
Financièrement, tout se joue entre 15 et 30 ans: en raison des intérêts composés, un endettement élevé à cet âge ou un manque d’investissements génèrent des conséquences permanentes. Voici sept comportements à éviter pour ne pas s’«autopeluredebananiser» avec l’argent.
1. Se fier au voisin!
Un des plus grands sophismes en finance est de se dire : mon voisin a un revenu équivalant au mien, il se paie du luxe, donc je me paie ce luxe. Au Canada, ledit voisin a une dette de consommation moyenne de 21 312 $ (en excluant l’emprunt hypothécaire) et son taux d’endettement frôle les 164 % (en incluant le financement de la résidence). Comme modèle, on a vu mieux.
2. Négliger les «petites dépenses»
Que ce soit le café de la pause ou le repas de midi à la foire alimentaire, aucune dépense ne doit être prise à la légère. Chaque décision comporte une renonciation future. La pause-café à 3 $ représente 720 $ par année (3 $ x 240 jours de consommation), soit possiblement plus de 150 000 $ à 65 ans (en se basant sur un rendement annuel de 6 % sur une période de 45 ans).
3. Associer l’épargne à la privation
Lorsqu’on épargne, on ne se prive pas ; on décale dans le temps la satisfaction de consommer. Le bénéficiaire futur, c’est soi-même. Alors qu’en assouvissant sur-le-champ sa pulsion de consommer, on peut hypothéquer son avenir : une privation à long terme.
4. Mépriser l’argent
On entend souvent dire : moi, je ne suis pas à l’argent. Façon polie de dire qu’on ne maîtrise pas ses dépenses, qu’on néglige ses investissements et qu’on ne maximise pas sa stratégie. Peut-être que l’argent ne fait pas le bonheur, mais la pauvreté non plus ! L’argent n’achète pas le bonheur, mais il contribue à le favoriser.
5. Attendre d’«avoir les moyens» d’épargner
Épargner n’est pas une option dans la vie. Ce n’est pas comme les arachides sur une coupe glacée. On devra tous, un jour, arrêter de travailler et vivre de ses économies. Attendre d’avoir les moyens d’épargner revient à attendre de ne plus avoir de désirs. Si, à 35 ans, on n’a pas l’équivalent de deux ou trois années de salaire brut en investissements, on incarne probablement l’image du Québécois moyen ayant un taux d’épargne inférieur à 5 %.
6. Consommer à crédit
La règle de base de la santé financière veut que l’on réserve le crédit à l’investissement, car on peut obtenir un rendement grâce à l’argent emprunté. Si l’on doit s’endetter pour acheter un bien, mieux vaut alors se tourner vers le marché des biens usagés. La consommation de biens neufs est un luxe, pas un droit syndical acquis dans la convention collective de la vie contemporaine.
7. Négliger la nature de ses investissements
Un jeune travailleur qui met ses économies uniquement dans des placements garantis — rebaptisés à la blague « certificats de pauvreté garantie » (CPG) — fait fausse route. Un placement à 2 % de rendement rapporte en fait 0 % par année si l’inflation est aussi de 2 %. Après 25 ans, un placement de 50 000 $ vaudra 100 000 $ si le taux de rendement est de 2 % et 384 000 $ si celui-ci est de 6 %.
Pierre-Yves McSween est comptable professionnel agréé, professeur au cégep régional de Lanaudière et chroniqueur au 98,5 FM.