
Émilie Tremblay* a quitté la maison à l’âge de 17 ans et elle a toujours réussi à se débrouiller seule, sans l’aide financière de ses parents. Après un retour aux études à 26 ans, qui l’a obligée à s’endetter, suivi d’une période de vaches maigres, elle a repris le dessus. Elle occupe un bon emploi en relations industrielles, a liquidé le solde de sa carte de crédit et songe à se bâtir un avenir meilleur, mais ne sait pas par où commencer. «Je me demande si je devrais cotiser dans des REER ou dans un CELI et combien je devrais mettre par mois», dit la jeune femme de 32 ans, qui veut accéder à la propriété dans un horizon de trois à cinq ans.
Résidante de Québec, Émilie gagne 45 000 dollars par année et a déjà plusieurs obligations financières. Elle rembourse son prêt étudiant de 20 000 dollars à raison de 148 dollars par mois et aura jusqu’en août 2018 pour renflouer sa marge de crédit étudiante avec des versements mensuels de 279 dollars. Elle a également un prêt auto de 11 000 dollars, qui lui grugera 248 dollars par mois jusqu’en août 2019. Son actif se limite à un compte bancaire dans lequel reposent 5 000 dollars sans rapporter d’intérêt.
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Malgré ses dettes, la situation financière d’Émilie Tremblay n’est pas mauvaise, estime François Langlois, conseiller à Placements Manuvie. «La bonne nouvelle, c’est qu’Émilie a éliminé la dette de sa carte de crédit et qu’elle continue à remplir sans faille ses obligations financières, tout en ayant réussi à mettre 5 000 dollars de côté. Cela démontre qu’elle a déjà pris de bonnes habitudes d’épargnante», dit-il.
C’est maintenant l’heure d’accumuler un patrimoine. Le spécialiste lui suggère de mettre de côté 10 % de son revenu annuel, soit 4 500 dollars par année, dans un compte enregistré REER ou CELI. «Cette épargne doit être la priorité numéro un d’Émilie, avant même le remboursement de ses dettes. Comme on dit dans le métier, on se paie en premier. Sinon, on risque de succomber aux achats impulsifs et de ne plus avoir d’argent pour épargner à la fin du mois», dit-il.
Néophyte en la matière, Émilie comprend mal la différence entre REER et CELI. «Qu’est-ce qui est le plus avantageux?» se demande-t-elle. Deux choses à savoir: la cotisation à un REER permet de déduire le revenu imposable de la même somme, ce qui entraîne un remboursement d’impôt. Par exemple, si Émilie cotise 5 000 dollars dans un REER, son revenu imposable passe de 45 000 dollars à 40 000 dollars. Elle obtiendra alors un remboursement d’impôt d’environ 1 500 dollars.
Le CELI fonctionne selon une autre mécanique. La somme cotisée ne permet pas de déduire son revenu imposable, mais les rendements futurs y sont à l’abri de l’impôt. Donc, la question qui tue: REER ou CELI ? De l’avis des spécialistes, il n’y a pas une solution meilleure que l’autre. «L’important, c’est de remplir son bas de laine», dit François Langlois.
Dans le cas d’Émilie, les REER offrent un avantage de plus. Elle pourra profiter du Régime d’accession à la propriété, qui permet de retirer jusqu’à 25 000 dollars d’un REER afin de constituer une mise de fonds pour l’achat d’une première propriété. «C’est comme s’emprunter 25 000 dollars à soi-même, sans intérêt», explique François Langlois. Quant au compte CELI, elle pourrait y verser immédiatement ses épargnes de 5 000 dollars. «Cette somme lui servira de coussin afin de parer aux imprévus», dit le spécialiste.
En continuant sur cette bonne voie, Émilie Tremblay liquidera d’ici quelques années ses dettes. Par la suite, François Langlois lui recommande de rediriger ses paiements mensuels vers ses comptes REER et CELI. «Si elle cotise 4 500 dollars par année jusqu’à l’âge de 65 ans, en indexant cette épargne de 5 % par année, elle accumulera 700 000 dollars [rendement annuel de 5 %] au moment de sa retraite», dit-il. Joli magot. D’où l’importance de commencer tôt.
* Pour des raisons de confidentialité, nous avons utilisé un pseudonyme.
Un REER au Fonds de solidarité FTQ rapporte aux employés 30 % plus d’économies d’impôt qu’un régime volontaire d’épargne-retraite (RVER). Il leur permet également de fixer eux-mêmes le montant des retenues, en plus de leur donner la possibilité de cesser celles-ci ou de les modifier à leur guise.
Le programme de retenue sur le salaire du Fonds, déjà offert par plus de 6500 employeurs, représente une alternative au régime volontaire d’épargne-retraite (RVER). En effet, un employeur offrant ce mode d’épargne systématique à ses employés pour leur permettre d’épargner en vue de leur retraite n’a pas à mettre en place un RVER dans son entreprise.