Entendre, mais à quel prix ?

Une prothèse auditive à 300 dollars, une autre à 4 000 : avec le vieillissement de la population, l’offre explose. Comment choisir ?

prothese-oreille
Une personne sur deux âgée de 60 à 80 ans entend mal, 9 sur 10 passé 80 ans. – Photo : Oscar Burril/Science Photo Library

Il y a quelques mois, Huguette Carretier et Robert Gauthier, deux retraités de Kamouraska, se sont offert l’équivalent d’un beau voyage en Europe. Et c’est dans leur salon qu’ils en profitent le plus : dissimulés derrière leurs oreilles, quatre appareils auditifs leur ont permis de baisser le son du téléviseur de moitié et de retrouver tout le plaisir des discussions entre amis. Facture : 2 200 dollars par oreille. « Ça change la vie, mais ce n’est pas donné », raconte Huguette.

Pourtant, en matière de prothèses auditives, un prix élevé n’est pas toujours synonyme de parfaite efficacité. Même avec des appareils à 4 000 dollars pièce, certains acheteurs sont déçus.

« Il n’y a pas de marques meilleures que d’autres, seulement des modèles qui répondent plus ou moins bien aux besoins », explique François Bergeron, professeur en réadaptation à l’Université Laval et spécialiste de la déficience auditive.

Acheter une prothèse auditive est nettement plus compliqué que de choisir une destination vacances. Pour éviter les déceptions, mieux vaut connaître les règles du jeu.

L’aventure impose de visiter trois professionnels. L’otorhinolaryngologiste (médecin spécialiste mieux connu sous le nom d’ORL) vérifie qu’il n’y a pas de maladie de l’oreille. Il délivre aussi le certificat qui permettra d’obtenir un remboursement d’un organisme public, comme la Régie de l’assurance maladie, la CSST ou le ministère des Anciens Combattants.

L’audiologiste, lui, mesure la perte auditive, notamment par un audiogramme, qui quantifie le seuil d’audition des différentes fréquences sonores et évalue les besoins en appareillage.

Pour consulter ces deux professionnels, l’attente varie de quelques jours dans des cliniques privées… à plus d’un an dans le réseau public !

Reste ensuite à rencontrer un audioprothésiste, qui ne travaille qu’au privé, pour acheter et faire régler les prothèses. Au Québec, seuls les audioprothésistes — diplômés du collégial — sont autorisés à vendre des prothèses auditives. Une dizaine de fabricants, la plupart européens, distribuent chacun des dizaines de modèles, auxquels on peut ajouter une multitude d’options. « Presque tous les appareils sont numériques et donnent un son bien meilleur que le bruit de casserole des anciens modèles », estime Michel Nadeau, président de l’Association des devenus sourds et des malentendants du Québec.

Certains modèles se logent directement dans le conduit auditif, d’autres couvrent en tout ou en partie le creux de l’oreille, d’autres encore se portent sur le contour de celle-ci. Chacun offre en outre un nombre variable de programmes de codage du son, pour écouter de la musique, amoindrir les bruits de fond, répondre au téléphone, couper le bruit du vent… Certains passent automatiquement d’un mode à l’autre, d’autres communiquent par liaison Bluetooth avec le téléviseur ou le téléphone, sont munis d’un micro directionnel, neutralisent l’effet Larsen (ce sifflement désagréable qui se produit quand un micro et un haut-parleur sont trop proches), et ainsi de suite !

Les prix vont de moins de 300 dollars à plus de 4 000 dollars pour des modèles de haute technicité. Sans compter le prix des piles, qui ne durent parfois que… quelques jours ! Les prix varient en outre d’un audioprothésiste à l’autre, chacun ayant ses marques préférées, qu’il a l’habitude de régler, et ses tarifs négociés avec les fabricants.

« La seule façon de s’y retrouver, c’est de choisir un audioprothésiste de confiance. Il doit poser beaucoup de questions pour bien comprendre vos besoins, vous expliquer toutes les options, en commençant par les moins coûteuses, et vous permettre d’essayer sans frais, dit Michel Nadeau, de l’Association des devenus sourds et des malentendants du Québec. Regardez aussi le service après-vente et les garanties. Car, oui, ces petits bijoux tombent parfois en panne, surtout quand ils sont ultraperfectionnés ! » Il s’estime pour sa part très satisfait d’un modèle remboursé par la RAMQ, parmi les moins chers.

« Une bonne évaluation des besoins peut prendre jusqu’à une heure et demie ; c’est la partie la plus importante du processus », croit Mathieu Hotton, audiologiste à l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec. Le choix de l’appareil doit tenir compte du type de surdité, mais aussi du mode de vie. Une personne retraitée qui vit seule et sort peu n’a pas les mêmes besoins qu’une autre qui passe sa vie en réunion. Et les technophobes ont intérêt à se méfier des gadgets !

Pour certaines personnes, la marge entre l’inaudible et l’insupportablement fort est parfois drôlement mince, et il faut alors plusieurs séances de réglages pour trouver le bon compromis.

Il faut aussi être conscient, dit François Bergeron, qu’une prothèse ne répare rien : « Elle ne fait qu’amplifier le son reçu par un organe endommagé. Ne vous attendez donc pas à retrouver votre audition d’antan. »

prothese-auditive-2
Photo : Chassenet/BSIP/Science Photo Library

Sourd, mais coquet

Environ 10 % de la population souffre d’une surdité plus ou moins grave, due à une surexposition au bruit, à diverses maladies, à l’hérédité et surtout au vieillissement. Près d’une personne sur deux âgée de 60 à 80 ans entend mal, 9 sur 10 passé 80 ans. Mais seul un malentendant sur quatre porte un appareil.

« Même si les prothèses sont de plus en plus discrètes et efficaces, bien des gens ont encore peur d’avoir l’air sénile ou idiot en les portant, dit Michel Nadeau, président de l’Association des devenus sourds et des malentendants du Québec. En moyenne, on met 10 ans avant de se décider à consulter. »

Laisser un commentaire

Les commentaires sont modérés par l’équipe de L’actualité et approuvés seulement s’ils respectent les règles de la nétiquette en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre commentaire.

J’ai porté de BONS appareils haut de gamme de 2005 à 2010. En 2010, étant revenue au Québec une audiologiste a considéré que mon oreille gauche ne valait plus la peine d’être « outillée » et m’a prescrit un appareil suggéré par la RAMQ. J’étais rendue si inconfortable que je ne voulais plus sortir et évitais toute réunion de famille ou de groupe.
Fin 2014, j’ai trouvé un BON audiologiste qui m’a outillée les deux oreille et même la plus faible. J’ai recommencé à « vivre ». D’où l’importance d’un BON AUDIOLOGISTE PROFESSIONNEL qui s’y connaît et qui réponde à VOS besoins.

Cela en vaut vraiment la dépense. Je porte des prothèses auditives de qualité depuis plus de 6 ans et vivre sans elles ne serait plus acceptable. J’ai 65 ans maintenant.

Il faut aussi penser à son entourage, les gens étaient fatigués de répéter dans mon cas. La RAMQ paie certains modèles d’appareils mais si on en désire un plus haut de gamme il faut payer au complet pas seulement la différence de prix.

je porte 2 appareils de marque Phonak depuis 3 ans, petit et léger avec un petit fil et un bouchon qui pénètre dans l’orifice de l’oreille,fonctionne avec piles et s’ajuste manuellement et/ ou automatiquement, je suis satisfait à 95%. ATTENTION; vent et risque de les perdre. pour les piles vous avez la possibilité des trouver aux magasins d’aubaines choisir le même numéro .

Il y a un élément important qui n’est pas dit ci-haut, lorsque tu es à la maison, retraitée etc, le gouvernement ne rembourse qu’un ou je pense qu’une partie d’un appareil et ton autre oreille elle s’en passe. Quand tu n’as qu’à peine le minimum pour vivre et que tu sais que ta surdité va continuer à diminuer encore à cause e la maladie de Ménière bilatérale, tu fais quoi? Tout les spécialistes recommandent d’avoir un appareil dans les 2 oreilles car c’est mieux pour le cerveau aussi… Le gouvernement lui dit, tu es chez vous, tu sèche donc mon épouse fais quoi? Nous devons nous débrouiller mais à quel prix?

La dépense en vaut la peine, j’en porte depuis deux ans et c’est devenu plus vivable avec les autres. Le hic ce sont les autres qui ne comprennent pas toujours notre situation. Les appareils sont très chers, les appareils m’ont coûté 5,300,00, les batteries sont chers à 6.00 $ pour 6, moi je commande sur Internet et je paie 3,58 le paquet de 6,elles durent environ 4 jours ça vaut la peine. J’ai un bon service chez Forget .
Lisette Dupuis

J’AI UN APAREIL FOURNI PAR LA RAMQ. APARAMMENT CA MA DEVRAIT SUFFIR SELON MON PROTHESIST, MAIS L’ORS DE REUNION OU AU RESTAURANT JE N’ENTEND QUE DES BOURDONNEMENTS. JE CHERCHE UN MEILLEUR PROTHESIST QUI PRENDRAIT PLUS DE TEMPS QUE 5 MINUTES POUR UN AJUSTEMENT.
J’HABITE A ST LAZARE / HUDSON
MERCI