Vous avez reçu une collection de monnaie, de cartes de hockey ou de Hot Wheels en héritage et vous vous demandez quelle est sa valeur ? Ou vous avez trouvé une boîte de trains électriques anciens dans votre grenier et vous vous demandez si vous auriez avantage à les vendre ? En consultant les bonnes ressources et en frappant aux bonnes portes, vous saurez si vous détenez un trésor… ou pas.
C’est la question que se pose Isabelle Bérard, une fidèle lectrice de Dollars et cents, qui nous a écrit au sujet de sa collection de quelque 2 000 timbres rassemblés au fil des ans. Certains qu’elle a elle-même accumulés dans les années 1970 et d’autres qui lui ont été donnés ou légués par des membres de sa famille.
Sa collection compte de nombreux timbres canadiens et français, dont certains datent des années 1930, mais aussi des pièces venant d’encore plus loin, gracieuseté de sa tante qui travaillait dans l’industrie de la chaussure et qui lui remettait les timbres apposés sur des échantillons de cuir provenant de l’Iran, de Hong Kong ou bien du Zaïre (devenu la République démocratique du Congo). « Je me demande si ce que j’ai a une valeur, mais je ne sais par où commencer. Ça m’apparaît comme une tâche titanesque », affirme la retraitée, qui habite à Wakefield, au nord d’Ottawa.

Ne reculant devant rien pour venir en aide à nos lecteurs, j’ai débroussaillé les options qui s’offrent à Isabelle (et à vous) pour savoir s’il vaut la peine de faire évaluer une collection et, si oui, comment s’y prendre. J’ai même obtenu une réponse pour Isabelle.
Consultez un catalogue
Commencez par regrouper chacune des pièces de votre collection pour en noter les caractéristiques : l’année de fabrication, la provenance, l’état de conservation, etc. Vous pouvez ensuite vous mettre à la recherche de catalogues répertoriant des objets comme les vôtres ; il en existe pour toutes sortes de collections. Pour la monnaie, par exemple, il y a le Charlton et le Haxby, accessibles pour consultation sur place à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), à Montréal, et dans d’autres bibliothèques municipales ailleurs au Québec. Pour les cartes sportives, le guide en ligne Beckett est la référence (abonnement requis, environ 20 dollars par mois ou 175 dollars par année).
Ces catalogues accordent une valeur à chaque pièce de collection selon différents critères, à commencer par la rareté et la condition de l’objet, explique Marc Verret, propriétaire de Monnaie-Timbre de la Capitale, une entreprise de Québec qui évalue, achète et vend divers objets de collection.
Par exemple, une pièce de 1 cent canadien datant de 1932 dans un état acceptable vaut environ 30 cents. Mais cette même pièce peut valoir 1 dollar si elle est en excellente condition, et 1 000 dollars si elle est « flambant neuve », dit-il.
Jetez un coup d’œil aux enchères
Si vous ne trouvez pas de catalogue associé à votre collection — ou que vous voulez simplement approfondir votre recherche —, tentez de savoir à quel prix se sont vendues des pièces semblables aux vôtres dans des encans (plusieurs maisons d’encans publient le résultat des enchères sur leur site) ou sur eBay.
Il ne faut cependant pas vous réjouir trop vite si vous trouvez des pièces comme les vôtres vendues à un prix intéressant, prévient Marc Verret, puisqu’il se peut que le marché ait évolué entre-temps ou que votre pièce ne soit pas en aussi bon état que celles affichées. Mais c’est un bon début.
Parlez aux passionnés
Une autre manière de vous faire une tête au sujet de vos avoirs est de demander l’avis de passionnés. Vous pouvez poser vos questions sur un groupe Facebook consacré à votre type de collection ou entrer en contact avec un club de collectionneurs.
Les salons proposés par des organisations de collectionneurs de timbres et de monnaie sont par exemple une occasion d’échanger sur le sujet et, si le cœur vous en dit, de vendre votre collection au plus offrant, explique le président de l’Association des numismates et des philatélistes de Boucherville (ANPB), Pierre Leclerc.
Demandez l’avis d’un expert
Si vous voulez obtenir un avis indépendant quant à la valeur de votre collection, vous pouvez faire appel aux services d’une entreprise d’évaluation de biens. Assurez-vous cependant que l’évaluateur avec lequel vous faites affaire est membre d’une association reconnue, comme la Canadian Association of Personal Property Appraisers ou encore l’International Society of Appraisers. Contrairement aux évaluateurs agréés, l’évaluateur de biens n’est toutefois pas encadré par un ordre professionnel québécois.
« C’est difficile pour quelqu’un qui ne s’y connaît pas de jouer à l’évaluateur, parce que plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte », souligne Marie-Christine Fortin, présidente du cabinet d’évaluation de contenu résidentiel Evolia Transition, établi à Boucherville, sur la rive sud de Montréal.
Elle se souvient d’un presse-papier en bronze signé par un artiste québécois qui se trouvait dans une boîte « à donner »… et qui a été revendu 2 500 dollars grâce à ses conseils. Ses tarifs : 450 dollars plus taxes pour une consultation verbale effectuée sur place, et de 700 à 1 600 dollars plus taxes pour celle accompagnée d’un rapport détaillé.
Rencontrez un marchand
Faire évaluer votre collection chez un marchand spécialisé dans l’achat et la revente vous coûtera moins cher qu’une évaluation indépendante. À Monnaie-Timbre de la Capitale, l’évaluation est gratuite, alors que chez Rousseau timbres et monnaies, une boutique montréalaise du même genre, des frais d’au moins 20 dollars sont exigés.
Évidemment, si le commerçant lui-même désire acheter votre collection en tout ou en partie, c’est pour la revendre ensuite. Il doit donc prévoir une marge de profit. « Pour obtenir un prix juste, l’idéal est d’approcher les marchands en demandant une évaluation, et pas en disant qu’on veut vendre », explique Marie-Christine Fortin, d’Evolia Transition.
Marc Verret affirme qu’il est habituellement en mesure d’offrir au vendeur environ 60 % de la valeur inscrite aux catalogues reconnus. Pour tenter d’obtenir une meilleure somme, vous pouvez soumettre votre collection à un encan (Monnaie-Timbre de la Capitale conserve 5 % du prix de la vente) ou encore essayer de la vendre par vos propres moyens.
Et les timbres d’Isabelle ?
Je vous avais promis une réponse au sujet de la collection de notre lectrice Isabelle Bérard… La voici : ses timbres, aussi exotiques soient-ils, ne valent presque rien. C’est du moins l’avis de Claude Bélanger, vice-président de l’ANPB et directeur de la revue philatélique Philabec, à qui j’ai transmis quelques photos de la collection.
Du lot, trois timbres ont attiré son attention : un canadien et deux iraniens. Selon les catalogues, le premier vaut 10 dollars et les deux autres, 1,50 dollar chacun… s’ils sont en bon état. Or, ceux d’Isabelle Bérard sont dans une « piètre condition », juge-t-il.
De riches souvenirs qui ne feront donc pas de notre lectrice une riche héritière.
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