple, si votre revenu familial est de 80 000 dollars, le TEMI affiché sur la courbe correspondra au taux d’imposition des 1 000 dollars qui feront passer votre revenu à 81 000 dollars.

Vous pouvez utiliser la courbe dans les deux sens : pour estimer ce qu’il vous resterait en poche en gagnant un revenu supplémentaire ou pour savoir s’il vaut la peine de réduire votre revenu imposable afin d’éviter une lourde imposition. Pour obtenir des données plus détaillées, vous pouvez également vous référer aux tableaux associés à chaque courbe.

Éviter la « zone de perdition »

Si vous avez un TEMI très élevé — ce que Marc Bachand appelle une « zone de perdition » —, vous perdez une large part de vos revenus supplémentaires. Mieux vaut essayer d’en sortir, en utilisant son REER comme bouée de sauvetage !

« Si vous avez un TEMI de 70 % ou 80 % et que vous gagnez 2 000 dollars de plus, la meilleure réaction à avoir, si c’est possible, est de mettre cet argent dans un REER », dit le professeur de l’UQTR. 

Truc de pro : si vous vous trouvez plutôt dans une zone où le TEMI est stable et peu élevé, il peut être utile de placer votre revenu supplémentaire en totalité ou en partie dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), pour vous servir de vos cotisations REER à un moment de votre vie où votre TEMI sera plus élevé. 

Si ces courbes et ces taux vous étourdissent, rappelez-vous que la meilleure façon de savoir précisément quoi faire avec votre argent est toujours de consulter un planificateur financier. Mais lorsque vous serez dans son bureau, parlez-lui des TEMI. Je vous parie que son visage va s’illuminer.

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