Conseillère d’orientation, l’auteure travaille en pratique privée depuis 2014, à Québec. En 2019, elle a reçu le Prix de la relève de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec pour sa pratique jugée innovante. On peut la suivre sur LinkedIn.
La pénurie de main-d’œuvre a beau jouer en faveur des travailleurs, qui peuvent facilement trouver un nouvel emploi quand ils en ont envie, changer complètement de carrière, c’est encore un peu épeurant. Juste à l’idée de reprendre les études, avec les sacrifices financiers que ça implique et la réalité de la gestion familiale, il y a de quoi angoisser. Pourtant, les compétences que vous avez acquises pourraient vous éviter de retourner sur les bancs d’école pendant des années. Ce qui vous ferait épargner temps et argent.
D’ailleurs, avec cette fameuse rareté de main-d’œuvre, les employeurs se montrent plus ouverts qu’avant à vous aider à acquérir certaines compétences particulières en misant sur votre potentiel et votre savoir-être.
Je reçois tous les jours à mon cabinet des professionnels de la santé, des enseignants, des travailleurs d’usine, des techniciens en administration, du personnel de service à la clientèle, etc. qui ont envie d’autres horizons. Si c’est aussi votre cas, la première étape est évidemment de vous demander quelles sont les exigences pour exercer ce métier ou cette profession qui vous fait de l’œil. Faut-il être bilingue ? Maîtriser la suite Office ? Avoir de bonnes compétences en rédaction ? Posséder de l’expérience avec une clientèle immigrante ?
Déterminer vos compétences
Les compétences que vous avez acquises dans votre profession peuvent être transférables à un autre domaine d’emploi. Par exemple, Hajer est passée d’un rôle d’intervenante sociale auprès d’immigrants après son baccalauréat en anthropologie à conseillère en recrutement international. Son nouvel employeur voyait la valeur ajoutée de sa maîtrise de quatre langues et son expérience interculturelle, même si elle n’avait pas d’expérience ou de diplôme en ressources humaines. Un employeur pourra considérer des candidats n’ayant pas le diplôme habituellement demandé s’ils possèdent les compétences nécessaires ou le potentiel pour les acquérir sur le terrain pendant les premiers mois en poste.
Vous pouvez aussi vous questionner sur les compétences que vous avez acquises dans votre vie personnelle et lors de vos activités bénévoles et de loisir. Par exemple, votre expérience comme entraîneur de soccer de l’équipe de votre fille vous a permis de faire preuve de pédagogie, de travailler avec les jeunes, d’intervenir auprès des parents, de gérer la logistique pour la participation à des tournois provinciaux, etc. En mettant en valeur ces compétences développées hors du marché du travail, vous pourriez dénicher un emploi stimulant.
C’est ainsi que Marie-Claude, qui avait un job administratif, a décroché un poste d’intervenante dans un organisme qui vient en aide aux familles, où elle organise différentes activités et anime des ateliers auprès des parents.
Quant à Félix, il a misé sur les connaissances et compétences acquises alors qu’il était bénévole pour un organisme faisant la promotion du cyclisme afin d’obtenir un poste d’agent de projet en transports actifs et collectifs, même s’il ne possédait pas le baccalauréat demandé.
Un petit tour sur des sites d’offres d’emploi vous permettra de comparer les exigences selon les postes et les employeurs. Vous pouvez aussi effectuer des recherches sur LinkedIn pour connaître le parcours scolaire et professionnel des personnes occupant le type de poste que vous visez.
Obtenir une reconnaissance de votre expérience auprès d’un établissement d’enseignement
Si l’emploi que vous désirez nécessite un diplôme que vous ne possédez pas (un critère courant dans les milieux syndiqués), mais que vous avez de l’expérience et des compétences pertinentes, vous pourriez recevoir un diplôme grâce à la reconnaissance des acquis et des compétences. En gros, vous aurez à démontrer votre maîtrise des compétences associées au diplôme en fournissant des échantillons de votre travail ou en soumettant des productions écrites attestant de vos acquis. Cela demande un certain investissement en temps, mais le tout se fait à votre rythme et c’est beaucoup plus rapide que de retourner aux études.
Cette démarche est bien établie au niveau secondaire et professionnel ainsi qu’au niveau collégial. Les universités offrent aussi la possibilité de se faire reconnaître des crédits universitaires pour des acquis extrascolaires, mais la procédure est moins uniformisée d’une université à l’autre. On s’en servira plutôt pour obtenir quelques crédits manquants.
Convaincre un employeur
Si l’attrait de votre candidature s’explique mal sur papier, pensez à vous présenter à l’employeur par d’autres moyens que l’envoi d’un CV par courriel. Sondez vos contacts pour savoir s’ils connaissent une personne qui serait susceptible d’embaucher dans votre secteur d’intérêt et demandez-leur de vous mettre en relation. C’est un conseil vieux comme le monde, mais encore plus facile à suivre en cette ère de réseaux sociaux.
Simon-Pierre, par exemple, voulait quitter la distribution pour le secteur des TI. Grâce à la recommandation d’un ancien camarade universitaire d’un de ses proches, il a obtenu une entrevue pour faire valoir ses capacités. L’employeur l’a ensuite encadré dans ses premiers mois pour l’aider à maîtriser le domaine d’affaires, car il voyait son potentiel lié à sa facilité d’apprentissage et à ses réflexes stratégiques.
Pour sa part, Lucie souhaitait devenir représentante, mais n’avait jamais occupé un tel poste, alors son CV n’impressionnait pas. Elle a plutôt misé sur sa personnalité en allant déposer sa candidature en personne, ce qui lui a valu une entrevue rapidement, car l’employeur a été charmé par son sens de l’initiative et son côté attachant.
Étudier en travaillant
Il est possible d’acquérir quelques compétences manquantes sans pour autant faire une pause dans sa carrière. Des cours de perfectionnement à temps partiel sont offerts par des centres de formation professionnelle et des cégeps de la province, subventionnés par Services Québec. Cela peut être une formation sur un logiciel que vous ne maîtrisez pas, comme MS Project, ou bien un cours sur la création de contenu pour les médias sociaux.
Il existe aussi de nombreuses formations en ligne offertes gratuitement par des universités (MOOC) via des plateformes comme Brio, edX, Coursera et bien d’autres. Cela ne remplacera pas un diplôme lorsque c’est exigé par l’employeur, mais ça vous permettra d’acquérir des compétences tout en démontrant votre ouverture à la formation et votre initiative quant à votre développement professionnel.
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