Pas besoin d’avoir les poches profondes pour garnir vos murs d’œuvres d’art. Des artothèques situées à Montréal, à Québec et ailleurs dans la province vous permettent de louer des toiles au mois pour aussi peu que le prix d’un café latté. Pour l’équivalent d’un dîner pour deux au restaurant, vous pouvez même accrocher un Riopelle dans votre salon !
Avec ses quelque 3 000 œuvres, L’Artothèque de l’arrondissement montréalais de Rosemont–La Petite-Patrie — un organisme sans but lucratif en activité depuis 1995 — possède la plus imposante collection québécoise offerte aux particuliers. Vous pouvez y louer des toiles d’artistes de renom comme Jean Paul Riopelle (faites vite, elles partent aussi rapidement que des billets de spectacle gratuits) ou encore vous laisser tenter par des œuvres d’artistes québécois ou canadiens moins connus. Près de 2 400 œuvres proviennent de dons et environ 600 (en consignation) sont fournies par des artistes qui souhaitent diffuser leur travail.
Avant de planter un clou dans votre mur, vous devez d’abord devenir membre de L’Artothèque au coût de 30 dollars par année. Vous pouvez ensuite choisir les œuvres qui vous intéressent en parcourant le catalogue en ligne ou — encore plus agréable — en fouinant dans les allées du local de la rue Saint-André. Sur les étagères, les œuvres soigneusement recouvertes d’une pellicule transparente sont rassemblées par types de support (toile, papier, sculptures, etc.) et par catégories (art abstrait ou autochtone, paysage, etc.).
Le prix de location, qui varie de 8 à 42 dollars par mois plus taxes, est déterminé par la valeur de l’œuvre, laquelle dépend de la taille du tableau, de la notoriété de l’artiste et de la technique utilisée. En repérant la lettre (de A à G) inscrite sur l’emballage, vous savez à quoi vous attendre : les toiles de moins de 500 dollars (A) peuvent être louées pour 8 dollars par mois, celles qui valent de 3 000 à 4 999 dollars (F) — comme deux des Riopelle —, 36 dollars, et celles de plus de 5 000 dollars (G) — comme des Marcel Barbeau et des Serge Lemoyne —, 42 dollars. « Les gens pensent souvent que le fait d’avoir de l’art chez soi, c’est inaccessible. Mais ce n’est pas vrai », affirme la directrice générale de L’Artothèque, Sandra El Ouerguemi.
Lorsque vous louez l’une une œuvre prêtée par un artiste, celui-ci reçoit une redevance variant entre 20 % et 40 % du prix de location.


Il est possible de louer simultanément jusqu’à six œuvres pour une période minimale de 3 mois et maximale de 12 mois. Vous pouvez partir vous-même avec les œuvres choisies ou faire appel à une entreprise de transport d’œuvres d’art à vos frais. Pour ce qui est de l’installation, vous pouvez vous en charger personnellement en suivant les conseils de la maison ou demander les services d’un technicien en muséologie de L’Artothèque (le coût varie selon l’accrochage à effectuer).
L’assurance de L’Artothèque vous couvre en cas d’incendie, d’inondation ou de vol. Mais si vous brisez la toile ou que votre enfant l’utilise pour mettre à l’essai ses nouveaux crayons-feutres, ce sera à vous (ou à votre assureur) de payer pour la restauration. Il est donc important d’aviser son agent d’assurance que l’on a maintenant une œuvre d’art chez soi — et de s’assurer que ce type de dommages est couvert.
Vous pouvez par ailleurs acheter une toile consignée dont vous ne voulez plus vous départir. Si vous l’avez gardée pendant un an, vous bénéficierez d’une déduction correspondant à six mois de location.
Vous pourriez bien sûr décorer vos espaces à moindre coût en encadrant des photos de voyage ou en achetant des reproductions dans un magasin d’ameublement suédois… Sauf que rien ne remplace le sentiment de poser les yeux sur une œuvre originale, plaide Sandra El Ouerguemi. « Il y a quelque chose d’unique dans le fait de choisir une œuvre produite par un artiste et de l’accrocher chez soi. L’œuvre n’est pas dans une galerie, elle n’est pas dans un musée, elle est chez soi. »
Autres villes, autres trésors
D’autres artothèques, plus petites, se trouvent ici et là au Québec. Celle de la Ville de Pointe-Claire, dans l’ouest de l’île de Montréal, a une collection d’une centaine de toiles, qu’elle renouvelle chaque année à la suite d’un appel de soumissions.
Vous n’avez pas besoin d’être résidant de Pointe-Claire pour louer une œuvre. Il suffit de vous présenter au Centre culturel Stewart Hall et de fournir une pièce d’identité. L’inscription est gratuite et la location coûte de 6 à 30 dollars par mois, selon la valeur de l’œuvre. Vous pouvez la garder pendant un maximum de quatre mois et l’acheter ensuite, si le cœur vous en dit. Les toiles non vendues à la fin de chaque année sont retournées aux artistes. Mais attention : c’est votre assurance et non celle de l’Artothèque qui devra couvrir les frais en cas de feu, de vol, d’inondation ou de bris.
« Depuis les débuts de l’Artothèque de Pointe-Claire, en 1967, l’idée a toujours été d’offrir l’art à un prix abordable pour tout le monde », explique sa responsable, Amanda Johnston.
Depuis 2020, cette artothèque a un volet jeunesse : environ 40 œuvres créées par des enfants de 12 ans et moins qui habitent Pointe-Claire sont offertes en location (cinq dollars par mois) ou mises en vente chaque année, et toutes les sommes ramassées sont versées à un organisme local de soutien aux jeunes.
Du côté de la Vieille Capitale
À Québec, l’Imageothèque de l’Université Laval, située dans le pavillon Alphonse-Desjardins, propose un catalogue composé principalement d’œuvres d’artistes reconnus, réalisées au moment où ils étaient étudiants au sein de l’établissement. Là encore, pas besoin d’étudier ou de travailler à l’Université Laval pour en profiter : après avoir obtenu gratuitement une carte d’usager, vous pourrez emprunter un maximum de 5 œuvres à la fois parmi les quelque 400 offertes, et ce, pour une période de quatre mois (renouvelable deux fois au maximum).
Les étudiants de l’Université Laval paient 13 dollars par œuvre pour chaque période de quatre mois et le public, 23 dollars, taxes incluses. Ici aussi, c’est à vous d’assumer tous les frais si vous endommagez l’œuvre louée. Par contre, il n’est pas possible d’acheter votre toile chouchoute après l’avoir empruntée.
Sachez que la bibliothèque Gabrielle-Roy, dans le quartier Saint-Roch, a également une artothèque d’environ 1 200 œuvres accessibles aux abonnés (l’adhésion est gratuite pour les résidants de Québec, Wendake, Boischatel et Saint-Augustin-de-Desmaures, et elle coûte 124 dollars par an pour les non-résidants). Elle est cependant fermée temporairement en raison de travaux de rénovation et doit rouvrir à l’automne 2023. Vous pourrez à ce moment louer cinq œuvres à la fois, au coût de quatre dollars chacune pour une durée de trois mois (renouvelable deux fois). À un tel prix, ça vaut la peine d’être patient.
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