Conseillère d’orientation, l’auteure travaille en pratique privée depuis 2014, à Québec. En 2019, elle a reçu le Prix de la relève de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec pour sa pratique jugée innovante. On peut la suivre sur LinkedIn.
Gérer des employés, voir au bon roulement des activités, prendre des décisions difficiles… Pour certains, un job de gestionnaire, c’est le poste rêvé. Y accéder quand on n’a aucune expérience en la matière demande une certaine préparation. Pour faciliter l’obtention du poste convoité, mais aussi pour s’assurer qu’on sera à la bonne place. Autrement, on risque de trouver le boulot pas mal moins le fun… et les collègues aussi.
Des formations vous aideront à acquérir des compétences, entre autres les fameux MBA. Mais il y a également des gestes concrets à accomplir sur le terrain, des initiatives à prendre, des pièges à éviter pour mettre toutes les chances de votre côté. Dans les dernières années, j’ai accompagné et évalué des dizaines de personnes qui voulaient obtenir leur premier poste de gestionnaire. Je vous fais part de mes conseils pour vous aider à atteindre votre objectif.
Se demander pourquoi on souhaite devenir gestionnaire
Tout d’abord, il importe de vous demander ce qui vous motive. Qu’est-ce que la gestion représente pour vous ? Est-ce la suite logique de votre parcours professionnel pour grimper les échelons ? Un désir de pouvoir influencer davantage l’organisation ? Une manière d’obtenir plus de prestige social, un statut enviable et un meilleur salaire ? Une façon de développer les compétences en étant un coach pour les membres de votre équipe ?
Les motivations qui vous poussent à vouloir devenir patron vont aider à déterminer le type de poste de gestion à viser. Il faut bien lire les descriptions pour saisir s’il s’agit d’un rôle d’influence sur les décisions de l’organisation ou plutôt d’un poste axé sur la gestion opérationnelle ; d’une fonction où l’on recherche l’innovation et la transformation ou bien d’un emploi dans la continuité des activités existantes, etc.
On s’intéressera aussi au type d’organisation. Gérer des employés syndiqués au gouvernement peut être très différent de gérer du personnel dans une PME. Idem pour les employés de soutien par rapport aux professionnels spécialisés. Il se peut que cette réflexion vous amène à conclure que la gestion n’est pas ce que vous visez, mais que vous souhaitez de nouveaux défis professionnels à la hauteur de vos compétences. Vous pourrez alors orienter vos démarches vers un emploi qui procure les avantages que vous cherchez.
Manifester son intérêt
Ça peut sembler banal comme conseil, mais assurez-vous que les décideurs de votre organisation ou de votre réseau connaissent vos ambitions. Le simple fait d’être bon dans ce que vous faites, d’avoir de l’ancienneté ou un MBA ne vous garantit pas qu’on pensera à vous lorsqu’un poste de gestion se libérera. Faites savoir les défis qui vous intéressent et tissez des liens avec les personnes en position de décision : soyez présent aux événements sociaux, invitez les personnes clés à dîner avec vous, trouvez des occasions de collaboration sur des dossiers. De cette façon, vous aurez plus de chances d’être considéré comme une relève potentielle. Si votre organisation a instauré des programmes de relève en gestion, saisissez cette occasion pour développer vos compétences et votre réseau. Ces programmes consistent habituellement en des formations, des rencontres d’échange entre pairs et de l’accompagnement individuel. Il peut aussi parfois y avoir des évaluations psychométriques.
Agir en leader
Vous n’avez pas besoin d’avoir le titre pour agir en leader et être perçu comme tel. Levez la main pour faire partie du comité d’un projet spécial qui vous amènera à collaborer avec d’autres directions, saisissez les occasions qui vous sont présentées de participer à certaines réunions, soyez proactif en proposant des projets ou de nouvelles façons de faire. Tout cela en vous assurant que vos initiatives ne seront pas interprétées négativement par votre patron ou des collègues qui pourraient se sentir menacés par votre ambition. Votre sens politique et votre intelligence émotionnelle seront essentiels pour bien jauger les réactions des autres et l’efficacité de vos actions. Votre capacité d’introspection et votre ouverture aux commentaires vous aideront à développer ces aspects.
Plutôt que de seulement penser à ce qui pourrait vous mettre en valeur, songez à ce que vous pourriez faire pour aider votre équipe à donner un meilleur rendement. Par exemple, si vous avez lu un article qui contient des éléments déterminants pour votre industrie, partagez-le avec vos collègues ou sur les médias sociaux. Si vous apprenez l’existence d’une formation qui pourrait être bénéfique à votre équipe, proposez-la. Impliquez-vous dans des associations professionnelles ou sectorielles. Faites attention cependant à ne pas tomber dans le piège de dire oui à tout, en pensant que le seul fait de travailler plus fort que les autres va vous valoir une promotion.
Se préparer avant de postuler
Après toutes ces réflexions, vous êtes convaincu d’avoir la fibre gestionnaire ? Il vous reste encore un travail d’introspection à faire. Recherchez de la rétroaction de vos collègues, clients et patrons en leur demandant ce qu’ils vous reconnaissent comme forces et ce qu’ils apprécient de leur collaboration avec vous. Faites des démarches pour mieux vous connaître, par exemple un processus d’évaluation psychométrique avec un psychologue organisationnel ou un conseiller d’orientation.
En cernant dès maintenant vos forces et vos angles morts, vous serez mieux à même de mettre en valeur les premières et de développer ou pallier les seconds. Les ressources humaines de votre organisation offrent peut-être déjà des services pouvant vous aider à ce sujet. N’hésitez pas non plus à vous prévaloir de votre programme d’aide aux employés ou de votre assurance collective pour entreprendre une démarche avec un conseiller d’orientation.
La conseillère d’orientation et coach Myriam Plamondon offre d’ailleurs plusieurs outils gratuits sur son site Talent Fou pour vous aider à devenir gestionnaire. La Clinique d’orientation de l’Université de Sherbrooke propose aussi des services gratuits d’évaluation de potentiel, en personne ou par Teams.
Accepter que ça ne fonctionne pas du premier coup
Si vous recevez une réponse négative, ne vous laissez pas abattre, saisissez plutôt cette occasion pour faire le point sur vos forces et ce qu’il vous reste à développer. La résilience et la capacité d’apprendre sont des compétences recherchées chez les gestionnaires.
Si l’entrevue d’embauche était assortie d’une évaluation par un professionnel et qu’on vous propose une rencontre de rétroaction, prévalez-vous-en. Cela vous permettra de bien comprendre ce qui vous démarque et de connaître certains points à améliorer. Il se pourrait bien que le professionnel juge que vous avez un bon potentiel de gestion, mais que les facteurs de succès ne sont pas réunis pour le moment. On ne recherchera pas les mêmes qualités chez un gestionnaire dans un contexte de redressement d’un service que dans un contexte d’équipe performante hyper-autonome. Le professionnel vous aiguillera vers des actions que vous pourriez entreprendre pour vous préparer pour la prochaine fois ou pour déterminer dans quel poste de gestionnaire vos forces seraient le mieux mises à profit.
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