1. Savoir ce que sont les ESG
Vert, éthique, durable : les qualificatifs employés pour vendre des placements aux clients soucieux de leur incidence sur la planète sont nombreux… et sans réelle valeur, puisque leur usage n’est pas encadré. Même chose pour le terme « ESG », utilisé dans l’industrie pour désigner les investissements qui tiennent compte des facteurs environnementaux, sociaux (tel le respect des droits de la personne) et de gouvernance (telle l’indépendance du conseil d’administration). Pour connaître la vraie nature d’un produit vert, mieux vaut lire la politique d’investissement responsable dans le prospectus de l’émetteur du produit financier… ou dénicher un conseiller pour le faire à sa place.
2. Trouver le bon guide
À peu près tous les conseillers financiers sont en mesure de vous vendre un placement ESG. Mais devant l’offre de produits qui explose, il faut un expert prêt à prendre le temps de séparer le bon grain de l’ivraie afin de bien accompagner son client. « C’est presque une cause ! » dit Lyne Larochelle, conseillère en sécurité financière de Larochelle-Conseils, une boîte qui se consacre depuis sept ans à l’investissement responsable. Pour trouver un spécialiste, vous pouvez consulter le répertoire de l’Association pour l’investissement responsable — il y en a pour l’instant 32 au Québec. Une autre option consiste à demander au conseiller où sont placés ses propres actifs. « C’est un bon indicateur de ses champs d’intérêt et convictions. »
3. Avoir l’heure (et le rendement) juste
Un investisseur qui met ses billes dans un portefeuille ESG sacrifie-t-il du rendement ? Aucunement ! Selon une analyse publiée par le Fonds monétaire international en octobre dernier, les placements responsables ne sont pas moins performants que les placements traditionnels. Mais contrairement à ce qu’affirment les plus convaincus, ils ne font pas mieux non plus. Pour ce qui est des frais de gestion, ils sont sensiblement les mêmes, que le produit soit ESG ou non.
4. Connaître sa nuance de vert
Obligations, placements garantis, actions, fonds communs, fonds négociés en Bourse : à peu près tous les produits financiers existants sont offerts dans une déclinaison ESG. Un conseiller peut donc vous monter un portefeuille responsable, quel que soit votre profil de risque. Un investisseur prudent misera sur les obligations vertes, telles celles émises pour financer la construction du REM au Québec, tandis qu’un investisseur audacieux optera pour des entreprises cotées en Bourse ayant un bon score ESG.
5. Être clair au sujet du pétrole
De petits investisseurs s’étonnent parfois de découvrir des compagnies pétrolières dans leurs placements « verts ». Sachez qu’il s’agit d’une pratique courante dans l’industrie, l’idée étant d’inclure les producteurs d’hydrocarbures qui s’engagent de façon sérieuse dans la transition, par exemple en investissant dans la captation du carbone dans l’air. « C’est légitime, à condition que le gestionnaire de fonds fasse un suivi rigoureux avec l’entreprise et qu’il la désinvestisse si les efforts ne sont pas suffisants », estime Brigitte Lamontagne, planificatrice financière à la Caisse d’économie solidaire Desjardins, une coopérative spécialisée depuis 1971 en économie sociale et responsable. Si vous tenez à exclure les énergies fossiles de votre épargne, insistez auprès de votre conseiller, qui pourra vous suggérer des placements appropriés.
6. Ne pas oublier le point G (et S)
Devant l’urgence climatique, certaines personnes ont le réflexe de vouloir concentrer leur argent sur le « E » (environnement) de ESG, selon Brigitte Lamontagne. « Mais les aspects sociaux et de gouvernance sont aussi importants ! » D’un point de vue éthique, bien entendu, mais également d’un point de vue financier. Une entreprise qui a recours aux meilleures pratiques environnementales sans se soucier du reste pourrait très bien s’embourber dans un scandale de corruption et faire perdre une fortune aux investisseurs. « On veut contribuer à changer les choses, mais on est aussi là pour le rendement. »
7. Persévérer même si on est paresseux
Vous manquez de temps pour concilier environnement et placements ? Divers robots-conseillers, des algorithmes qui placent automatiquement votre épargne selon votre profil de risque, offrent désormais une option ESG. C’est le cas de Questwealth Portofolios, ModernAdvisor et Wealthsimple — le dernier ayant l’avantage de fournir ses services en français. Avec eux, passer au vert est littéralement aussi simple que de cocher une case. Vous n’avez toutefois pas de latitude quant au choix des placements, notamment en ce qui a trait à la présence de pétrole dans votre portefeuille.
8. Choisir un indice responsable
Les adeptes de l’investissement indiciel, qui misent sur la performance des marchés au grand complet plutôt que sur une poignée de titres boursiers, peuvent aussi verdir leurs placements. Le blogue canadien The Sustainable Economist est une bonne ressource pour s’y retrouver dans l’offre sans cesse grandissante de fonds négociés en Bourse appliquant un filtre ESG.
9. Faire le grand saut
Prêt à mettre vos placements au service de la transition écologique ? Si vos actifs se trouvent uniquement dans des comptes enregistrés — REER, CELI, REEE, etc. —, la modification peut généralement « se faire demain matin », dit Lyne Larochelle. Mais si vous avez des placements dans des comptes non enregistrés, où la vente d’actifs déclenche des pertes ou des gains en capital, il faut planifier le changement avec un expert pour limiter les conséquences fiscales.
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Cet article a été publié dans le numéro de février 2020 de L’actualité.